« Mon cœur a déménagé » de Michel BUSSI

Informations 

Titre : Mon cœur a déménagé

Auteur : Michel Bussi

Éditeur : Presses de la Cité

Nombre de pages : 416 pages

Formats et prix : broché 22,90 € / numérique 15,99 €

Date de publication : 11 janvier 2024

Genre : polar

Résumé

Mon cœur a déménagé est à la fois un récit initiatique, un roman d’amour et d’amitié, une vaste enquête s’étirant sur plus d’une décennie, et bien entendu une intrigue à twist, nul ne sachant, jusqu’à la dernière page, qui connaît la vérité, et qui la manipule.
 » Papa a tué maman. « 
Ophélie a tout vu, du haut de ses sept ans.
Son père n’est pas le seul coupable. Un homme aurait pu sauver sa mère.
Dès lors, Ophélie n’aura plus qu’un but : retrouver les témoins, rassembler les pièces du puzzle qui la mèneront jusqu’à la vérité. Et se venger !
Enfant placée en foyer, collégienne rebelle, étudiante évoluant sous une fausse identité, chaque étape de sa vie sera marquée par sa quête obsessionnelle.

Mon avis

Le nouveau roman de Michel Bussi est un concentré d’émotions.

Le 29 avril 1983, la vie d’une famille bascule dans l’horreur. Maja et Josselin vivent dans une cité de Rouen. Ils sont sous tutelle et c’est Richard Vidame, travailleur social, qui est chargé de gérer leur budget. Josselin est alcoolique et violent avec sa femme. En cette terrible nuit, la petite Ophélie, sept ans, est le témoin de la énième dispute du couple, qui verra Maja mourir. Josselin est condamné à la prison, Ophélie placée dans un foyer, où elle se liera avec Nina. 

Pour Ophélie, son père n’est pas le coupable, même si tout le dénonce. Dans sa tête d’enfant, sa mère est morte parce que Vidame n’a pas écouté les appels au secours de Maja. 

Les premiers chapitres ont été hyper durs à lire pour moi. On est dans la tête d’Ophélie, cette petite fille de sept ans, qui assiste, impuissante, au pire qui puisse arriver : l’assassinat de sa mère par son père. J’ai failli arrêter ma lecture, je vous l’avoue. Mais le mal était fait : j’avais envie de savoir comment Ophélie allait s’en sortir. Alors, je me suis accrochée…

La construction de « Mon cœur a déménagé » est originale. Michel emploie le « tu », ce n’est pas commun. Cela crée une proximité et une immersion unique. Ophélie s’adresse à différents personnages, chaque tête de chapitre nous indiquant à qui Ophélie parle. Cela évite toute confusion et heureusement, car j’ai eu un peu de mal à me faire à ce point du vue narratif. Mais je dois bien admettre que la connexion émotionnelle en devient captivante. 

« Ne vous inquiétez pas pour ça, avais-je envie de leur dire, je ne vous couterai pas cher en rire et en sourire. Je laisserai tout doucement mon cœur refroidir. Faudra juste lui laisser une petite place dans le frigo. »

La temporalité est également importante, nous suivons Ophélie dans trois époques bien marquées, lors du drame, tout d’abord, puis durant son adolescence et les années collège, et pour finir lorsqu’elle est jeune adulte. Le lecteur grandit avec Ophélie, partage ses peines, et vit avec son désir de vengeance. Toute la vie d’Ophélie tourne autour de cela. Réaction profondément humaine, finalement. Ophélie alimente ce désir avec toute la douleur, la colère et le ressentiment qu’elle peut avoir. Elle s’enferme dans un cycle de violence et de souffrance dans lequel elle va entraîner ses amis. Elle se construit socialement, a des amis, vit des histoires d’amour. Mais elle est habitée par cette vengeance obsessionnelle et une telle rancœur qu’elle ne peut pas avancer et qu’elle risque de se perdre.

Les personnages qui gravitent autour d’Ophélie sont nombreux. Nina, l’amie de chaque instant, soutient Ophélie, toujours là pour l’aider à atteindre son objectif. Steevy, lui aussi participera aux aventures des deux filles, au mépris du risque. Béné, l’éducatrice du foyer, et Lazare, l’ancien voisin, apportent réconfort et soutien à Ophélie. Lazare mène l’enquête, lui aussi souhaite connaître la vérité. Car de nombreuses zones d’ombres subsistent dans cette nuit dramatique. Des habitants de la cité ne dormaient pas cette nuit-là, certains étaient dehors, d’autre à leur fenêtre. Quelqu’un a forcément vu quelque chose, un détail. Qui savait ? Qui n’est pas intervenu ? Qui n’a rien dit ?

Lazare apportera de bons conseils, un peu comme le père qu’Ophélie n’a jamais eu. 

« Pourquoi ne regardes-tu pas ton avenir, toi aussi ? Il te reste un papa, des amis, ta vie ne fait que commencer. Envole-toi, Ophélie, envole-toi sans regarder tout en bas. »

« Mon cœur a déménagé » est un roman riche à tous points de vue. Il évoque le féminicide, bien entendu, mais il plonge également le lecteur dans le poids du passé, le désir de vengeance. Ophélie, enfant placée, comme beaucoup. Le lecteur est immergé dans son quotidien au foyer, c’est loin d’être évident. Le manque d’amour, les repères qui éclatent, l’enfance confrontée à la violence du monde. 

La plume de Michel Bussi est attrayante, fluide, immersive. Les rebondissements sont assez inattendus (l’un a failli me faire pleurer), une fois le roman attaqué, j’ai eu du mal à le lâcher. 

Le portrait d’Ophélie est psychologique. Il lui faut absolument un coupable, quelqu’un sur qui elle pourra déverser toute la haine qui l’habite. Mais qu’a-t-elle réellement vu cette nuit-là ? Ne s’est-elle pas fabriqué de faux souvenirs ? Ne voyant que ce qu’elle voulait voir ? 

Le lecteur suit Ophélie dans sa quête, et il ne connaîtra la vérité que lors d’un twist final à la Michel Bussi, c’est-à-dire, un retournement de cerveau que j’étais bien loin d’avoir vu venir. Je me suis laissée avoir, comme toujours. En refermant ce livre, je me suis dis « Ah oui, quand même ».

Je vous conseille cette lecture, si vous appréciez la plume de Michel Bussi, vous ne pouvez que passer un excellent moment.

« Une vieille rose dont les pétales vont flétrir. Sans épines, sans sève, sans rêve. Je n’ai besoin de personne. Je fais juste comme tout le monde, je vais compter les jours qui passent, en attendant de mourir. »

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le titre m’a interpellée, le résumé m’a soufflé que la lecture serait difficile. J’avais envie de voir sous quel angle Michel Bussi avait travaillé ce sujet grave. 

Auteur connu : retrouvez ici l’ensemble des articles relatifs à l’auteur, j’ai lu beaucoup de ses romans, et j’ai eu la chance de le rencontrer de nombreuses fois, en salon ou en librairie.

Michel Bussi

Émotions ressenties lors de la lecture : je suis passée par toutes les couleurs : angoisse, frousse, colère, nausée, révolte, espoir, abattement. 

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : le sujet, la façon de le traiter, le personnage d’Ophélie, la plume de l’auteur, les rebondissements, et la fin, bien entendu !

Si je suis une âme sensible : pas de violence à proprement parler, on est dans la psychologie, mais la lecture peut vraiment être éprouvante. La preuve : moi qui lit n’importe quelle scène de crime, qui mange tout en lisant une scène d’autopsie, ici, j’ai eu du mal !

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