Rencontre new yorkaise avec Mathieu TAZZO

Hello everybody ! Aujourd’hui, je vous propose un article un peu spécial, mettant en scène à la fois cette merveilleuse ville de New York et un auteur français expatrié là-bas : Mathieu Tazo.

 

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Lors de mon séjour à NY, j’ai tenté de décrypter la journée type du new-yorkais. Parce que le new-yorkais, c’est quand même un phénomène à part !

Le new-yorkais se lève tôt, très tôt même, pour pouvoir faire du sport avant d’aller travailler. NY pullule de joggeurs acharnés et colorés dès 6 heures du matin.

Petit-déjeuner : pris dehors, sur le chemin du travail. A grand coup de Starbucks taille XXL. Je comprends mieux pourquoi il y a un café tous les 3 mètres à Manhattan.

Côté travail, le new-yorkais est un gros bosseur : 8h, 10h ou même 12 heures par jour.

A midi, on le retrouve à l’heure du déjeuner en train de grignoter sandwiches, parts de pizza, salades et autres wraps dans les parcs et les squares du centre ville et du quartier financier.

Tout au long de la journée, le new-yorkais passe un temps considérable dans les transports : 4 à 5 millions d’usagers quotidiens transitent dans les métros, ferries et autres taxis.

sonia boulimique des livres

chronique

 

 

 

 

 

 

Le new-yorkais aime les chiens. Dès que l’on croise des toutous, cela signifie que nous sommes dans un quartier habité, et non un quartier de bureaux. Des dog sitters les promènent à longueur de journée, il y a des aires de détente dans les parcs à chaque coin de rue. New York est une ville très dog friendly🙂 .

 

blog littéraire

 

 

 

 

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Après le travail, le new-yorkais continue sa journée à l’extérieur : sport, de nouveau, shopping, quelques courses ou encore retrouver des amis au square, au  restaurant, dans les bars ou au fast food. Les meilleures adresses sont rapidement prises d’assaut et les files d’attentes s’allongent le long des trottoirs.

Il faut savoir que le new-yorkais mange dehors, achète sa nourriture dehors ou se fait livrer sa nourriture de l’extérieur et cuisine finalement assez peu.

On trouve à chaque coin de rue des « baraques à hot dogs ».

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En fin de soirée, le new-yorkais rentre chez lui pour s’endormir, bercé par les sirènes hurlantes des ambulances et des pompiers.

blog littéraire

 

love NY

 

Mathieu Tazo est un auteur français qui vit à NY depuis quelques années. Il a bien voulu répondre à quelques questions et je l’en remercie.

Mathieu, comment passe-t-on de Toulon à NY ? Racontez-nous votre parcours.

J’ai grandi à Toulon, une enfance passée au soleil, à jouer au football. Puis je suis parti à Paris pour mes études en école de commerce et j’y suis resté lorsque j’ai commencé ma carrière professionnelle dans le conseil en organisation. Après une dizaine d’années à Paris, ma femme a eu une opportunité pour travailler à New York dans la cosmétique et nous sommes partis ! C’était il y a dix ans et entre-temps, nos deux filles sont nées, j’ai publié trois romans et nous avons vécu trois ans à Londres avant de revenir à New York.

Votre journée new yorkaise se rapproche-t-elle de la « journée type » décrite plus haut ?

Ma journée normale (d’avant confinement) est un mélange de celle qui est décrite (dans le rythme de travail notamment) et d’une vie plus casanière. Avoir deux jeunes enfants augmente significativement le temps passé à la maison ! Mais je profite quand même bien de New York et de tout ce qu’elle offre. Il y en a pour tous les goûts, il est aisé de trouver son bonheur en termes d’activités et de sorties.

Et l’écriture dans tout cela ? Comment êtes-vous devenu écrivain ?

