Titre : Sans un bruit
Auteur : Paul Cleave
Éditeur : Sonatine
Nombre de pages : 496 pages
Formats et prix : broché 23 € / numérique 15.99 €
Date de publication : 10 novembre 2022
Genre : thriller
Auteurs de thrillers écrits à quatre mains, Cameron et Lisa Murdoch jouissent d’une confortable notoriété à Christchurch, où ils mènent une existence paisible et heureuse. Certes Zach, leur fils de sept ans, peut être difficile à vivre, mais Cameron et Lisa font face, s’arment de patience. Jusqu’au jour où Zach disparaît en pleine nuit. Fugue ? Enlèvement ? Les Murdoch sont bouleversés, prêts à tout pour retrouver leur fils. Mais lorsque les médias s’emparent de l’affaire, une vidéo fait surface : Cameron, visiblement excédé par une crise de Zach, emportant son fils sous son bras pour le jeter dans la voiture. Et le doute, lentement, s’insinue dans les esprits : après tout, qui mieux qu’un auteur de romans policiers peut commettre le crime parfait ?
Dans la lignée directe de Ne fais confiance à personne et Cauchemar, Paul Cleave signe un nouveau thriller oppressant et paranoïaque, impossible à lâcher.
Cameron et Lisa Murdoch vivent à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. La quarantaine, ce couple bien équilibré travaille ensemble : ils sont des auteurs de romans policiers à succès. Zach, leur fils de sept ans, est par euphémisme « un peu différent ». Plus franchement, c’est une terreur – imprévisible, mal élevé, peu coopératif. Un après-midi, Cameron l’emmène à la fête foraine et dans un moment d’inattention, Zach disparaît. Paniqué, Cameron effraie par inadvertance plusieurs enfants à proximité, dont les parents se méprennent et sont furieux de ses soi-disant attaques. Cameron retrouve très vite Zach dans une file d’attente pour un tour de manège. Fausse alerte. Mais le mal est fait. Les parents présents ont une bien mauvaise idée de ce père un peu dépassé par les évènements. Le soir, Zach menace de s’enfuir et Cameron décrit à quel point la vie serait difficile pour lui. Le genre de récit édifiant que font les parents, dont le but est de faire réfléchir leurs enfants. Mais le lendemain matin, Zach est bel et bien parti….
L’inspectrice Rebecca Kent et son co-équipier Ben Thompson sont en charge de l’affaire. Dès le début, Thompson se méfie des parents, d’autant qu’une série d’indices troublants sont découverts. La police soupçonne très vite les parents en détresse. Le couple est conspué sur les réseaux sociaux, une foule croissante s’amasse devant leur maison, traitant Cameron de tueur d’enfants. Au fur et à mesure que chaque nouvelle preuve est révélée, la foule et les accusations sauvages se multiplient. La couverture médiatique est désastreuse. D’autant que planifier un meurtre parfait serait quelque chose qu’un auteur de thrillers pourrait faire tout naturellement, n’est-ce pas ?
« J’ai l’envie soudaine de lui dire que je gagne ma vie en tuant des gens. Que si quelqu’un est capable de commettre le crime parfait, c’est bien moi. »
Le prologue scotche le lecteur au bouquin. En effet, une partie du dénouement y est révélée, et on boulotte les pages pour remettre toutes les pièces du puzzle au bon endroit et avoir enfin la vision d’ensemble. La majorité du récit se passe à la première personne sous l’angle de Cameron, permettant au lecteur de découvrir sa psychologie et ce qu’il pense à chaque instant. Les chapitres sont courts et alternent avec la vision de la police, à la troisième personne, cette fois-ci. Cela permet de changer de rythme, apportant une toute petite accalmie. La procédure déroule, implacable, accumulant les faits et les preuves.
Le lecteur avance à vue à travers ce cauchemar absolu. J’aurai voulu apporter mon aide à Cameron, le rendre plus judicieux dans ses paroles et ses actions et surtout capable de garder son sang-froid. Il faut bien avouer que la majorité des gens réagiraient exactement comme lui. La lecture est très axée sur les personnages. Le comportement humain, dans tous ses excès, alimenté par les réseaux sociaux, est disséqué de manière intéressante. Le concept est très intelligent. La dynamique familiale est merveilleusement jouée et l’emprise du public est savamment représentée. Paul démontre avec quelle facilité l’opinion publique peut être influencée et comment la mentalité de la foule prend le dessus. L’anticipation et la terreur sont parfaitement développées tout au long du livre, laissant plus d’une fois le lecteur dans un précipice d’angoisse.
J’ai ressenti beaucoup d’empathie pour Cameron. Même si à un moment du récit, j’ai cessé de le plaindre pour simplement suivre les évènements, car ça partait dans tous les sens. J’ai trouvé le personnage de Rebecca formidable. Elle est brillamment développée au fur et à mesure que l’histoire avance.
Ce roman est également une prise de conscience effroyable pour le lecteur, qui se rend compte que sa vie pourrait basculer en une petite seconde. C’est implacable et c’est dur. Comme il est facile pour la vie de s’effondrer. A travers ce qui arrive à Cameron, Paul nous pointe du doigt, nous, les gens ordinaires, les gens tranquilles. Notre vie pourrait s’effondrer. Ou bien nous pourrions aggraver la pire journée de quelqu’un, si nous décidions de faire comme ces inconnus, ces voisins, ces amis : insulter Cameron, étant persuadé de sa culpabilité, et allant jusqu’à l’impossible pour lui montrer notre fureur.
La plume de Paul est punchy, limpide et trépidante. Il ne laisse aucun répit à ses personnages et au lecteur, chapitre après chapitre, rebondissement après rebondissement.
« Sans un bruit » est un thriller psychologique parfait. La tension monte par pallier, le rythme cardiaque s’affole de plus en plus, la scène est plantée et, quand enfin la vérité est révélée sur le mystère de la disparition de Zach, je suis restée sans voix, espérant le meilleur mais étant préparée au pire.
Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans ce roman incroyable. Mais prévoyez du temps devant vous, une fois commencé, vous ne pourrez pas le poser avant la fin.
Je remercie NetGalley et les Éditions Sonatine pour cette lecture.
« La petite voix dans ma tête – celle du parent, qui demande toujours et si ? – me rappelle que c’est le genre d’environnement que j’ai vu dans d’innombrables films, où à un moment votre enfant est là, et l’instant d’après il est à l’arrière de la camionnette d’un inconnu. »
#Sansunbruit #PaulCleave #Sonatine #NetGalleyFrance
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : Paul Cleave fait partie de mes auteurs préférés et de mes valeurs sûres. Même si je n’ai jamais retrouvé le kiff grandiose d’un Employé modèle, j’ai toujours passé de belles heures de lecture en sa compagnie.
Auteur connu : retrouvez ici tous les articles relatifs aux romans de Paul.
Émotions ressenties lors de la lecture : frustration, colère, empathie, pitié, espoir, dégoût, honte.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : la plume, la psychologie des personnages, le sujet.
Si je suis une âme sensible : tout est psychologique, rien de particulier à signaler.
Remarquable, cela me donne envie, je vous remercie de le partager~
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