Coucou tout le monde,
Alors, je ne sais pas vous, mais lorsque je dois classer une lecture, j’hésite toujours entre polar et thriller…La frontière entre les deux est ténue. Alors, y a t il une vraie différence entre les deux genres ou est ce juste pour le fun ?
Selon les définitions que l’on trouve dans le petit Larousse, le polar est un roman policier et le thriller est un roman policier à suspense qui procure des sensations fortes.
Or, vous êtes d’accord avec moi, un polar procure obligatoirement des émotions fortes (puisqu’il y a meurtre) et est à suspense (qui est l’assassin ?).
Un pas en avant, deux pas en arrière…
On va creuser un peu plus loin…
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Polar :
Une seule intrigue.
Les éléments que l’on retrouve dans les codes du polar : crime, délit, victime, coupable, mode opératoire, enquête.
Le personnage du flic est plus développé.
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Thriller :
Une ou plusieurs intrigues.
Les codes du thriller sont les suivants : suspense, page turner, cliffhanger, action.
La psychologie du criminel est mise en avant.
La distinction entre les deux s’apparente plus à une querelle de clocher, ou encore un simple débat esthétique. Ils sont complémentaires, certes, mais pas similaires.
Voyons un peu…
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Polar :
Dans un polar, l’énigme est un meurtre, ou une série de meurtres. C’est l’évènement qui perturbe l’ordre du monde. Cette atteinte n’est pas acceptable pour le lecteur, qui va attendre sa résolution, c’est-à-dire l’identification du ou des coupables. Pour cela, son protagoniste principal (policier, détective, journaliste ou simple quidam) applique une méthodologie immuable, une procédure inspirée de la démarche policière, basée sur une successions de rencontres et d’échanges verbaux et de collecte de données. Cette identification est participative : le lecteur essaye de désigner le coupable en même temps que l’enquêteur, voire avant celui-ci (le fameux : « ah, je le savais »), ce qui explique la popularité de ce type de roman, qu’on pourrait qualifier d’interactif.
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Thriller :
Dans un thriller, l’énigme est souvent multiple. Si meurtre il y a, celui-ci n’est qu’un sous-ensemble inaugural. L’ordre des choses a été bousculé mais sa perturbation inacceptable n’a pas encore été commise. Elle arrive par la suite et le lecteur ne peut concevoir qu’elle puisse se produire tant elle est terrifiante : ce sont les fondations mêmes des rapports de force qui sont menacées. Le monde du personnage est en péril face à l’énigme qui se concrétise alors dans une machination ourdie par un groupe d’ennemis, vite identifiés.
Il s’agit alors d’empêcher que leurs plans ne se réalisent, de contrer leur attaque, dont on découvre peu à peu l’ampleur et la dangerosité. C’est cette course contre la montre face aux plans de l’ennemi qui va caractériser la procédure narrative du thriller. Le protagoniste va devoir réagir en deux temps : survivre à la menace dans un premier instant, avant de la contrer pour sauver son monde.
La fonction du thriller est donc d’entretenir la peur de l’ennemi en jouant sur les dimensions imminentes et paranoïaques de sa dangerosité.
Le règne du polar décroit au profit du thriller.
Le déclin du polar s’explique surtout par le changement d’époque. L’après-guerre est une période de confort matériel marquée par l’affrontement de deux blocs idéologiques antagonistes, où les jeunes lecteurs ressentent le besoin qu’on leur explique quel camp choisir. Dans un contexte de société bourgeoise où la famille est encore une valeur de référence, la désignation de l’ennemi est primordial pour le confort intellectuel de tous. L’âge d’or du roman policier d’après-guerre, d’origine américaine, correspond à celui du maccarthysme, à un besoin des classes moyennes d’identifier les criminels et les dissidents pour qu’à chaque fin de roman on puisse restaurer l’ordre traditionnel.
La fin des années quatre-vingt marque le début du règne sans partage du thriller, forme régénérée du roman de suspense. L’instant historique de sa réapparition n’est pas anodin. Lorsque sortent en 1990 puis en 1991 deux adaptations cinématographiques à succès de thrillers américains ( « A la poursuite d’Octobre Rouge », d’après un roman de Tom Clancy de 1984, et le « Silence des Agneaux » d’après une œuvre de Thomas Harris écrite en 1988), les spectateurs ne savent pas qu’ils viennent d’assister à une passation de pouvoir narratif au sein de la fiction populaire. Une figure archétypale va s’imposer dans la majorité des fictions criminelles : celle du tueur en série.
N’importe quel thriller correctement écrit dépeint désormais bien mieux le monde qui nous entoure et ses principaux enjeux que les sempiternelles enquêtes policières ou journalistique dont les modèles narratifs sont dépassés.
Et dans l’avenir ?
Je ne pense pas que l’un puisse tuer l’autre, ce sont des genres proches et cousins. En revanche le thriller est plus à la mode car c’est celui du cinéma et quand on est auteur, on y pense forcément.
Je crois que nous nous dirigeons vers un éclectisme littéraire qui fera en sorte que les auteurs feront éclater les genres.
Et la diversité viendra aussi par l’ouverture vers d’autres littératures nationales. La Scandinavie a ouvert la voie, l’Afrique du Sud pointe à l’horizon, on commence à découvrir l’Asie, et nos PAL s’allongent !!
Voilà, j’espère avoir un peu éclairé votre lanterne ! Et vous, vous en pensez quoi ? Et vous êtes plus polar ou plus thriller ??
Tres bon article 😁
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Franchement, je me pose cette question depuis longtemps mais la frontière est tellement ténue que je dois (à mon avis) me tromper de case assez souvent. Mais merci pour la clarification !
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Oui la nuance est faible. Moi aussi je me trompais souvent de case, c’était un peu en fonction de mon humeur du moment, ce qui n’était pas satisfaisant !!
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La semaine dernière, j’ai fait la même recherche mais je ne suis pas allée aussi loin que toi.
Bonne semaine, FLaure
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Merci, bonne semaine à toi aussi !
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Super article ! Certaines œuvres sont souvent délicate à classer !
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Merci. Oui j y perds souvent mon latin !
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En même temps les œuvres mélangent de plus en plus les genres , ce qui la plupart du temps rendant les œuvres que plus riches . C’est juste + la galère à classer ^^
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Voilà c’est tout à fait ca.
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Pour moi il n’y a pas forcément un meurtre dans le thtiller. Une disparition suffit.^^
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Oui, c’est pas faux. Il est vrai que malgré tout, bien souvent la disparition se transforme en meurtre, ou avec des victimes collatérales.
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Très bon article. J’ai effectivement l’impression que les classements sont arbitraires tant la diversité est grande. Aucun genre n’est négligeable si l’auteur a du talent. Merci pour ce débat 😃
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