Informations :
Titre : piranhas
Auteur : Roberto Saviano
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 368 pages
Format et prix : broché 22 € / numérique 15.99 €
Date de publication : 4 octobre 2018
Genre : roman
Résumé :
Naples, quartier de Forcella. Nicolas Fiorillo vient de donner une leçon à un jeune homme qui a osé liker des photos de sa copine sur les réseaux sociaux. Pour humilier son ennemi, Nicolas n’est pas venu seul, il s’est entouré de sa bande, sa paranza : ils ont entre dix et dix-huit ans, ils se déplacent à scooter, ils sont armés et fascinés par la criminalité et la violence. Leurs modèles sont les super-héros et les parrains de la camorra. Leurs valeurs, l’argent et le pouvoir. Ils ne craignent ni la prison ni la mort, mais une vie ordinaire comme celle de leurs parents. Justes et injustes, bons et mauvais, peu importe. La seule distinction qui vaille est celle qui différencie les forts et les faibles. Pas question de se tromper de côté : il faut fréquenter les bons endroits, se lancer dans le trafic de drogue, occuper les places laissées vacantes par les anciens mafieux et conquérir la ville, quel qu’en soit le prix à payer.
Mon avis :
« Piranhas », fiction se passant à Naples, est le premier tome d’un diptyque. Fictif, vous avez dit ? Pas si sûr que cela. Car même s’il est précisé au début de la lecture que c’est de la fiction, on a vraiment l’impression de lire une étude de terrain.
Nous faisons la connaissance de Nicolas, 14 ans, qui va devenir le leader d’un baby gang, ces gangs mafieux d’adolescents avides de pouvoir et d’argent. Nicolas souhaite régner sur Naples et il va tout faire pour y arriver. Nous suivons son ascension, son « apprentissage ».
Les « parrains » de la mafia tels que nous les connaissons sont en passe de devenir has been, car cette nouvelle génération est bien plus efficace, elle veut tout, tout de suite. Ils vivent à 200 à l’heure et n’ont pas peur de mourir jeunes, bien au contraire ! Et ils utilisent les réseaux et internet, comme tous les ados. Sauf qu’ils regardent youtube pour apprendre à se servir d’armes à feu, non pas pour regarder la vidéo de leur star préférée. C’est glaçant !
Le pire dans tout ça, c’est que je me suis attachée à ces gamins. Ils ont choisis la mauvaise route, ont fait les mauvais choix. Mais ils restent des enfants. Sans avenir. Ils se détruisent petit à petit, ruinent leurs parents également. Ils sont tellement insouciants dans le fond, ils ont leurs propres valeurs et y croient dur comme fer.
L’écriture est d’une redoutable efficacité, sans aucun filtre, soucieuse de nous relater l’impensable. Je me suis prise à imaginer mes enfants dans ce milieu, avec un fusil dans les mains, à vendre de la drogue et à se jouer de la vie. Et j’ai imaginé Nicolas et ses copains vivant normalement, jouant au foot après l’école et postant des photos de leurs vacances sur facebook. La limite est ténue. La qualité du terreau sur lequel pousse nos enfants est primordial. Car cela peut déraper très très vite…
Ce livre m’a bouleversée. Il met le lecteur face à cette réalité de la vie que nous ignorions jusqu’alors. Je vais me laisser le temps de digérer tout cela avant de lire la suite. C’est impératif. Parce que c’est trop fort.
En bref :
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé ! J’étais curieuse de m’immerger dans ce milieu.
Auteur connu : J’ai rencontré Roberto Saviano aux Quais du Polar cette année et j’avais envie de découvrir son univers.
Émotions ressenties lors de la lecture : beaucoup d’effroi et de pitié pour ces enfants. Très peu d’espoir, ce qui était assez troublant. En fait, il n’y a plus rien à faire pour eux et c’est terrible.
Ce que j’ai moins aimé : il n’y a rien que j’ai moins apprécié dans cette lecture. Alors, oui, il faut savoir que le récit fait vraiment penser à un reportage, on est loin du roman imaginaire. Une fois que l’on est conscient de cela, qu’on l’accepte, c’est un régal.
Les plus : l’écriture et le courage (pour rester polie…) de Roberto qui dénonce tout haut ce que tout le monde chuchote, mettant en péril sa vie et celle de ses proches.
Une réflexion sur “« Piranhas » de Roberto SAVIANO”