Présentation de l’auteur :
« Je suis passionné de lecture depuis que je sais lire » confie Cédric Cham qui a grandi à Sorbiers, près
de Saint Etienne dans la Loire. Après ses années au lycée Fauriel à Saint Etienne, il fait des études de droit. Maîtrise en poche, il réussit le concours de l’Ecole Nationale de l’Administration pénitentiaire à Agen.
Depuis novembre 2008, il est conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation au sein du Service Pénitentiaire de la Loire.
Passionné de littérature noire mais aussi de cinéma policier, de western, il a découvert le cinéma
coréen de Park Chanwook et de Kim Jee-Woon.
Bibliographie :
Tout d’abord, merci Cédric d’avoir accepté mon invitation.
Merci Sonia pour l’invitation.
Avec « la Promesse », on entre dans le vif d’une action terrifiante et sortie des sentiers battus dès les premières pages. Comment t’es venue l’idée de traiter un tel sujet ?
Le choix du thème s’est fait assez naturellement. Sans réelle préméditation.
Étant un grand amateur du 7ème Art, je voulais un récit qui soit en quelque sorte à la croisée de la littérature noire et du cinéma.
La vengeance était donc un thème parfait pour cela, me permettant au passage de rendre une sorte d’hommage à tout un tas de pellicules qui m’ont marqué : Charles Bronson, la trilogie coréenne de Park Chan Wook (dont Old Boy), The Crow, Il était une fois dans l’Ouest, Death Sentence, The Horseman…
Et puis, je voulais travailler sur un thème universel, afin de renforcer la connexion avec le personnage principal. Sans forcément aller jusqu’à des envies de meurtres ou un passage à l’acte, l’idée de vengeance peut toucher tout le monde. Qui n’a jamais rêver de se venger d’un voisin ou d’un collègue ?
Après, tout le challenge était de traiter un sujet déjà beaucoup usité, tout en apportant une touche d’originalité et sans tomber dans le piège des « blockbuster américains » où souvent l’action prend le pas sur la psychologie et l’émotion.
Comment as-tu construis le personnages de Samuel ? T’es-tu inspiré de tes connaissances ?
Contrairement à « Du barbelé sur le cœur », je ne me suis pas inspiré de « connaissances » pour construire ce personnage.
Samuel est né d’une discussion puis d’un questionnement sur « comment réagirai-je si on s’en prenait à ma fille ? ».
Est-ce que le chagrin me clouerait au sol ? Est-ce que, en tant que fonctionnaire « justice », je garderai confiance dans les institutions ? Ou au contraire, est-ce que la douleur pourrait me pousser dans une sorte de « folie »/de perte de contrôle ?
Ainsi, j’ai plongé au fond de moi pour en extirper le personnage de Samuel. Comme tout le monde, j’ai connu des périodes de deuil, de perte d’êtres chers, de rupture… Tous ces émotions tapies ont nourri Samuel. Le reste est un travail d’extrapolation et d’écriture…
« La promesse » a trouvé son public, quel effet ça fait d’être publié et reconnu ?
C’est comme vivre un rêve éveillé… Un maelström de sentiments…
Le fait de trouver un éditeur a déjà été une immense joie. Le moment où tu te dis qu’il y a au moins une personne qui aime ce que tu fais !
Puis, viens le contact avec les lecteurs. Là, le bonheur est multiplié de façon exponentiel.
Quel plaisir pour un auteur de partager son univers… Quelle magie de pouvoir, à travers des mots, toucher une personne qui t’est totalement inconnue….
Bref, du bonheur à l’état pur qui engendre une seule envie : écrire… encore et toujours.
Et « cerise sur le gâteau » : le Prix Spécial Dora-Suarez 2017 pour « Du barbelé sur le cœur ».
Avec « du barbelé sur le cœur », tu nous brosses un portait réaliste de notre société. T’es tu servi de ton expérience professionnelle ? Comment ?
Après « La promesse », qui est davantage un thriller, j’avais envie de partir sur un roman noir et effectivement de me servir de mon quotidien professionnel comme base.
