Titre : Alabama 1963
Auteur : Ludovic Manchette et Christian Niemiec
Éditeur : Le Cherche Midi
Nombre de pages : 384 pages
Formats et prix : broché 18 € / numérique 11,99 € / poche 7,70 €
Date de publication : 20 août 2020
Genre : polar
Birmingham, Alabama, 1963. Le corps sans vie d’une fillette noire est retrouvé. La police s’en préoccupe de loin. Mais voilà que d’autres petites filles noires disparaissent…
Bud Larkin, détective privé bougon, alcoolique et raciste, accepte d’enquêter pour le père de la première victime. Adela Cobb, femme de ménage noire, jeune veuve et mère de famille, s’interroge : « Les petites filles, ça disparaît pas comme ça… »
Deux êtres que tout oppose. A priori.
Sous des airs de polar américain, « Alabama 1963 » est avant tout une plongée captivante dans les États-Unis des années 1960, sur fond de ségrégation, de Ku Klux Klan et d’assassinat de Kennedy.
Encore un livre que je n’avais pas pris le temps de lire !
Ne vous fiez pas à la simplicité et à la sobriété du titre. Ce roman est d’une richesse incroyable !
Bienvenue à Birmingham, plus grande ville d’Alabama, en 1963.
Lorsque les parents de la petite Dee Dee Rodgers, 11 ans, viennent signaler sa disparition, la police ne se bouge pas plus que cela, la fillette étant de couleur. Le père fera alors appel à un détective privé, ancien flic, blanc, Bud Larkin.
Adela Cobb, 34 ans, veuve, mère de famille, est une bonne noire au service de plusieurs femmes blanches. A la suite d’une blague potache des compagnons de comptoir de Bud, Adela est embauchée pour s’occuper de la propreté de son bureau. La pauvre manque de faire une crise cardiaque devant le dépotoir où travaille Bud. Enfin, là où il cuve ses excès de boisson.
« – T’es allée voir pour l’annonce ?
– Oui. C’était une porcherie. Et le type, soi-disant un détective… Agressif, grossier, sale. Et arrogant. Et fainéant.
– Un Blanc, quoi. »
Lorsqu’une seconde petite fille disparaît, Adela commence à se poser des questions et à houspiller Bud. Il ne va pas retrouver la fillette au fond d’un verre de whisky ! Et le duo improbable se forme : le détective blanc et la bonne noire. Tous deux vont enquêter ensemble. Adela sera la pièce maîtresse de Bud pour se faire ouvrir les portes de la communauté noire et obtenir des confidences.
« »N’empêche que tu devrais pas traîner avec un Blanc. C’est pas bien », sermonna-t-elle alors qu’elle allumait un cierge à l’église tous les dimanches pour tuer son mari. »
Alors oui, c’est un polar, il y a un meurtrier dans la nature qui s’en prend à des fillettes. Mais on est bien loin du compte. « Alabama 1963 », c’est le reflet de la société américaine des années 60. Le choix de planter le décor en 1963 et en Alabama de surcroît, n’est pas anodin : c’est une année importante dans l’histoire des États-Unis. George Wallace est investi gouverneur de l’Alabama et son programme mentionne « la ségrégation pour toujours ». Des émeutes et des attentats ont lieu à Birmingham, le président Kennedy impose par la force l’admission de deux étudiants noirs à l’université de l’Alabama, le discours de Martin Luther King électrise le peuple.
« Pouvons-nous affirmer au monde, et surtout à nos compatriotes, que nous sommes le pays de la liberté, sauf pour les Noirs ? Que nous n’avons pas de sous-citoyens, sauf les Noirs ? Que nous n’avons pas de système de classe sociale ou de caste, pas de ghetto, pas de race supérieure, sauf quand il s’agit des Noirs ? La notion de race n’a sa place ni dans la vie ni dans la loi américaine. »
Le contexte historique est riche, 1963 est une année remplie d’espoir pour la communauté noire, l’ambiance du roman s’en trouve oppressante. Le parallèle entre des lois hors d’âge et la modernité engagée par les États-Unis est saisissant. Le sujet de la ségrégation raciale est bien décrit, sans pour autant phagocyter tout le roman. Le travail de recherches effectué par les auteurs est colossal. A plusieurs reprises, j’ai pensé au roman de Kathryn Stockett « La couleur des sentiments ».
