Titre : La petite boutique aux poisons
Auteur : Sarah Penner
Éditeur : Faubourg Marigny
Nombre de pages : 407 pages
Formats et prix : broché 21 € / numérique 12.99 €
Date de publication : 12 octobre 2021
Genre : roman historique
Lors d’une froide soirée de février 1791, à l’arrière d’une sombre ruelle londonienne, dans sa boutique d’apothicaire, Nella attend sa prochaine cliente. Autrefois guérisseuse respectée, Nella utilise maintenant ses connaissances dans un but beaucoup plus sombre :
Elle vend des poisons parfaitement « déguisés » à des femmes désespérées, qui veulent tuer les hommes qui les empêchent de vivre. Mais sa nouvelle cliente s’avère être une jeune fille de 12 ans, Eliza Fanning.
Une amitié improbable va naître entre elles, et entraîner une cascade d’événements qui risquent d’exposer toutes les femmes dont le nom est inscrit dans le registre de Nella…
De nos jours à Londres, Caroline Parcewell passe son dixième anniversaire de mariage seule, encore sous le choc de l’infidélité de son mari. Lorsqu’elle découvre sur les bords de la Tamise une vieille fiole d’apothicaire, elle ne peut s’empêcher de faire des recherches et va découvrir une affaire qui a hanté Londres deux siècles auparavant : « L’apothicaire tueuse en série ». Et alors qu’elle poursuit ses investigations, la vie de Caroline va heurter celles de Nella et d’Eliza. Et tout le monde n’y survivra pas…
La couverture de ce roman m’a tapée dans l’œil. Je l’ai trouvé splendide. C’est bien clair, j’avais envie d’acheter le livre juste pour sa couv’ ! OK, ce n’était pas bien raisonnable, du coup, j’ai quand même lu le résumé, et oh, joie, mes yeux se sont mis à briller ! Gnark gnark, j’ai foncé ! Et je ne le regrette pas.
Londres. Deux récits s’alternent : dans le présent, Caroline Parcewell, 34 ans, américaine, débarque à Londres, initialement pour un voyage en amoureux à l’occasion de ses dix ans de mariage avec James. Sauf qu’elle a découvert l’infidélité de James il y a huit jours, et qu’elle est venue seule…
« Ici, à Londres, pendant ce voyage pour « célébrer » notre anniversaire de mariage, il fallait que je trouve ce que je voulais vraiment, ce que j’attendais de la vie, et s’il y avait encore une place pour James et les enfants que nous espérions dans celle-ci. Mais pour ça, je devais déterrer quelques rêves enfouis de mon côté et affronter la réalité en face. »
Dans le passé, en 1791, Nella Clavinger, 41 ans, a repris la boutique d’apothicaire créée par sa mère, avec une petite nuance, et non des moindres : à côté des tisanes pour le sommeil, Nella vend des poisons aux femmes qui cherchent à se débarrasser des hommes gênants. N’oublions pas que nous sommes à une époque où les femmes ont peu d’options pour s’échapper.
« Se débarrasser d’un mal – en l’occurrence un mari nocif – ne rendait pas une femme immune aux autres souffrances. Mon registre en était la preuve ; les lignes de toniques mortels s’entremêlaient aux curatifs. »
Caroline tombe par hasard sur un groupe faisant du « mudlarking » le long des rives de la Tamise (activité qui consiste à rechercher des objets anciens échoués, enfouis dans le sable). Elle trouve dans la vase une petite fiole en verre. Elle attise sa curiosité et lui rappelle ses ambitions longtemps refoulées d’étudier l’histoire. Elle va tenter de découvrir d’où provient cette fiole, grâce aux gravures qui l’ornent. Elle contactera Gaynor, bibliothécaire spécialisée dans la topographie. Toutes les deux vont tenter de trouver l’origine de cette fiole. Ce qui relie les deux chronologies et les trois perspectives est cette fiole de verre.
Nella, quant à elle, voit arriver dans son officine Eliza Fanning, douze ans. La demande d’Eliza provoquera toute une chaîne d’événements dont les conséquences changeront la vie de Nella, mais aussi celle de Caroline. La voie d’Eliza apportera à son tour sa contribution dans le récit.