Pour les personnages de Dris et de Serge, je me suis en effet inspiré des personnes qui défilent tous les jours dans mon bureau. Je voulais montrer que derrière chaque personne (« délinquante » ou non), il y a aussi un être humain. Chaque personne a son propre parcours, ses forces et ses failles.
Cela permet de mieux comprendre l’origine et les mécanismes des passages à l’acte.
Pour le fond du récit, même s’il ne s’agit pas d’une histoire vraie, tout est profondément ancré dans la réalité. L’objectif était de dévoiler ce qui se passe après la détention. Dans les médias, on parle exclusivement de la prison. Pourtant, une grande partie du travail se fait en milieu ouvert. Je voulais donc faire découvrir ce versant de la pénitentiaire, et la difficulté de se sortir d’un parcours de délinquance.
Question qui divise pas mal d’auteurs : es-tu un adepte des plans ?
Je suis surtout adepte du « feeling ». Je m’explique : ma méthode de travail varie d’un manuscrit à l’autre, mais également au cours d’un même récit.
Pour « La Promesse », j’ai débuté sans plan, juste avec l’idée du personnage de Samuel. Puis, sans prévenir, Smith est apparu, idem pour Aleksey. Arrivé à la moitié du récit, j’ai eu besoin de poser une structure pour me débloquer dans l’intrigue.
Pour « Du barbelé sur le cœur », je suis parti de « fiches personnage » (un feuillet A4 avec des
indications sur les caractéristiques des personnages ou des idées de dialogue ). Le reste s’est fait au fil de la plume, sans plan à aucun moment.
En revanche, pour chaque récit, je connais la fin dès le début.
Pour moi, l’écriture consiste donc à donner vie à des personnages et à retranscrire leurs actions/leurs pensées sur le chemin qui les conduit à l’épilogue.
En moyenne, combien de temps te faut-il entre l’idée d’un nouveau roman et la publication ?
Je pense qu’il faut environ une année pour accoucher d’un texte (comprenant l’écriture et les nombreuses corrections).
Après pour la publication, cela dépend aussi et surtout du planning de l’éditeur.
J’en profite au passage pour saluer la bienveillance et la prise de risque de David Lecomte, mon éditeur. Non seulement, il a accepté de sortir deux romans « cham » la même année. Mais, surtout, il a validé la sortie « Du barbelé sur le cœur » avant même d’avoir un retour sur « La Promesse » aussi bien en terme d’accueil critique que de ventes.
Merci pour ta confiance pour David.
Fais-tu appel à des beta lecteurs ? Combien de fois relis-tu un livre avant de le proposer ?
Je fais lire le manuscrit au moins à une personne, pour avoir un regard extérieur. Ça permet de prendre du recul et de repérer certains défauts que tu ne vois pas car tu es trop imprégné de ton texte.
Pour la relecture, ça se compte en plusieurs dizaines de fois, avec pour objectif : corriger les fautes d’orthographes et évacuer les coquilles ; et surtout, pour se faire l’avocat du diable de son propre récit, histoire de traquer et éliminer les incohérences ou les erreurs de construction.
Entre chaque corrections, je laisse reposer le texte quelques semaines.
Comment passe-t-on d’une maîtrise de droit à écrivain ?
Avec un stylo, du papier et des idées !!!
Plus sérieusement, il y a une sorte de lien entre les deux. Je m’explique : à l’origine, je suis parti en fac de droit pour devenir Officier de Policier Judiciaire. J’ai du y renoncer, suite à un problème de vue.
Autrement dit, j’ai toujours été intéressé par l’univers « policier », que ce soit dans la réalité ou la fiction.
Cet attrait se retrouve dans maintenant dans mes écrits.
As-tu un nouveau projet d’écriture ? Peux-tu nous en parler ?
Courant 2ème semestre 2017, il y aura la parution d’une nouvelle (dans un recueil avec trois autres auteurs), en collaboration avec l’association lyonnaise Dora-Suarez-le-blog.
