« La maison des âmes perdues » d’Alain LEONARD

sonia boulimique des livres

Titre : La maison des âmes perdues

Auteur : Alain Léonard

Éditeur : de Borée

Nombre de pages : 300 pages

Formats et prix : broché 19.50 € / numérique  9.99€

Date de publication : 8 juin 2023

Genre : terroir

blog littéraire

Claire, jeune fille de 17 ans, descend de son village de Besse pour se placer comme domestique chez une famille de notables de Clermont-Ferrand. Exploitée et peu considérée, elle est en outre forcée par François, le fils de la famille. Se découvrant enceinte, commence alors pour elle une descente aux enfers qui la mènera bien malgré elle dans une maison close de la ville. Dans le sombre avenir qui l’attend, Claire parviendra-t-elle à renouer avec des jours heureux ?

chroniques littéraires

Un roman à la fois dur et touchant en plein cœur de la Belle Époque.

Bienvenue à Clermont-Ferrand en 1880. Claire Musard, 17 ans, quitte la maison familiale et la campagne auvergnate où elle a grandi pour devenir domestique chez la famille Gervais, en plein centre de Clermont-Ferrand. Il faut savoir qu’à l’époque, la domesticité est la première branche d’emplois féminins. Cette nouvelle vie lui plait, malgré le travail intense, jusqu’au jour où Claire est violée par le fils Gervais. Pour rajouter au traumatisme, elle se rend compte quelques semaines plus tard qu’elle est enceinte….Et la descente aux enfers commence

Renvoyée par les Gervais, rejetée par sa famille, la pauvre Claire se retrouve dans la rue. Sans argent, sans nourriture, sans toit. Victime d’une fausse couche, elle est abordée par Monsieur Grangier, qu’elle voit au départ comme son sauveur. Sauf qu’il est un placeur et que le travail qu’il lui propose est bien loin de ce qu’elle pensait….
Claire se retrouve à « La Boule d’Or », l’une des maisons closes de Clermont. Claire devient « Jolie Fleur », et doit obéir à Madame Andrée, sa maquerelle. Une nouvelle vie commence pour Claire….

J’ai beaucoup apprécié « La maison des âmes perdues », à la fois grâce aux descriptions de la vie de l’époque, mais aussi grâce à ses personnages. Alain met en avant les inégalités économiques et sociales, très marquées entre le milieu urbain bourgeois et les campagnes, à la population bien plus modeste. Claire va découvrir la ville et ses fastes lorsqu’elle sera au service des Gervais. On assiste avec elle à la restauration de la cathédrale, ou encore à la première célébration du 14 juillet en tant que fête nationale. Passionnant ! Plus tard dans le récit, c’est tout le fonctionnement des maisons closes qui nous est détaillé. La Boule d’Or a bien existé, comme le précise Alain.

Les maisons de tolérance sont très réglementées, les filles sont déclarées en préfecture et figurent dans un fichier national de la prostitution. Elles ne sortent que pour se rendre à une visite médicale mensuelle. Toutes espèrent pouvoir racheter leur dette à leur maquerelle et rêvent d’un ailleurs. Douce utopie…

Claire va découvrir au sein de La Boule d’Or l’amitié, les rivalités, la complicité ; Belle Gorge, L’Espagnole, Cocotte, Louison, Toinon, elles sont toutes dans la même galère. La pauvre Claire, qui ne connait rien d’autre des affaires de l’amour qu’un viol, va se retrouver à devoir donner du plaisir à des hommes avides. La scène où Belle Gorge lui explique les choses de l’amour m’a fait sourire.

« Ici nous vivons dans un tout petit monde. Tu apprendras à connaître les habitudes des autres et tu comprendras vite ce que tu peux faire ou non. Pas de vie intime ici, tout le monde sait tout, on ne peut rien cacher. »

La plume d’Alain est fluide, riche. La narration, linéaire, impose un rythme agréable. Les rebondissements posés judicieusement relancent le récit, provoquant une certaine addiction. Le lecteur est concentré sur le destin de Claire, avide de savoir ce qu’il va lui arriver.

Les descriptions des lieux et des personnages permettent une belle immersion, j’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dans cette période historique et dans le destin de Claire et de ces femmes. J’ai été très touchée par ces filles de joie, considérées comme citoyennes de second rang, indésirables, contraintes de vendre leurs charmes afin de ne pas finir dans la rue, vivant avec la menace constante du spectre de la contagion vénérienne. De classe modeste, jeunes, en rupture familiales, ces femmes ne sont que les victimes d’une société patriarcale. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que la fermeture de ces maisons closes a déplacé le problème et mis les filles de joie dans des situations bien plus dangereuses et difficiles.

« La maison des âmes perdues » est un roman marquant et émouvant, porté par le personnage de Claire qui fera tout pour se soustraire à sa condition. Je vous le conseille !

Je remercie Alain et les Éditions de Borée pour cette lecture.

« Ce n’est pourtant pas le travail qui manque à Clermont-Ferrand, et je connais une dame tout à fait comme il faut qui m’honore d’être mon amie. Elle vient en aide aux jeunes filles dans votre situation.
Claire regardait son visiteur avec des yeux ronds. Se pourrait-il que la chance lui sourie ? »

#Lamaisondesâmesperdues      #AlainLéonard      #EditionsdeBorée

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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteur. La couverture est belle, le titre évoque beaucoup de mystère, j’avais envie d’aller à la rencontre de ces âmes perdues.

Auteur connu : retrouvez mes chroniques des précédents romans d’Alain : « Comme un souffle de vengeance », « La prophétie des marguerites », « Un ange dans la tourmente ».

Émotions ressenties lors de la lecture : certains personnages m’ont scandalisée, d’autre ont reçu toute mon admiration, l’ensemble du récit m’a passionnée et intéressée, j’ai ressenti bon nombre d’émotions allant de la joie, à la colère, en passant par la stupéfaction, la satisfaction, le bouleversement, ou encore la résignation.

Ce que j’ai moins aimé : rien à redire sur le fond. Sur la forme, quelques répétitions mais on s’y fait.

Les plus : le contexte historique, détaillé et poussé, les personnages, la plume, la fin.

Si je suis une âme sensible : aucun soucis, vous pouvez lire « La maison des âmes perdues » en toute tranquillité.

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7 réflexions sur “« La maison des âmes perdues » d’Alain LEONARD

  1. Un grand merci à Sonia de m’honorer de cette belle chronique. Curieux de la vie de ceux qui nous ont précédés, je ne pouvais pas passer à côté de cette période de la Belle Époque ni évoquer le triste sort de ces pauvres femmes. Bonne lecture à celles et ceux qui le feront le plaisir de me lire.

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  2. Encore un à mettre de côté. A force tu vas me ruiner en livres 📕😂😂😂🤣🤣🤣. Mais bon tes chroniques te mettent l’eau à la bouche de découvrir ces lectures. Merci pour tes bons commentaires. Je te dirai en septembre ce que j’en ai pensé. Amitiés.

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  3. J’ai terminé le livre de monsieur Léonard. Un bel hommage aux femmes de la fin du XIXe. Livre dur où Claire passe de piège en piège. L’auteur nous intrigue avec des phrases en créole comme ” petite bite va te faire sodomiser ”. Repose en paix Zenaide. J’ai apprécié le livre merci à l’auteur et à notre première lectrice Sonia.

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