Informations
Titre : A la hauteur
Auteur : Mélinda Schilge
Éditeur : autoédition
Nombre de pages : 357 pages
Formats et prix : broché 15 € / numérique 4.99 €
Date de publication : 7 février 2024
Genre : écofiction
Résumé
Sylvain, un photographe botaniste instable, et Mathilde, une citadine convaincue, ont été séparés par une soudaine montée des eaux qui a détruit les moyens de communications traditionnels. Sylvain s’est retranché dans les monts du Lyonnais avec Jonas, le fils de Mathilde, et se trouve obligé de composer avec son beau-père et les rescapés, lui, le solitaire invétéré – qui venait cependant de s’installer avec Mathilde. Sa dulcinée, elle, a été charriée par les eaux jusqu’à une île inconnue à plusieurs centaines de kilomètres où elle doit survivre seule, avant d’affronter une nature hostile, pour retrouver les siens.
Autour d’eux, une société se recrée à partir de ce qui reste dans les hauteurs. Les scientifiques s’activent pour trouver les causes de la catastrophe.
Quelles sont opportunités à saisir pour bâtir une nouvelle façon de vivre ensemble ?
Quant à Sylvain et Mathilde, comment vont-ils s’adapter à leurs nouvelles vies ? Vont-ils réussir à repartir ensemble vers un nouvel horizon ?
Mon avis
Un récit immersif qui interroge sur notre rapport au monde et à la société.
Lyon. Sylvain et Mathilde filent le parfait amour. Ils décident d’emménager ensemble. Sylvain devra apprivoiser Jonas, 6 ans, le fils de Mathilde.
« J’aime cet air parfumé de senteurs boisées qui pénètrent à chaque respiration en offrant une suave purification. Bientôt, nous dépassons un saule qui se penche vers une retenue d’eau. »
Une inondation subite va pousser Mathilde et Sylvain dans leurs retranchements. Mathilde, qui se moquait des survivalistes et de leur trousse de première urgence, regrette bien de ne pas les avoir écoutés. Si elle avait su, elle aurait acheté un couteau suisse plutôt qu’une paire d’escarpins…
Le couple est séparé par la catastrophe et tente de survivre sans savoir si l’autre est vivant.
La plume est rythmée, fluide, la construction polyphonique offre au lecteur deux angles différents. Mathilde et Sylvain ont chacun une perception unique des Évènements. Mathilde, catapultée loin de Lyon, essaye de rentrer chez elle par tous les moyens. Sylvain et Jonas, quant à eux, ont échappés au pire, étant dans une toute relative sécurité chez le père de Mathilde, dont la maison, en hauteur, a échappé à la montée des eaux. J’ai apprécié le personnage de Mathilde, elle évolue au fil des chapitres et se découvre un instinct de survie qu’elle n’avait pas soupçonné jusqu’alors. Déstabilisée par sa situation, elle rebondit assez vite pour trouver un abri, de l’eau, de la nourriture.
Aristide, l’ami du couple, scientifique, souffre d’un syndrome post-traumatique suite aux Évènements. Les chapitres qui lui sont consacrés utilisent la troisième personne du singulier. Cela crée une certaine distance entre le lecteur et Aristide. Le jugement du jeune homme est biaisé, sa perception dictée par ses émotions et ses angoisses. Cette narration permet d’avoir un regard externe sur le personnage, le rendant plus complexe.
Cette construction évite la monotonie, Mélinda jouant sur différents niveaux de distance et de subjectivité.
Nos personnages, par ce retour obligatoire à l’essentiel, vont réévaluer leurs priorités. Où comment tirer le meilleur d’une catastrophe. J’ai trouvé fascinant de voir par quel moyen une nouvelle société se mettait en place. Recréer des règles de vie commune, un nouvel ordre social, tous sont revenus aux fondamentaux des rapports humains.