En parallèle, je suis en phase de correction de mon 3ème manuscrit. Ce roman se rapprochera de l’ambiance de « La Promesse », avec de nouveaux personnages : Vrinks, Amia et Alice… Une histoire de cavale mais pas seulement.
Je laisse également une partie de mon cerveau réfléchir sur l’intrigue du 4ème manuscrit. Les deux premiers chapitres sont déjà posés.
Parfois, je suis à la limite de la schizophrénie…
Sachant que j’ai dans l’idée non pas de travailler sur un personnage principal récurrent, mais plutôt sur un univers cohérent.
Ainsi, à partir du 3ème manuscrit, je fais des liens avec les précédents romans.
Où trouves-tu l’inspiration ?
Je suis un « consommateur compulsif » de littérature noire et de films/séries TV, donc fatalement, cela m’inspire.
Pour le reste, j’aime écrire des récits très réalistes. Donc forcément, je pioche aussi (un peu, beaucoup…) dans mon quotidien professionnel et dans ce que je peux observer de façon générale.
J’adore les polars qui non seulement divertissent mais apportent aussi un petit quelque chose de plus : une réflexion sur un sujet de société, une émotion particulière…
J’essaie de construire mes récits comme cela…
Ton auteur préféré ?
Question très difficile. Il y en a tellement que la liste ferait une demi-douzaine de pages.
Un premier nom me vient en tête : Serge Brussolo. Il est incroyable, un « touche à tout »… Un des rares auteurs à être devenu un « genre » à lui tout seul. Donc, forcément, j’ai un immense respect pour lui.
Un second nom : John Connolly. Déjà, en tant que personne, il est adorable et très sympathique. En tant qu’auteur, sur un postulat très classique (un ancien flic traumatisé par la mort de sa famille devient détective privé), il a su créer un univers d’une originalité et d’une poésie assez exceptionnelles.
Et sans oublier Jacques-Olivier Bosco, dont les conseils et les corrections m’ont été plus qu’utiles.
J’adore ces personnages (Le Cramé, Le Maudit, Lise…) et JOB a une vraie plume.
Si tu pouvais te réincarner en l’un de tes personnages ça serait dans lequel et pourquoi ?
D’entrée, et pour mes raisons évidentes, j’exclus Serge !!!
Pour les autres personnages, c’est assez difficile de répondre… Il faut dire que je ne les épargne pas vraiment…
S’il faut absolument en choisir un : Samuel.
Je me sens assez proche de lui et je suis sensible à son histoire avec Allison, ce lien indéfectible, y compris par-delà la mort.
Ta recette de cuisine pour écrire ?
Une bonne dose de : temps (l’ingrédient le plus difficile à trouver).
Une grosse pincée de : silence (l’ingrédient obligatoire).
Une quantité non négligeable de : musique de films (l’ingrédient qui booste l’imaginaire et
l’immersion dans l’écriture)
Les ustensiles de base : un cahier de notes, un stylo et un ordinateur portable.
Le mot de la fin est pour toi :
Avant : merci Sonia pour cette interview et pour le futur salon Les Boennales 2017. C’est toujours un immense plaisir d’échanger avec une vraie passionnée.
Le mot de la fin : Il ETAIT UNE FOIS…
Cédric CHAM sera présent en dédicace pour la seconde année consécutive au salon du livre de Boen (entre Roanne et St Etienne), les 13 et 14 mai 2017.
Très belle interview, où je découvre même des aspects de Cédric CHAM que je ne connaissais pas, et pourtant………
J’ai eu beaucoup de plaisir à vous lire, et si je n’avais pas déjà lu (voir relu) les deux ouvrages de Cédric, je m’y plongerais immédiatement.
Merci de votre participation à le faire connaître.
Cordialement.
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Merci beaucoup ! C’est mon but, donner aux lecteurs l’envie de découvrir des auteurs moins connu mais dont le talent n’a absolument rien à envier aux « pontes littéraires ».
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