« Sentir mon corps brûler » d’Aure HAJAR

 

Titre : Sentir mon corps brûler

Auteur :  Aure Hajar

Éditeur : Eyrolles

Nombre de pages : 260 pages

Formats et prix : broché 17.90 € / numérique 10.99 €

Date de publication :  9 février 2023

Genre : roman initiatique

 

Quand Lila, dix-huit ans, emménage à Paris pour y étudier le droit, tout lui semble à portée de main. Pourtant, à la faculté, la réalité des rapports sociaux la rattrape. Ses camarades des beaux quartiers respirent l’assurance et la sécurité, elle enchaîne les petits boulots pour payer son loyer. Une situation qui la rend invisible.
Alors, protégée par un pseudonyme, Lila commence à se prostituer sur Internet. Elle fixe le prix, rencontre des hommes choisis, soutenue par des consœurs de la « putosphère ». D’abord enivrée de sa puissance, la jeune femme perd peu à peu le contrôle sur ce corps dangereusement étranger.
En mettant en scène les rapports de domination et les fractures sociales sous le prisme de la prostitution, puis de la pornographie, Aure Hajar signe un roman bouleversant sur le conditionnement et la liberté de choisir sa vie.

« Sentir mon corps brûler » est un roman percutant, basé sur des faits réels, sur une étudiante choisissant de se prostituer pour gommer la fracture sociale et la précarité dans laquelle elle vit.

Notre narratrice, Lila, 18 ans, étudie le droit à Paris. De revenus modestes, elle enchaîne les petits boulots pour payer sa studette et ses études. Entre elle et les autres étudiants, le gouffre est visible : ils sont tous d’un niveau social élevé, ne portent que des vêtements de marque et passent leurs soirées à faire la fête. Bien souvent, Lila ne peut les rejoindre, elle travaille…Elle se sent différente, ce fossé la dérange, elle voudrait être comme eux et ne pas avoir à se soucier des factures. Elle souhaite être comme Agathe, son amie : riche, belle, vue, admirée, elle existe, elle au moins.

« C’est dans ces moments-là que naît l’espoir. Pas la rancœur, non : l’espoir. Quand on se fait une promesse à soi-même, que l’on s’engage à fuit le présent. J’aspirais à gagner ma vie rapidement afin de consacrer mon temps à ce que l’on me voie. Ce désir d’exister ne me quitta pas. »

Débordée par cette frustration et ce sentiment de rabaissement, Lila trouve une parade, qui, à priori, se révèle être la solution miracle : elle va devenir escort girl. Quelques soirs par mois suffiront largement à subvenir à ses besoins et elle pourra, elle aussi, s’acheter des vêtements de marque et faire la fête.

« Très vite, je m’achetai quelques vêtements dans une boutique du 7e arrondissement : Zadig&Voltaire. Agathe ne le remarqua même pas. Mon nouveau style hors de prix lui semblait tout à fait ordinaire. Elle croyait que je m’appelais Lola – au lieu de Lila – et je ne la reprenais jamais. »

Elle s’inscrit donc sur un site spécialisé, sous le pseudo « Fleur ». Si tout est parfait au début, Lila va vite déchanter.

Car la jeune femme était loin de s’imaginer comme ce milieu peut s’avérer dur et sans pitié. Inscrite sur la putosphère, un forum de discussion regroupant des putes de carrière, elle pioche des conseils, note les avertissements, les types à fuir, mais surtout, elle y fera des rencontres impactantes, nouant des amitiés.

Aure signe ici un premier roman. Donc, oui, il y a quelques erreurs d’écriture, quelques maladresses, quelques longueurs qui m’ont fait décrocher à certains moments, je dois bien l’avouer.  Mais le fond est là ! « Sentir mon corps brûler » est un roman féministe et engagé, qui démontre combien nos choix, que l’on croit faire librement, sont en fait conditionnés par la société et les autres. La prostitution, la soumission, le viol sont développés de manière crue et sans fioritures.

J’ai trouvé la plume d’Aure claire et corrosive. Elle ne mâche pas ses mots. Le lecteur suit la descente aux enfers de Lila, il souffre avec elle, se désole pour elle, mais comprend. La narration à la première personne du singulier rapproche encore plus le lecteur de Lila, en faisant un récit intimiste vécu intensément. 

Lila est un personnage fort, dont la volonté de s’en sortir est déterminante dans ses actes. Pourtant, elle va perdre le contrôle. De sa vie, de son corps. Des passages relatant ses souvenirs d’enfance nous permettent de mieux cerner la relation qu’elle a avec soi-même mais aussi avec sa mère. Il y a une certaine forme d’autodestruction dans le comportement de Lila, qui s’explique, en partie, en son passé.

Ce roman met en avant les difficultés des étudiants modestes, qui jonglent entre cours et petits boulots pour joindre les deux bouts. Une situation compliquée exacerbée ces dernières années et que l’on ne peut pas ignorer. Bon ok, la solution trouvée par Lila pour s’en sortir est extrême, mais il n’empêche que cela donne à réfléchir. J’aurai aimé que l’auteure développe un peu plus les ravages psychologiques d’une telle expérience.

Quand au livre en lui-même, il est superbe, la couverture granulée avec de larges rabats en font un objet précieux. Lila se soucie de son apparence vestimentaire, le livre, lui, a une belle qualité esthétique ! Joli clin d’œil.

« Cette somme me permettrait de payer un loyer et de m’acheter à manger, de quoi travailler moins et passer plus de temps à la faculté. Avec deux rendez-vous mensuels, je pourrai en plus m’acheter des vêtements de marque. Les gens m’apprécieraient à ma juste valeur. »

Je remercie les Éditions Eyrolles pour cet envoi.

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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé.

Auteur connu : « Sentir mon corps brûler » est le premier roman d’Aure.

Émotions ressenties lors de la lecture : scandalisée, révoltée, choquée, j’avoue que les émotions ont été extrêmes. 

Ce que j’ai moins aimé : quelques longueurs, et le passage de Lila dans le monde de la pornographie beaucoup trop édulcoré.

Les plus : le sujet, la narration, la plume, le personnage de Lila, la fin.

Si je suis une âme sensible : certaines scènes de sexe peuvent choquer.