Titre : Le silence des repentis
Auteur : Kimi Cunningham Grant
Éditeur : Buchet-Chastel
Nombre de pages : 384 pages
Format et prix : broché 22.50 € / numérique 17.99 €
Date de publication : 7 avril 2022
Genre : thriller psychologique
« Il a enfin trouvé le silence. Mais pas encore la paix. ».
Cooper et sa fille de 8 ans, Finch, vivent coupés du monde dans une cabane au nord des Appalaches depuis la mort de la mère de Finch. La petite fille a grandi au milieu des livres et de la forêt, et respecte les dures règles de la vie sauvage. En grandissant, elle cherche à repousser les limites de leur isolement, à s’aventurer plus loin en forêt et commence à s’interroger sur le monde extérieur. Mais Cooper est hanté par les démons qui l’ont poussé à s’installer dans cette cabane, un passé qui le ronge et qu’il ne peut en aucun cas partager avec sa fille.
Dans le silence de la forêt, leurs seuls compagnons sont un étrange « voisin » du nom de Scotland, dont l’omniprésence bienveillante ressemble curieusement à une menace, et Jake, un vieil ami de Cooper qui leur apporte des vivres à chaque hiver. Sauf que cette année, Jake ne vient pas. Ce refuge qui les abrite depuis des années sera-t-il leur sanctuaire ?
Kimi Cunnigham Grant signe un thriller atmosphérique sur le lien familial, les ombres du passé et la rédemption. Elle décrit avec puissance un lieu hors du monde où le moindre son est annonciateur d’un danger, où la nature est aussi bien refuge que prison.
Cooper vit avec Finch, sa fille de 8 ans, dans un chalet perdu dans les Appalaches. Cadre idyllique, me direz-vous ? Pas sûr… Pas d’électricité, pas de famille, aucun lien avec le monde extérieur. Finch ne connaît rien d’autre de la vie que les limites imposées par Cooper. Sa seule évasion, elle la trouve dans les livres. Si Cooper a choisi ce mode de vie, c’est parce qu’il a beaucoup à cacher…
Cooper est un vétéran de l’armée souffrant de syndrome post traumatique. La mère de Finch, Cindy, est décédée de manière tragique alors que Finch n’était qu’un nourrisson. Cooper et Cindy n’étant pas mariés, les parents de la jeune femme ont obtenu la garde du bébé. Cooper, n’arrivant pas à se résoudre à une telle décision, a enlevé Finch et s’est installé dans la cabane appartenant à Jake, un ancien copain de l’armée. Jake vient chaque année leur apporter le stock de provisions pour l’hiver. Sauf cette année, où Cooper et Finch ont attendu sa venue…en vain.
Cooper essaie depuis longtemps de distancer ses démons, mais il va devoir les affronter s’il espère garder sa fille, la dernière personne sur Terre qui compte pour lui. La frontière entre le bien et le mal commence à s’estomper et la menace de tout perdre pourrait le pousser à prendre des décisions désespérées.
Le roman commence de manière assez calme et paisible, le lecteur se laissant porter par cette vie somme toute simple et tranquille que mènent nos deux protagonistes. J’en suis venue à les envier, à vouloir, moi aussi, ma cabane perdue au fond des bois, où je pourrai lire tout ce que je veux sans être dérangée…La nature est omniprésente, on la découvre absolument merveilleuse et magnifique, mais on plonge également dans son côté sombre et dangereux.
La tension grimpe par palier, magistralement, en commençant par l’absence de Jake à l’orée de l’hiver jusqu’à la fin où tous les paris étaient ouverts. Mais attention, pas de rythme s’affolant, on reste dans un thriller d’ambiance, le but étant de créer une charge émotive au lecteur. Et sur moi, cela a très bien fonctionné : j’ai eu l’impression qu’une chape de plomb s’abattait sur moi.
« C’est terrible de savoir qu’une chose dramatique se profile, que même si elle n’est pas encore là, elle se rapproche inéluctablement. Et de savoir que vous avez le choix en réalité : que tout repose sur vous. Vous pourriez changer d’avis. Vous pourriez reculer. Vous pourriez prendre la fuite. »
Kimi nous propose avec « Le silence des repentis » un thriller psychologique intéressant qui exploite des personnages ne pouvant compter que sur eux-mêmes, dans un isolement total. La construction, avec un récit raconté à la première personne du point de vue de Cooper, implique une immersion totale du lecteur. Les passages se déroulant dans le passé de Cooper permettent de découvrir pourquoi cet homme en est arrivé là où il est aujourd’hui. Les personnages secondaires, peu nombreux, rajoutent à la sensation d’être perdu au milieu de nulle part. Cooper est un personnage riche, ses désirs entrent souvent en conflit avec les moyens qu’il a à sa disposition et les circonstances dans lesquelles il se trouve. J’ai ressenti beaucoup d’empathie pour lui. On peut dire que le passé de Cooper dans l’armée a provoqué ce « pétage de plomb », ce choix extrême, et qu’une fois pris dans l’engrenage, le retour en arrière s’est avéré tout simplement impossible et inenvisageable. Finch est une enfant sage, pas toujours consciente des enjeux de cette solitude, avide de découvrir le monde, mais qui a développé une relation particulière avec son père. L’amour entre le père et sa fille est absolument merveilleux, touchant au possible. Cooper a réellement été au bout du monde pour sa fille.
« (…) quand on devient parent, il y a cette chose en vous qui s’épanouit et grandit. On aime comme on n’a jamais aimé auparavant. »
Les descriptions sont magnifiquement tissées dans l’histoire, n’étant jamais ennuyeuses et n’alourdissant en rien le cœur du récit. La plume de Mimi est fluide, riche, elle arrive à retranscrire parfaitement les émotions. Elle signe ici un thriller tendu et bourré de suspense, une ode à l’amour et au sacrifice. Brillant !
Petit bémol, la crédibilité de l’ensemble. Peut-on vraiment enlever son bébé et disparaître de la société comme cela ? Certaines scènes m’ont paru totalement irréelles, je pense à celle sur le parking du supermarché ou à la station service. Mais cela n’a pas gâché ma lecture, cela reste du détail. Le but premier d’un livre étant l’évasion, et non pas de coller parfaitement à une certaine réalité.
Je vous conseille vivement de vous plonger entre les pages de ce roman passionnant, à l’atmosphère bien particulière et aux personnages extrêmement bien développés.
« Si je vais jusqu’au bout, il n’y aura plus de retour en arrière possible. Le monde, tous les secrets que j’ai gardés, cette vie étrange, fragile et belle que nous nous sommes construite, est en train de s’écrouler. A toute vitesse. »
Je remercie BePolar et les Éditions Buchet-Chastel pour cette lecture.
#Lesilencedesrepentis #KimiCunninghamGrant #BuchetChastel
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : la couverture m’a poussée à lire le résumé. Une virée au fin fond des Appalaches m’intéressait. L’histoire me changerait de ce que je lisais habituellement.
Auteur connu : « Le silence des repentis » est le 3ème roman de Kimi, je crois que c’est le premier traduit en français.
Émotions ressenties lors de la lecture : angoisse, peur, appréhension, espoir.
Ce que j’ai moins aimé : une ou deux scènes pas très crédibles, mais rien de notoire.
Les plus : l’ambiance, les personnages, la plume, la fin, le sujet père/fille.
