« La colère d’Izanagi » de Cyril CARRERE

Informations 

Titre : La colère d’Izanagi

Auteur : Cyril Carrère

Éditeur : Denoël

Nombre de pages : 320 pages

Formats et prix : broché 20.90 € / numérique 14.99 €

Date de publication : 21 février 2024

Genre : thriller

Résumé

LA VIE POSSÈDE MILLE FACETTES ; LA MORT, UNE SEULE
Tokyo.
Un incendie criminel ravage le cœur de l’un des plus grands quartiers d’affaires au monde.
L’enquête est confiée à Hayato Ishida, flic prodige mais solitaire qui tente de se reconstruire en marge de la Crim. Il est rejoint par Noémie Legrand, franco-japonaise décidée à briser les chaînes d’un quotidien frustrant.
Sur leur chemin, un couple d’étudiants dans le besoin, à la merci d’une communauté où solidarité rime avec danger.
Et, tapi dans l’ombre, celui qui se fait appeler Izanagi, bien décidé à mettre son plan destructeur à exécution…
Avec un art consommé du suspense et une construction d’orfèvre, Cyril Carrère tisse une intrigue captivante dans un Japon sombre et contemporain.
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« Un piège infernal au cœur d’un Japon obscur et émouvant ».
Takashi MORITA

Mon avis

Un thriller percutant qui nous fait découvrir le vrai visage du Japon.

Cyril nous propose une liste de personnages en début de roman, et j’ai trouvé ça super. Les noms et prénoms japonais sont difficiles à appréhender pour nous, occidentaux. Du coup, cette petite attention évite de nous perdre en cours de route. Merci !

Noémie Legrand, 35 ans, vit à Tokyo avec sa fille et ses parents. Nous découvrons cette pratique courante en Asie de vivre avec ses parents et l’importance de la famille et de la collectivité. Cette responsabilité intergénérationnelle est bien démontrée ici.

« – Tu sais aussi bien que moi que le vrai épanouissement pour une femme tient dans le mariage et la vie de famille. Pas dans les heures sup au travail.
– Ça suffit, maman. C’est à cause de ce type de raisonnement que les choses stagnent dans ce fichu pays. »

Hayato Ishida, 27 ans, est un policier d’un genre que je qualifierais de bizarre : il préfère travailler seul, il est HPI (Haut Potentiel Intellectuel, si vous ne connaissez pas la série tv…) et il doit vivre avec l’hyperosmie (odorat exacerbé). Il mène néanmoins ses enquêtes à la perfection faisant de ses inconvénients une force.

Ces deux personnages aux caractères vifs, bien trempés et totalement opposés vont faire équipe pour découvrir qui a incendié la Velvet Tower. C’est sur cet incendie que s’ouvre « La colère d’Izanagi » et je dois dire que j’en ai eu la chair de poule. La description de l’incendie, avec les gens coincés à l’intérieur, préférant sauter par les fenêtres plutôt que mourir brûlés vifs m’a fait remonter le temps de l’autre côté de l’Atlantique, un certain 11 septembre. Immersion directe, le lecteur est happé instantanément.

J’ai ressenti beaucoup d’empathie envers Noémie et Hayato. Noémie est une occidentale, mère célibataire de surcroit, elle cherche à faire ses preuves, professionnellement parlant, sacrifiant sa vie de mère. Dilemme que connait toute mère. Le Japon ne fait pas exception, les changements sociaux, culturels prennent du temps, l’égalité homme-femme est encore loin…Grâce à ses origines (mère asiatique et père européen), ce personnage permet également de mieux appréhender la multiculture, les problèmes identitaires et les discriminations (à dose homéopathique, ne vous inquiétez pas).

Hayato m’a fait rire, c’est un estomac sur pattes ! J’ai bavé devant les plats qu’il dévore sans vergogne. J’adore la nourriture asiatique. Solitaire, je le suis également. Je me suis reconnue à plusieurs reprises dans ses répliques et agissements.

Les chapitres s’enchaînent, le point de vue change, c’est au tour de deux étudiants à l’université des Arts, Suzuka et Kenta, d’entrer en scène. Kenta souffre de phobie sociale et d’anxiété chronique. Là aussi, c’est l’occasion pour le lecteur de découvrir une pathologie dont souffrent beaucoup de japonais. Pour tenter de résoudre ses problèmes financiers, Kenta va se lancer dans une épopée plus que périlleuse, dans le Darknet pour vous donner un indice.

La construction du roman est classique. On suit alternativement les deux arcs narratifs, en se doutant qu’ils se rejoindront à un moment ou à un autre. Le suspense est maintenu tout le long du récit, il faut rester attentif afin de récolter les informations dévoilées par chaque duo pour tenter de résoudre l’enquête (bon courage !). La plume de Cyril est vive et travaillée.

J’ai vraiment apprécié les thèmes développés dans ce roman, ainsi que l’immersion au Japon. On découvre ce pays et ses habitants depuis l’intérieur, nous sommes loin des portraits brossés par les guides touristiques. Cyril vit au Japon depuis plusieurs années, c’est un avantage indéniable ! Il connaît ce dont il parle. Il a précisé dans ses remerciements qu’il souhaitait démystifier le Japon et la vision que l’on peut en avoir. Pari réussi ! 

« Tu sais, une personne disparue ne meurt pas tant qu’il reste au moins quelqu’un pour penser à elle, qui continue à perpétuer son souvenir. »

Le titre est tout trouvé et prend tout son sens. Izanagi est un personnage de la mythologie japonaise (un conseil : n’allez pas voir tout de suite qui il est, cela vous spoilerait une partie de l’intrigue).

La fin est juste « Wouah », perso, je n’ai rien vu venir. Un twist final magistral, qui donne une furieuse envie de relire le roman. Histoire de déceler les ficelles qui nous sont passées sous le nez. Et peut-être retrouverons-nous Noémie et Hayato dans une autre enquête ? Qui sait ? Si c’est le cas, j’en serai !

Je vous conseille la lecture de « La colère d’Izanagi » pour le dépaysement et la découverte du Japon. Un roman qui mélange parfaitement traditions et manière de vivre japonaise.

« Pour elle, la vie se nourrissait de contacts humains, de dialogues, d’éclats de rire, de larmes, d’émotions. De petites histoires, de rituels, de réactions, d’échanges, de souvenirs. Comment pouvait-on être heureux en restant confiné dans un monde aussi abstrait, froid, artificiel et impersonnel que celui du Net ? »

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La colère d'Izanagi

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteur tout simplement ! Je n’ai même pas lu le résumé.

Auteur connu : j’ai lu « Grand froid »  et « Avant de sombrer » . J’ai pu rencontrer Cyril a deux reprises aux Quais du Polar, dont en  2023, où j’ai pu acheter « La colère d’Izanagi » avant qu’il ne soit sold out !

Quais du Polar 2024

Émotions ressenties lors de la lecture : angoisse, inquiétude, impuissance, irritation, mais aussi empathie, envie, curiosité, satisfaction.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : le cadre, la plume, les personnages, le rythme, les rebondissements, la fin. 

Si je suis une âme sensible : rien de bien méchant, mais bon, méfiez-vous tout de même.

8 réflexions sur “« La colère d’Izanagi » de Cyril CARRERE

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