Informations :
Titre : l’enfant des camps
Auteur : Francine Christophe, avec Pierre Marlière
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 120 pages
Format et prix : broché 12.90 € / numérique 8.99 €
Date de publication : 20 janvier 2021
Genre : témoignage
Résumé :
Arrêtée en Juillet 1942 avec sa mère sur la ligne de démarcation, Francine Christophe est encore une enfant. Elle a presque neuf ans, l’âge des jours heureux quand elle est rattrapée par la folie nazie. Interrogée par la Gestapo, enfermée de prison en prison, ballotée de camp en camp, en France d’abord, elle est déportée en mai 1944 au camp de concentration de Bergen-Belsen. A son retour, quand elle essaye d’expliquer à ses camarades de classe ce que la guerre lui a fait, celles-ci la regardent, gentiment, mais tournent l’index sur la tempe, l’air de dire : elle est folle. La jeune Francine ne parle plus du cauchemar qui a duré trois ans.
Aujourd’hui, les mots refont surface. Francine Christophe raconte ce qu’elle vu et connu. Les coups, le froid, la faim. Les familles qu’on sépare. Les enfants qu’on entasse dans des wagons à bestiaux. La maladie et la mort. Les travées boueuses où les cadavres pourrissent. La cruauté. Mais aussi l’amour, celui d’une mère et de sa fille, indéfectible, qui résiste à la guerre. Et des miracles, comme ce bébé qui voit le jour dans l’enfer de Bergen-Belsen et survit grâce à l’entraide et la fraternité des femmes.
Pour que tous nous sachions et n’oublions pas ce que fut la Shoah.
Mon avis :
Un récit court en terme de pages, mais oh combien riche et déstabilisant. Pourtant, j’en ai lu des ouvrages sur le thème de la déportation et de la Shoah. Déjà adolescente, je me nourrissais de ces témoignages, j’ai d’ailleurs un souvenir encore très présent de ma lecture de « Treblinka, la révolte d’un camp d’extermination » de Jean-François Steiner.
Francine, notre narratrice, est emprisonnée, puis déportée à l’âge de 8 ans et demi. Sa vie s’arrête en 1942, où elle est arrêtée avec sa mère non loin de la ligne de démarcation, et retenue à la prison d’Angoulême. Commencera alors un long périple, elle va survivre de camps en camps, tout d’abord en France, notamment Drancy, puis en Allemagne, pour finalement être déportée à Bergen-Belsen. Deux ans d’errance avant l’abomination, qui lui auront permis, confie-t-elle de « s’habituer au mal ». Mais peut-on jamais s’y habituer ?
La peur, le froid, la faim, la mort seront ses compagnes quotidiennes. Dans des conditions sanitaires déplorables, Francine va passer ces années d’enfance à jouer avec les autres enfants retenus comme elle sous le seul prétexte d’être juif. Les enfants, ces victimes silencieuses de la guerre, dont on parle peu, jetés du jour au lendemain dans l’horreur de la guerre, voyant s’écrouler leur monde, signant la fin de leur innocence. C’est juste épouvantable. Il n’y a pas de mots pour définir cette période. Francine aura la chance d’être restée avec sa mère, car nombreux sont les enfants arrachés à leurs parents.
« C’est devenu mon univers, mon jardin d’enfants. Une terre pourrie qui ravage toute forme de vie, où les cadavres poussent à la place des fleurs et des arbres. »
Francine nous raconte avec des mots simples son quotidien, la lutte pour se nourrir, pour survivre, pour ne pas succomber au typhus. La transformation de la personnalité, la déshumanisation progressive, via les humiliations subies quotidiennement, cela fait frémir le lecteur.
« Aux yeux de la loi nazie, nous n’étions plus des êtres humains, mais des lambeaux de vie dépouillés de tous leurs droits. »
Francine est une survivante. Elle sera libérée avec sa mère, et retrouvera son père, prisonnier de guerre. Elle reverra ce bébé, Yvonne, né en secret au milieu des détenues et de la crasse de Bergen-Belsen. Car oui, au milieu de toute cette horreur, des petits coins de ciel bleu subsistent. Francine nous confiera qu’à l’époque, aucun soutien psychologique n’était prévu pour les miraculés. Ils sont revenus des camps, ont enfouis ces années au fin fond de leur mémoire, et ont tentés de reprendre une vie « normale ».
Un témoignage précieux, bouleversant, nécessaire, pour ne jamais oublier. Et peut-être, pour faire prendre conscience aux gens que la même horreur se reproduit, inlassablement, à différents endroits dans le monde, encore de nos jours.
Je remercie les Éditions Grasset et NetGalley pour cette lecture.
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En bref :
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le sujet.
Auteur connu : je connaissais l’histoire de Francine, je sais qu’elle donne régulièrement des conférences auprès des jeunes dans les collèges et lycées pour livrer son témoignage.
Émotions ressenties lors de la lecture : de la peur, de la terreur, de l’admiration face à ces hommes et ces femmes, ces enfants, qui ont continués de lutter pour vivre. Et énormément de dégoût pour l’espèce humaine. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment on peut être aussi cruel envers les siens. De la honte aussi. Honte de faire partie des humains.
Ce que j’ai moins aimé : RAS !
Les plus : le témoignage, l’horreur de la guerre vue sous l’angle d’un enfant, la simplicité de l’écriture, les faits relatés sans filtre.
belle chronique! je viens de le terminer et il m’a beaucoup plu, bouleversée comme tous les témoignages sur la déportation …
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