Informations :
Titre : soir de fête
Auteur : Zineb Dryef et Mathieu Deslandes
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 240 pages
Format et prix : broché 18 € / numérique 12.99 €
Date de publication : 28 août 2019
Genre : essai
Résumé :
Car à Sougy, le village de la Beauce d’où sa famille est originaire, lorsque son grand-père naît au printemps 1923, on ne dénombre pas un, mais trois enfants nés hors mariage, pour quatre grossesses… Neuf mois précisément après le bal annuel, en août 1922. Ce soir-là, toute la jeunesse locale avait dansé. Et les garçons s’étaient mis en tête d’aller plus loin, chacun entraînant une fille dans les chemins alentours. Or d’après la vieille dame qui raconte l’histoire à Mathieu, les filles n’étaient pas consentantes.
Mois après mois, Mathieu Deslandes mène l’enquête, questionne, remue les souvenirs et les archives pour comprendre ce qui s’est vraiment passé. Il raconte un village, ses silences, une France qui paraît lointaine et qui a pourtant mis longtemps à évoluer. Il dit les résonances de l’événement, génération après génération. Son enquête est nourrie du regard de Zineb, de leurs discussions. Elle-même y trouve un écho avec sa propre histoire.
Mon avis :
Voilà un récit que seule la rentrée littéraire peut nous proposer. Un documentaire sous forme de roman, où la frontière entre fiction et réalité est vraiment très ténue, voire inexistante. Les narrateurs, Mathieu et Zineb, couple de plume comme dans la vie, mènent l’enquête et dénouent le fil des non-dits, balançant un pavé dans la mare du silence.
A l’époque du #MeToo, de l’affaire Weinstein, des œuvres comme celle-ci sont impératives ! Afin d’ouvrir les yeux au plus grand nombre.
Avec beaucoup de sensibilité, de justesse, le lecteur va suivre cette enquête, dénouer le fil pour aboutir à la vérité. A Sougy, petit village de 700 âmes en plein cœur de la Beauce, 9 mois après le bal de la fin d’été, trois filles donnent naissance à des bébés dont l’identité du père reste inconnue. Coïncidence ? Personne ne fait le rapprochement. A cette époque, le viol n’est pas reconnu comme tel, et les violeurs ne sont jamais poursuivis ou condamnés. Les victimes ont l’impression d’avoir commis une faute, un pêché, elles se voient comme des débauchées, des filles perdues, et le silence reste de mise. Il existe une zone floue, nommée la « zone grise« , dans laquelle le rapport sexuel ne serait plus vraiment un acte consenti mais pas tout à fait une agression. Viol ou consentement ? Provocation ou résignation ?
Au fil de la lecture, on s’aperçoit que Zineb et Mathieu sont directement concernés par ce drame, rajoutant beaucoup d’émotions à cette enquête poignante, mettant en exergue la parallélisme entre les années vingt et nos jours, où certes, les mentalités ont changés, où la contraception est une évidence mais où malgré tout le fond du problème subsiste. La culture du viol qui protège les agresseurs et culpabilise énormément les victimes est une réalité dans notre société, et les auteurs nous dressent un portrait lucide et une analyse informée et rigoureuse de ce triste constat.
Une lecture qui bouscule, nécessaire, que je ne peux que vous conseiller.
Je remercie les Éditions Grasset et NetGalley pour cette lecture.
#NetGalleyFrance #SoirDeFete #RentreeLitteraire2019
En résumé :
Auteurs connus : pas du tout ! Zineb est journaliste indépendante. Auteur de « Dans les murs. Les rats de la grande peste à Ratatouille », elle signe ce nouveau titre choc avec son compagnon.
Émotions ressenties lors de la lecture : j’ai ressenti beaucoup d’émotions lors de cette lecture, naviguant entre le dégoût et l’admiration pour ces femmes qui m’ont bluffées du début à la fin. Elles ont été d’une force et d’une résilience incroyable, surmontant ce drame avec courage.
Ce que j’ai moins aimé : j’ai passé un super moment de lecture, je n’ai rien trouvé à redire tant sur l’écriture ou encore sur la construction.
Les plus : le côté documentaire, le lien entre le sujet et les auteurs, le comparatif passé – présent très judicieux.