Au milieu des années 2000, j’ai participé à un atelier d’écriture à Paris car je voulais voir si cela me plaisait vraiment d’écrire et si j’en étais capable. Puis je me suis lancé dans l’écriture de mon premier roman qui n’a pas trouvé d’éditeur (il s’agissait de la première version d’ »Un caillou dans la chaussure »). J’ai écrit un deuxième roman, « La dynamique des fluides », qui a été publié par les Éditions Daphnis et Chloé en 2014. J’ai réécrit entièrement « Un caillou dans la chaussure » et ils l’ont publié en 2015. Puis j’ai mis quatre ans à écrire « Au nom des pères » car il y avait une grosse somme de travail de recherches et je voulais être très précis et juste sur le contexte et les événements historiques.

Comment devient-on écrivain donc ? En écrivant, mot par mot, une histoire après l’autre ! En lisant aussi. Je lis beaucoup plus depuis que j’écris. Écrire est un processus lent, fastidieux, solitaire où on cherche à contrôler l’incontrôlable, mais le plaisir de voir son livre édité et lu efface le souvenir du labeur. A la fin de chaque roman, je me dis que c’est le dernier et, évidemment, deux semaines après je me remets à travailler sur le suivant (et c’est tant mieux, note de la blogueuse😀).

Enfin, on ne peut être écrivain que grâce aux lecteurs ! Ainsi que l’écrivit Maurice Barrès : “tout livre a pour collaborateur son lecteur”. C’est exactement cela !

Dans « Un caillou dans la chaussure » (cliquez sur le titre pour accéder à ma chronique), vous parlez de culpabilité, de manipulation, de responsabilité, pourquoi ce choix ?

Il s’agit du thème de la responsabilité : que dois-je faire si j’ai l’occasion de faire le bien à mes dépends ? Comment puis-je m’arranger avec cette culpabilité qui me rappelle sans cesse que j’ai mal agi mais qui se heurte au réflexe d’auto-protection de mes propres intérêts? Il s’agit d’un choix moral. Je trouvais intéressant de le mettre en scène avec cet homme qui porte depuis vingt-cinq ans le poids d’un meurtre qu’il aurait aimé ne pas commettre, qui ne l’a jamais avoué et qui se voit offrir l’occasion d’extraire ce satané caillou de sa chaussure. Sauf que, parfois, le caillou est devenu une part de soi et on en arrive à se demander si ce n’est pas en l’enlevant qu’on se mettra à boiter.

Quels sont vos processus d’écriture, de l’idée à sa finalisation ? Combien de temps cela vous prend-il en général ?

Écrire un roman me prend entre deux et quatre ans en fonction de l’étendue des recherches à réaliser et du temps que je peux y consacrer en dehors de mon travail et du temps en famille.

Au démarrage, il y a la collision d’au moins deux idées qui flottent dans ma tête. Pourquoi parviennent-elles à se connecter ? Je n’ai jamais su ! Mais il y a un point de départ qui permet de poser les bases d’une histoire. J’alterne des périodes d’écriture avec des périodes de travail sur l’histoire, les personnages, les recherches plus spécifiques, etc… je sais dès le début quelle sera la trame du roman mais je me laisse beaucoup de liberté pour l’ajuster en cours de route, la développer dans une direction que je n’avais pas imaginée initialement et approfondir certains thèmes qui se révèlent d’eux-mêmes.

Une fois le roman fini, démarre une deuxième phase toute aussi importante : la relecture active. Je réécris, je coupe, j’ajoute, je développe, je me pose mille questions. Le plus dur finalement est de réussir à déterminer quand le roman est terminé.

Avez-vous un prochain projet d’écriture ? Vivre dans la ville qui ne dort jamais est-ce propice à trouver l’inspiration ?

Oui, New York m’inspire. Je travaille justement depuis plusieurs mois sur un roman qui se passe à NYC. Le point de départ ? Une situation cocasse qui m’est arrivée.

