Titre : Les morts et le journaliste
Auteur : Óscar MartÍnez
Éditeur : Éditions Métailié
Nombre de pages : 240 pages
Formats et prix : broché 20.50€ / numérique 12.99 €
Date de publication : 7 avril 2023
Genre : essai
Il y a peu de livres qui ont en même temps un effet physique, moral et intellectuel sur les lecteurs. Il y a peu de livres qui vous bousculent par leur honnêteté tout comme par leur pertinence. Ce livre, brutal et nécessaire, en est un.
Il parle de la vie de trois personnes qui ont un jour décidé de témoigner et de leur mort, conséquence de ce témoignage. À partir de l’assassinat de trois de ses sources, Óscar Martínez, l’un des reporters les plus courageux de l’Amérique latine, mène une réflexion unique sur le journalisme, un métier qui donne un immense privilège et une énorme responsabilité : être témoin du monde au premier rang, même si parfois, presque toujours, le spectacle est terrible.
Dans ces pages on trouve des assassins, des policiers véreux, des politiciens corrompus, des gangs et des mafieux des deux côtés du Río Grande, l’un des endroits les plus violents de la planète, mais ce livre ne prétend pas donner d’explications, ce n’est qu’une histoire qui a amené le journaliste à comprendre ce qu’il a vu, raconté, choisi, raté, écarté pendant 13 ans, ce qui lui a permis de s’enfoncer volontairement dans ces abîmes, et les conséquences de cette immersion.
Il y a peu de livres capables de relier avec autant de puissance le doute et le courage, le risque et la justesse, l’expérience et le vertige de l’inconnu, le sort d’un paysan salvadorien avec l’importance d’un métier universel, la vie avec la mort. Ce livre le fait.
Un essai qui dépeint durement l’abîme de la violence et de la misère au Salvador. Une lecture coup de poing, dérangeante.
Votre mission si vous l’acceptez : essayer de comprendre la violence, trouver comment une société monstrueusement violente peut se créer.
Lieu de l’enquête : en plein cœur du triangle nord de l’Amérique Centrale, au Salvador, le pays le plus meurtrier de la planète.
Óscar MartÍnez est un journaliste travaillant depuis cinq ans au sein de la Sala Negra, un service d’enquête sur la violence du journal El Faro.
Dans « Les morts et le journaliste », Óscar, notre narrateur, va nous livrer treize ans d’enquête sur la violence avec la peur comme unique compagne. Il nous explique sa relation avec les informateurs mais, surtout, « Les morts et le journaliste » est un monologue intérieur d’une beauté captivante et inconfortable. Brutal.
Notre fil conducteur est l‘histoire de Rudi, membre de la pandilla (gang) et de ses frères. Dès le début, le lecteur sait que trois vont mourir et qu’un seul survivra. Et il sait aussi que ses yeux vont parcourir difficilement les pages suivantes. Car il sait qu’Óscar raconte des histoires vécues, vraies, qui semblent tirées d’un film d’horreur. Des histoires de vies humaines qui habitent des quotidiens monstrueux. Des paysans étouffés par l’impunité. Des policiers qui commettent des massacres. Des victimes qui sont aussi des agresseurs.
« Les morts et le journaliste » est un essai. Parfois carnet de notes ou carnet de voyage. Parfois confessionnal ou récit de souvenirs. Óscar y prône une certaine force de courage, celui de douter. Le doute permanent. Des doutes épineux mais précis. Des doutes profonds. Ses recherches ne sont qu’une fouille effrénée. Les réflexions de l’auteur sont à la fois terrifiantes et bourrées de pénitence. Jusqu’où aller, quand s’arrêter, qu’est-ce que je veux savoir et pourquoi ? Avec ses investigations, Óscar met ses sources en danger, et il le sait.
« Quand quelqu’un ne peut aspirer selon certaines règles qu’à n’être rien, il cherche à être quelqu’un selon d’autres règles. Être quelqu’un est dans la nature humaine. Être quelqu’un n’est jamais être rien. La vie, c’est la recherche d’un sens, et le monde est fait pour que beaucoup d’individus ne le trouvent pas. »
Au-delà du doute, le journalisme permet de comprendre. Comprendre le monde. Continuer malgré tout à se poser des questions et éclairer l’indicible dans ces régions du monde où la mort violente est une politique d’État et une histoire quotidienne.
La plume d’Óscar est lucide, factuelle, objective. La volonté de comprendre dégorge de chaque phrase. Óscar creuse son sujet jusqu’à la moelle.
Dans ce livre dérangeant, il reste une note d’espoir : parfois le journalisme change quelque chose. Consuelo est une mère ayant été témoin du massacre de son fils de vingt ans par un groupe de policiers. Dans cette affaire, grâce au journaliste, une enquête s’est ouverte, se transformant en procès et condamnation internationale.
Un roman déroutant, dont l’impact sur le lecteur est immense. Acceptez de plonger au cœur de la violence salvadorienne en compagnie d’Óscar. Une lecture éprouvante, je dois bien l’avouer, mais tellement riche.
« Sa vie avait toujours été un désastre dans les grandes largueurs. Les histoires de dépassement existent, mais elles ont leurs limites. Dans ce cas précis, il n’y avait pas de rédemption possible. Personne ne la recherchait, personne ne la lui offrait, et ce n’était pas dans les environs qu’il risquait de la trouver. Survivre, tel était l’objectif. Fuir le mieux possible. Toujours fuir. »
Je remercie les Éditions Métailié et Babélio pour cette lecture.
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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé m’a plu de suite. J’ai une véritable appétence pour le journalisme, et le thème avait l’air intéressant.
Auteur connu : je ne connaissais pas du tout Óscar. Son précédent ouvrage, co-écrit avec son frère, Juan José, me fait de l’œil. « El Niño de Hollywood » raconte la vie d’un tueur sanguinaire appartenant au seul gang faisant partie de la liste noire du département du Trésor aux États-Unis, la Mara Salvatrucha 13.
Émotions ressenties lors de la lecture : cette lecture m’a mise mal à l’aise, j’ai ressenti beaucoup de colère, d’impuissance, de peur, de révolte. Mais également de l’espoir.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : le contexte, la plume, les témoignages, le côté factuel du récit.
Si je suis une âme sensible : le sujet est la violence, mais pas de scènes difficiles.
Merci pour cette lecture qui engage et fait réfléchir, je note ce titre.
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Merci Hedwige. Oui ce sont des lectures nécessaires ! Bon dimanche.
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Bonjour ma grande. Pour moi qui suis très très sensible, ce n’est pas le moment que je lise ce genre de livre. J’ai fini Melle Papillon infirmière qui après la 1ere guerre mondiale fait tout pour ouvrir un sanatorium pour enfants tuberculeux. Elle finit par cacher des enfants juifs sous la barbe des nazis qui se sont installés dans son établissement. Tu bascules sur l’histoire d’une autre infirmière qui s’occupe de grands prématurés et qui grâce à sa lecture du livre de Melle Papillon et une maman courage d’une petite fille, va oser changer l’approche des soins des grands prématurés…..mais la fin a été sublime. L’auteur s’est servi de la vie d’une infirmière qui a existé et qui a été reconnu parmi les justes en y ajoutant un roman sur le servir de néonatalogie…….Merci pour ce partage, mais je préfère les histoires qui mêlent le vrai et l’irréel. Bon dimanche
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Je note ton livre il a l air super interessant. Merci ! Bisous bon dimanche aussi
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