« Les dames de guerre : Saïgon » de Laurent GUILLAUME

Informations 

Titre : Les dames de guerre : Saïgon

Auteur : Laurent Guillaume

Éditeur : Robert Laffont

Nombre de pages : 496 pages

Formats et prix : broché 20.90 € / numérique 12.99 €

Date de publication : 29 février 2024

Genre : thriller historique

Résumé

Septembre 1953, New York. La rédaction de Life magazine est en deuil. Son reporter de guerre vedette, Robert Kovacs, a trouvé la mort en Indochine française laissant derrière lui un vide immense.
Persuadée que sa disparition n’a rien d’accidentelle, Elizabeth Cole, photographe de la page mondaine, décide de lui succéder et réalise ainsi son plus grand rêve : devenir correspondante de guerre.
C’est le début d’une enquête à l’autre bout du monde, au cœur d’un écheveau d’espions, de tueurs à gages, de sectes guerrières, d’aventuriers, et de trafiquants d’armes. À Saïgon, Hanoï, sur les hauts plateaux du Laos, Elizabeth va rencontrer son destin en exerçant son métier dans des conditions extrêmes et affronter les pires dangers.

Mon avis

Premier tome d’une trilogie d’aventure et d’espionnage.

Autant vous le dire de suite : je suis sortie de ma zone de confort avec cette lecture. Espionnage, histoire, guerre, presque 500 pages, autant de paramètres qui me font frémir d’angoisse. Je me suis lancée, j’ai eu du mal à entrer dans le récit. Et puis, petit à petit, je me suis prise à l’intrigue. Elizabeth y a été pour beaucoup. C’est un personnage que j’ai énormément apprécié. Elle n’hésite pas à aller au devant du danger, reporter de guerre pour une femme, c’est pas commun.

« Et soudain, la guerre devint pour elle une réalité tangible, de cris de souffrances, d’odeurs infectes et de peur si intense qu’elle flottait au-dessus des corps martyrisés comme un nuage aigre. La guerre à l’état brut, sans le filtre esthétisant d’Hollywood ou des journaux télévisés. Sans même le filtre familier et rassurant du viseur de son Leica. »

1953. Indochine française. Robert Kovacs, reporter de guerre, trouve la mort en zone de conflit dans des conditions obscures. Elizabeth va saisir l’opportunité de le remplacer et de quitter son quotidien trop paisible, trop mondain, à New York. Son but reste néanmoins de faire la lumière sur la mort de Kovacs. Elle va troquer son tailleur Chanel et ses Louboutins pour une tenue militaire, rejoindre son contact sur place, Graham Fowler, laissant en plan son mari. Elizabeth n’a pas froid aux yeux, c’est le moins que l’on puisse dire.

« Les reporters qui, quelques instants auparavant, baissaient les yeux, honteux, riaient de cette donzelle manucurée et pomponnée sur un théâtre de guerre. Pour qui se prenait-elle, cette mannequin tout droit sortie de la Cinquième Avenue pour leur assener son caprice puéril, et devant le patron en plus ? »

Laurent s’appuie sur la réalité historique, ses personnages inspirés de vrais gens (Robert Kappa par exemple), et sur des faits réels (la reconstitution de l’opération X est juste fabuleuse de réalisme). Il n’édulcore rien, certaines scènes sont glaçantes, les militaires envoyés sur place (qui sont des professionnels) ont bien compris que ce combat est perdu d’avance, seul l’honneur compte.

L’argent du trafic d’opium permet de financer des opérations et d’acheter des informations. Laurent ne passe rien sous silence, le travail de documentation a été énorme. Tout s’imbrique dans ce récit prenant. L’Histoire avec un grand H et la fiction s’entremêlent, immergeant le lecteur dans une ambiance totalement folle. La colonisation n’apporte rien de bon, elle reste bien trop souvent un drame humain. Et c’est ce que Laurent a mis en avant dans « Les dames de guerre ».

Une scène me vient à l’esprit, celle du premier combat auquel a assisté Elizabeth, brandissant son appareil photo comme pour se protéger des horreurs et atrocités. Du point de vue écriture, cette scène est superbe, visuelle et authentique. Le lecteur peut presque sentir les odeurs de la poudre et du sang. Cette scène, vue à travers les yeux (et surtout l’objectif) d’Elizabeth permet d’accéder à ses pensées et émotions, ce qui rend ce chapitre émotionnellement très puissant.

La plume de Laurent est percutante, détaillée, visuelle. Les dialogues sont vifs, et les descriptions plongent le lecteur directement au cœur de l’action. Le rythme ne faiblit jamais. Les personnages sont complexes, profondément humains, catapultés dans des situations extrêmes. Les femmes sont mises à l’honneur dans ce monde masculin. Outre Elizabeth, nous croisons la route de Lian, vivant chichement avec sa grand-mère et son fils, Oanh. La jeune femme fait un travail peu louable pour subvenir aux besoins de sa famille.

Les hommes gravitant autour de notre héroïne sont assez macho, situation oblige. Le capitaine Louis Bremond, surnommé « Le chat », parachutiste dans la Légion Étrangère, tentera de rester discret dans ses missions non-conventionnelles, c’est le moins que l’on puisse dire. Dao et Monsieur Chen, quant à eux, font froid dans le dos. Elizabeth dérange, il va falloir qu’elle soit vigilante sur qui elle côtoie.

Une lecture enrichissante et vive, il n’y a plus qu’à attendre le second tome, prévu pour l’an prochain ! J’ai hâte de le découvrir ! « Les dames de guerre : Saïgon » est une lecture que je vous recommande pour ses personnages et son contexte historique.

« À chaque pas,ses brodequins s’enfonçaient dans la fange, puis faisaient un bruit humide de succion lorsqu’il les en dégageait. Des rebords de son chapeau de brousse coulaient des filets d’eau comme des gouttières. La pluie tombait en abondance depuis trois jours sur la colonne de parachutistes coloniaux français qui progressait dans ce foutu marécage couvert d’eulalie, la fameuse  » herbe à éléphants » haute de plusieurs mètres. »

Je remercie les Éditions Robert Laffont, EDITIS et Polar Connection pour cette lecture.

#LesdamesdeguerreSaïgon     #LaurentGuillaume

Les dames de guerre

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : je vais être honnête, ce roman m’a été donné lors des Quais du Polar. Comme je l’ai dit plus haut, le côté roman d’espionnage ne me branche pas plus que cela. Découvrir le personnage d’Elizabeth, reporter de guerre m’a intéressée, ainsi que le fait de partir dans l’Indochine des années 50. Deux bons points donc !!

Auteur connu : retrouvez mes chroniques de  « Mako »  et « Un coin de ciel brûlait » . J’ai eu la chance de rencontrer Guillaume à plusieurs reprises en salon, dont les derniers quais du polar.

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Émotions ressenties lors de la lecture : horreur, effroi, colère, doute, dégoût, surprise, admiration, espoir, les émotions étaient bien là !

Ce que j’ai moins aimé : pas grand chose, en définitive !

Les plus : le contexte historique, la richesse documentaire, les personnages, la plume, le rythme.

Si je suis une âme sensible : nous sommes dans un récit de guerre. Certaines scènes sont violentes et peuvent choquer, méfiez-vous.

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