Un jour, je loue une voiture pour partir quelques jours dans le nord de New York. Je me gare devant chez moi pour récupérer ma famille quand la porte arrière de la voiture s’ouvre, une jeune femme entre et s’assoit. Elle me regarde, je la regarde. Elle me dit : “Uber ?” Je réponds “non”. Et elle sort.

Pendant tout le trajet ensuite, je me suis demandé ce qu’il se serait passé si j’avais dit oui : où aller ? Comment faire semblant ? A quel moment s’apercevrait-elle de la supercherie et comment réagirait-elle ? Et pour quelle raison aurais-je dit oui ? Comme je n’en avais aucune idée, j’ai décidé d’en faire un roman !

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✨

Quelques questions plus légères pour mieux vous connaître :

Un auteur (mort ou vivant) que vous souhaiteriez rencontrer ?

J’aurais aimé rencontrer Sébastien Japrisot, l’auteur d’ »Un long dimanche de fiançailles » et de l’ »Été meurtrier ». Il était un maître du scénario qui construisait ses romans comme des puzzles et dont l’écriture m’émerveille à chaque fois que je le lis. J’ai beaucoup étudié ses romans pour améliorer ma propre écriture. Et quand parfois j’ai une panne d’inspiration ou une fatigue, je relis un de ses livres et ça repart !

Le livre que vous offririez à un parfait inconnu ?

« Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », publié en 1960 par la romancière américaine Harper Lee. Un roman fort sur l’Amérique des années 30, en Alabama, état sudiste ségrégationniste. Un avocat droit et intègre est commis d’office pour défendre un Noir accusé – à tort – du viol d’une femme blanche. Il y est question de justice bien sûr, mais aussi d’humanité, de tolérance, d’égalité… Un chef d’œuvre que j’ai eu la chance de voir au théâtre sur Broadway juste avant le début du confinement, avec un Ed Harris grandiose dans le rôle de l’avocat.

Votre dernier coup de cœur littéraire ?

J’en ai eu plusieurs récemment, je suis dans une période faste dans le choix de mes lecture ! J’ai en effet eu de très bons romans entre les mains ces derniers mois : « L’Art de perdre », d’Alice Zeniter ; « Complot contre l’Amérique », de Philip Roth ; « La femme révélée », de Gaëlle Nohant ; « Americanah », de Chimamanda Ngozi Adichie. Je les recommande tous!

Si vous deviez vous réincarner dans l’un de vos personnages, ça serait lequel et pourquoi ?

Ce serait en Gabriel, le pianiste d’ »Au nom des pères » (on appelait pianistes ceux qui diffusaient des messages en morse sur des radios clandestines pendant la 2ème guerre mondiale). Le roman se déroule en novembre 1942 à Marseille, au moment où les Allemands envahissent la zone libre ; Gabriel est un résistant qui prend beaucoup de risques pour réussir dans sa mission. Plus j’avançais dans la rédaction de l’histoire et plus j’admirais Gabriel !

Votre recette de cuisine pour écrire :

Tout d’abord, inventer soi-même la recette que l’on veut cuisiner.

Ensuite, émonder un caractère principal, écosser des personnages secondaires, dégorger un thème, faire macérer un scénario, malaxer les dialogues, égrainer les descriptions. Faire mijoter à feu très doux, en remuant souvent. Laisser réduire puis reposer. Rectifier l’assaisonnement si nécessaire. Servir chaud.

Le mot de la fin est pour vous :

J’aimerais simplement souhaiter bon courage à tous dans cette période aussi compliquée qu’incroyable. J’ai trouvé beaucoup de réconfort dans la lecture de très bons romans et j’espère que chacun a pu également trouver une forme d’évasion dans cette période de confinement.

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Je remercie Mathieu pour sa disponibilité, j’espère que cet article vous aura plu. A très bientôt pour de nouvelles aventures littéraires !

 

 

 

 

 

2 réflexions sur “Rencontre new yorkaise avec Mathieu TAZZO

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