« Les sapins vigoureux indiquent une altitude plus civilisée, mais en relevant la tête, il est saisi par le spectacle insensé : au loin, ils ne sont plus que tâches sombres déposées sur des monticules esseulés et entourés d’un liquide vaporeux. »
Mélinda explore l’instinct de survie, la solidarité ou encore l’égoïsme. A la suite des Évènements, une nouvelle société doit se reconstruire. Le lecteur en vient à réfléchir sur notre dépendance aux systèmes modernes. Comment survivre sans eux ? Notre société contemporaine est d’une extrême fragilité, et c’est cela que Mélinda pointe du doigt. Nous ne sommes pas à l’abri d’une catastrophe naturelle (les inondations sont de plus en plus fréquentes en France, les cyclones redoublent d’intensité dans le monde).
La réflexion sur les valeurs humaines est intéressante. Est-ce l’individualisme ou le collectif qui prime dans pareille situation ? Que ferions-nous à la place de Mathilde, de Sylvain ? Plusieurs niveaux de lecture s’offrent à nous. La lutte pour la survie de Sylvain et Mathilde permet des tensions et des rebondissements rendant le lecture de « A la hauteur » agréable et captivante. Les Évènements sont une métaphore de la crise environnementale, économique et politique que vit le monde actuellement. En abordant des enjeux très actuels, « A la hauteur » devient une critique sociale passionnante. Sommes-nous à la hauteur, justement ? Lorsqu’on regarde les actualités, on se rend bien compte que la réponse est non…Le lecteur peut également se focaliser sur le couple Mathilde / Sylvain. Les Évènements peuvent être pris comme une crise de couple qu’il faut surmonter.
J’ai ressenti pas mal d’angoisse lors de cette lecture, je suis sensible aux problèmes environnementaux, et il ne faut pas nier que l’avenir fait peur. Avec « A la hauteur » j’ai pris conscience de ma propre vulnérabilité et j’ai revu mes priorités.
Quelques bémols concernant le rythme. J’ai trouvé la mise en place un peu longuette, et la catastrophe en elle-même pas assez développée. J’ai ressenti de la frustration à ce moment-là. Bien vite dissipée par la suite, je vous rassure ! Par contre, j’ai apprécié le fait que les protagonistes sont originaires de Lyon. « A la hauteur » m’a permis de découvrir la Capitale des Gaules autrement.
Je vous conseille la lecture de « A la hauteur » si la fragilité de nos systèmes actuels face aux catastrophes naturelles vous intéresse et si vous souhaitez découvrir des personnages résilients et poussés dans leurs retranchements.
« – Il y a un barrage hydroélectrique en contrebas, commente-t-il, alors nous avons de l’électricité jusqu’à dix-huit heures. Ensuite, par contre, c’est à la bougie. »
Je remercie Mélinda pour cette lecture.
#Alahauteur #MélindaSchilge #autoédition

En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’aime beaucoup les romans de Mélinda. A chaque fois, c’est un voyage atypique et étonnant. Avec « A la hauteur », j’avais envie de découvrir ce côté catastrophe et reconstruction.
Auteur connu : retrouvez mes chroniques de « Ciao bella la vie l’emportera » et « Tous les matins elle boitait ». J’ai eu la chance de rencontrer Mélinda puisqu’elle a participé deux fois aux Boënnales.
Émotions ressenties lors de la lecture : peur, angoisse, curiosité, frustration, envie.
Ce que j’ai moins aimé : la mise en place un peu trop longue.
Les plus : les différents niveaux de lecture, la construction, les personnages, les questions que l’on se pose immanquablement sur notre société.
Si je suis une âme sensible : aucun problème, vous pouvez y aller.

Bonjour Sonia. Eh oui nous sommes dans un tournant de notre histoire. Mais ne t’inquiète pas, l’avenir va être meilleur. J’en suis persuadée, toutefois ça ne viendra pas de l’humain….. très bon résumé. Bonne journée 💕
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Coucou Domi. Non il est clair que ca ne viendra pas de l’humain….plus le temps passe et plus je me dis que l’humain est mauvais. Il se détruit lui même. Bonne soirée bisous
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Bolla
Je note cette idée de livre
Je sors de 3 jours de Covid dur dur
Bonne lecture à la communauté SBDL
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Ah mince Olivier. Tu vas mieux ? Pas trop crevé ? Courage. Bises
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Je crois que j’avais déjà dû croiser ce titre sur la blogosphère, et que ça a éveillé ma curiosité…
Merci pour la piqure de rappel!
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola
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