« L’impromise » d’Angélique MAURIN

 

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Titre : L’impromise

Auteur : Angélique Maurin

Éditeur : Auto-édition

Nombre de pages : 289 pages

Formats et prix : broché 16.99 € / numérique 4.49 €

Date de publication : 2 mars 2022

Genre : drame historique

 

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Dans la France de 1939, Gus, ouvrier de l’ombre épris de vie et de femmes légères va perdre souffle et raison en découvrant par l’étroitesse d’une ouverture donnant sur la rue, les jambes et la démarche indolente d’une passante vite entraperçue.
Elle s’appelle Mado. Elle a seize ans. Elle sera pour Gus et pour tous ceux qui, après lui, croiseront son chemin, cette insaisissable, cette ineffaçable, qui pèsera toujours plus lourdement au centre des existences de chacun.
Dans un monde qui s’apprête à subir l’un de ses pires bouleversements, les douleurs intimes et individuelles des êtres qui s’attacheront aux pas de Mado, supplanteront celles, pourtant si prééminentes de la grande Histoire.
« Elle n’était qu’illusion. Elle n’était que Mado. Elle n’avait toujours été que cela. Son accidentelle, celle que même le plus cruel des destins n’aurait pas osé admettre lui avoir promis. »
Des prémices de la Seconde Guerre jusqu’à l’orée des eighties, la trajectoire inconcevable d’une héroïne ambiguë que vous vous ingénierez peut-être à vouloir comprendre.
Mais y parviendrez-vous ?

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1938. Gus, 36 ans, est boulanger. Il aime la vie et les femmes, et a pour objectif d’ouvrir sa propre boulangerie dans son village natal, à Tarascon. Il fait la rencontre de Mado, joli brin de jeune fille de 16 ans. Elle va lui tourner la tête.

« Ces émotions extrêmes n’étaient pas habituelles chez lui. Il était bien sûr fréquent pour Gus de s’extasier sur la beauté des femmes, comme d’ailleurs de se concentrer avec passion à leur conquête. Mais jamais il n’avait ressenti ce coup de poing-là. »

Tous deux entameront une liaison qui est condamnée à s’arrêter très vite lorsque Gus rentrera à Tarascon. Cela ne dérange pas Mado, qui souhaite papillonner, elle aussi. Il faut dire qu’à part ses magazines de mode, rien ne l’intéresse vraiment…

« La seule chose qui semblait égayer Mado et allumer un peu de lumière et d’éclat dans ses ténébreuses prunelles, c’était des bêtises de magazines féminins. Et ces futilités-là ne poussaient guère au labeur. Elle pouvait passer des heures plongées dans son satané Midinette, et ses romans-feuilletons. »

Je ne vous raconterai pas plus ce qu’il va se passer pour Mado et Gus, je veux vous laisser le même plaisir de la découverte que j’ai eu ! Ils vont subir le carcan des mœurs de l’époque d’avant et après guerre. Pour Mado, rebelle indépendante, tout est compliqué, dans cette société où la place des femmes se résume à celle d’épouse dévouée et de mère attendrissante. Tout ce qu’elle n’est pas et se refuse à devenir. De 1938 à 1976, nous allons suivre ces destins tourmentés, ballotés comme de simples jouets de la vie, du destin, ou encore de l’Histoire. 

Mado est une femme forte, mais qui peut engendrer des sentiments différents au fil de la lecture. Elle m’a fait passer par toutes les couleurs ! Elle m’a choquée à plusieurs reprise par son comportement, et autant à certains moments, je l’ai admirée. Paradoxal, me direz-vous ? C’est le moins que l’on puisse dire ! Et c’est cela que j’ai beaucoup apprécié dans ce roman : la capacité d’Angélique de modeler ses personnages de telle façon qu’ils provoquent des sentiments totalement contradictoires chez le lecteur. Mado est la pièce maîtresse de ce roman. Angélique l’a façonnée en anti-héros à jupon. Son indifférence et sa nonchalance peut raisonner en nous. Ne pourrions-nous pas, nous aussi, nous laisser porter par la vie, sans contraintes, en occultant les drames et les embûches ? Mado pourrait passer pour quelqu’un de sans cœur, mais au fil des chapitres, le lecteur s’aperçoit que ce n’est pas le cas. Et pourtant, bien des étapes dans la vie de Mado pourrait nous le faire croire.

Angélique développe des thématiques intéressantes, la maternité, notamment, est dépeinte sous plusieurs angles, jusqu’à donner des sueurs froides au lecteur. En tous cas, moi, j’en ai eu !! 

La plume d’Angélique est vraiment agréable, fluide, élégante et foisonnante. Le vocabulaire utilisé est riche. La construction est linéaire, et malgré le contexte historique assez lourd (Mado et Gus connaîtront la Seconde Guerre Mondiale), Angélique ne tombe pas dans le pathos. J’ai aimé suivre la vie de Mado dans ce siècle particulier, m’immerger dans cette ambiance pas si lointaine, en définitive, mais qui paraît pourtant si distante de notre société actuelle. 

Une lecture à la fois rafraîchissante et passionnante, une tranche de vie à découvrir, qui ne peut laisser personne insensible. Je vous conseille de découvrir les romans d’Angélique, ils valent vraiment le coup !

« Il la trouva belle, obscure et lumineuse, mais parce qu’il faisait nuit, parce que la lune l’irradiait, parce que la pluie déposait sur sa peau ce voile gras et translucide qui la faisait briller. Elle n’était qu’illusion. Elle n’était que Mado. Elle n’avait toujours été que cela. Son accidentelle, celle que même le plus cruel des destins n’aurait pas osé admettre lui avoir promis. »

#AngéliqueMaurin     #LImpromise

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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’avais beaucoup aimé la plume d’Angélique dans son premier roman. Et la couverture de « L’impromise » m’a tellement tapée dans l’œil que j’ai eu une furieuse envie de découvrir cette histoire. 

Auteur connu : retrouvez ma chronique d’ « Amère »

Émotions ressenties lors de la lecture : envie, curiosité, admiration, effroi, peur, incompréhension, colère, Mado a engendré une foule d’émotions contradictoires !

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : la plume, le personnage de Mado, le contexte, les thèmes abordés.

Si je suis une âme sensible : aucun soucis, vous pouvez y aller !

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