Rien de nouveau sur la planète, me direz-vous ? Eh bien si, tout simplement parce que la plume de notre duo d’écrivain est agréable, sobre mais diablement efficace, qu’ils usent et abusent de dialogues juteux et savoureux, donnant un rythme assez vif. Bon, j’admets qu’il y a peut-être trop de dialogue, que c’est trop cinématographique, et que du coup, les descriptions en pâtissent.
L’humour est présent quasiment à chaque page, apportant une légèreté bienvenue. Sans oublier ce duo de personnages absolument attachant, drôle et surtout, émouvant. Bud m’a beaucoup touchée, on apprendra peu à peu de son passé ; le drame qu’il a vécu a façonné le Bud d’aujourd’hui, triste, colérique, nonchalant et préférant enquêter autour d’une bonne bouteille de whisky. Adela, quant à elle, est bien loin des préoccupations du pays, se focalisant sur son quotidien plutôt précaire, son seul moment de détente étant celui passé à la laverie où elle retrouve ses amies, refaisant le monde pendant que le linge tourne. Rien ne prédisposait Adela et Bud à s’entendre, et pourtant…Et personne n’aurait parié un dollar sur cette équipe de détectives, et pourtant…J’ai adoré suivre leurs tribulations. Ils vont nouer une certaine complicité et aller de l’avant. En définitive, ils ont bien un point commun tous les deux : ce sont des parias de la société.
Un roman agréable et intéressant, à découvrir surtout pour le contexte historique.
« – Vous préférez qu’on dise de vous que vous êtes une femme noire ou que vous êtes une femme de couleur ?
– Je préfère qu’on dise que je suis une femme bien. »
#Alabama1963 #LudovicManchette #ChristianNiemiec
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’en avais entendu beaucoup de bien lors de sa sortie. Les vacances ont été pour moi l’occasion de le sortir de ma PAL.
Auteurs connus : « Alabama 1963 » est le premier roman de ce duo d’auteurs. « America[s] » est sorti cette année, il tombe direct dans ma wish list !
Mon amie Manoue a rencontré les auteurs lors du salon de Quiberon, j’en ai profité pour lui demander de me faire dédicacer « Alabama 1963 ».
Émotions ressenties lors de la lecture : écœurée et indignée par cette Amérique ségrégationniste, admirative face au caractère d’Adela, qui n’hésite pas à envoyer bouler ses patronnes blanches, amusée par le duo Adela/Bud. Un peu déçue par l’enquête en elle-même.
Ce que j’ai moins aimé : j’aurai aimé que la personnalité du tueur soit abordée plus en détail. Et un peu moins de dialogue au profit de développement du sujet plus approfondi. L’enquête, honnêtement, que j’ai totalement oubliée.
Les plus : le contexte historique, l’ambiance, les deux personnages principaux, le rythme, l’humour, les dialogues truculents.
Si je suis une âme sensible : pas de soucis, ça reste soft.
Super chronique 🤗. Très tentant ☺️
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Ce roman a été un coup de coeur. Je me rappelle encore le jour où je l’ai choisi, en flânant dans l’espace culturel. Il venait de sortir et la vendeuse m’a dit qu’il était super. J’avais craqué sur la couverture et sur le titre. Bref, je pense que je me le relierais un jour.
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Un très beau roman !
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Oui ! As tu lu « America » ?
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Non pas encore Sonia, il est aussi bien ? 🙂
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Je ne sais pas, je ne l ai pas lu non plus. Mais les critiques sont tres bonnes !
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