Le lecteur tombe directement dans deux mondes parallèles, qui s’entremêlent ingénieusement, résonnant l’un sur l’autre de façon inattendue. J’ai vraiment beaucoup aimé cette construction. Nella, Eliza, Caroline, toutes ont été trahies par des hommes. Les parallèles entre leurs vies est judicieux et intéressant. Même de nos jours, les hommes peuvent s’avérer toxiques et misogynes. Cela ouvre des questions de moralité et nous pousse à nous interroger sur nos droits en tant que femmes ; il est pertinent d’examiner comment ces droits ont changé, ou non, au cours des deux cents dernières années.
« Londres ne proposait que peu d’endroits pour les femmes qui avaient besoin de soins bienveillants ; en revanche, les médecins pour messieurs étaient légion, chacun plus corrompu et retors que son voisin.
Caroline a sacrifié beaucoup de ses rêves pour James, tout ça pour revenir à la case « départ » dix ans plus tard, avec des regrets en plus…Nella, grâce à sa boutique, qui m’a fait pensé un lieu de justice pour les oubliées, vient en aide à des femmes désespérées, certaines histoires étant terrifiantes. J’avoue avoir pris un grand plaisir à découvrir les solutions proposées par Nella…
La plume de Sarah est fluide, agréable à lire. Les descriptions étaient nombreuses et ne m’ont nullement gênée. J’ai noté quelques incohérences et répétitions dans le récit, mais bon, cela reste superficiel, n’oublions pas que nous sommes dans un premier roman, on peut bien passer outre. Malgré tout, cela m’a empêchée de m’attacher au personnage de Caroline, trop focalisée sur James, son échec, son désir de maternité. J’avais envie de la secouer ! Du coup, j’ai largement préféré les passages avec Nella ou Eliza.
La maternité, voulue, subie ou refusée est au centre des existences de nos trois personnages. Elles ont toutes un rapport particulier avec la maternité. Cela permet de comprendre pas mal de leur réaction et choix de vie.
L’intrigue est truffée de nombreux rebondissements, les chapitres sont courts et se terminent quasiment à chaque fois par un petit cliffhanger poussant le lecteur à découvrir ce qui se passera ensuite. Au fur et à mesure que les parallèles entre les trois femmes s’approfondissent, le passé et le présent se confondent, jusqu’à la dernière page où ils se rejoignent dans une fin habilement menée et parfaite.
Un petit lexique des « potions » utilisées par Nella est consigné en fin de roman, à potasser lol, c’est pépite ! Et trois recettes sans danger, dont une que j’ai trouvé intéressante, étant donné que je suis en vacances dans le sud et que les armées de moustiques sont particulièrement féroces cette année : « Le baume de Blackfriars pour les boutons de bestioles ». A tenter !
« Douze minutes. Un battement de cils, à l’échelle d’une vie. Pourtant, c’était suffisant pour en changer le cours. »
« La petite boutique aux poisons » est un thriller historique passionnant que je recommande sans hésiter à ceux qui veulent une petite catharsis méchante visant à briser le patriarcat !
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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : comme je le disais en début de chronique, la couverture, puis le résumé. Le poison était le mode le plus répandu chez les femmes pour éliminer quelqu’un, jusqu’à ce que les autopsies entrent dans la danse et mettent un point final à cette pratique.
Auteur connu : « La petite boutique aux poisons » est le premier roman de Sarah. Et il est très bon ! Une adaptation télé est envisagée, je crois. J’ai hâte de la découvrir, mais encore plus de lire le prochain roman de Sarah !
Émotions ressenties lors de la lecture : passion, envie, curiosité, de l’admiration pour Nella et Eliza. De l’agacement concernant Caroline lol.
Ce que j’ai moins aimé : quelques incohérences et répétitions, le personnage de Caroline.
Les plus : l’originalité de l’intrigue, de la construction, les personnages de Nella et d’Eliza, la fin.
Si je suis une âme sensible : pas de soucis, il n’y a absolument rien de gore !