Interview d’Ivan ZINBERG

 

Présentation de l’auteur

Ivan Zinberg est capitaine de police et romancier.
Il est l’auteur des thrillers « Jeu d’ombres » (2014), « Étoile Morte » (2015) et « Miroir Obscur » (2017) aux éditions Critic. En 2019, il publie son quatrième roman « Matière noire » chez Cosmopolis.

 

Ivan Zinberg

 

Bibliographie

Matière noire par Zinberg

Miroir obscur par Zinberg

Étoile morte par Zinberg

Jeu d'ombres par Zinberg

Je remercie Ivan d’avoir accepté cette interview.

Quand et comment es-tu venu à l’écriture ? Pourquoi un « flic » décide-t-il un jour de prendre la plume et de raconter des thrillers ?

J’avais à peu près vingt ans, je lisais beaucoup et j’ai commencé à écrire un peu par hasard pour voir ce que ça pourrait donner. Je m’intéressais à la structure et à la machinerie complexe mises en place dans les romans que je lisais depuis l’adolescence. Je voyais aussi des choses qui me gênaient ou même carrément mal écrites et j’ai dû me dire à un moment donné que j’étais capable d’écrire moi-même, voire de faire mieux que certains auteurs qui me passaient entre les mains. Mais je ne me rappelle pas en détail cette époque, c’est assez flou. Plus tard, il m’a paru évident que je devais écrire. Je m’y suis mis avant de devenir policier, donc ce n’est pas lié à mon métier actuel. J’écris des polars et des thrillers car c’est mon genre favori, même si j’en lis beaucoup moins aujourd’hui.

« Jeu d’ombres » est ton premier roman publié. Cette aventure a-t-elle été difficile ?

Elle a surtout été longue, mais pas tellement difficile. J’ai mis une dizaine d’années à le terminer car je n’écrivais que de temps en temps et je prenais le temps d’élaborer un texte assez solide pour espérer être publié. Avec patience et discipline, j’ai peaufiné mon manuscrit jusqu’à la version la plus aboutie possible à mon niveau. Après envoi à quelques éditeurs, j’ai eu rapidement une réponse positive de Critic. Je me suis engagé pour trois livres. Le premier roman est un peu celui avec lequel on apprend vraiment à écrire. Sa gestation est souvent plus longue, on emmagasine beaucoup d’expérience avec le premier roman. Mais il est clair aussi qu’on apprend sans cesse et qu’on peut s’améliorer en permanence.

Quel est ton rapport avec ton roman, une fois qu’il est publié ? Es-tu angoissé, content, y-a-t-il un manque ?

Je suis heureux de tenir le livre entre les mains, c’est une sensation d’accomplissement et de satisfaction très forte. Ensuite, le voir en librairie et lire ou entendre des retours de lecture est un grand plaisir. Le but, c’est que les lecteurs passent un bon moment. Je ne ressens pas d’angoisse particulière, non. Mais peut-être qu’il y aura une pression plus importante pour le prochain, car « Matière Noire » est mon roman qui a le mieux marché et il n’a recueilli – pour l’instant – aucune critique vraiment négative à ma connaissance. Donc il va falloir essayer de faire aussi bien la prochaine fois… Sinon, autant que je me souvienne, je ne ressens pas de manque une fois l’écriture achevée.

Combien de temps te prend, en général, l’écriture d’un nouveau roman ? Entre la période de recherche, de documentation, et d’écriture pure ?

La période d’écriture pure dure environ une année. La phase précédente de création de l’histoire et des personnages peut prendre deux ou trois mois, dans ces eaux-là. Pour « Matière Noire », je n’ai pas vraiment eu de recherches à faire. Je connaissais les lieux qui apparaissent dans l’histoire et c’est un polar, donc un univers que je connais bien, évoluant moi-même dans la police. Le plus long, je trouve, c’est de trouver une bonne idée de roman à écrire, et dans mon cas ça prend des mois et des mois. On a toujours plein d’idées, mais trouver une bonne idée, un angle intéressant, une approche originale, est bien plus rare. C’est vraiment ce que je trouve le plus dur dans l’écriture.

Es-tu un adepte des plans ? Ou écris-tu plutôt au feeling ?

J’utilise un plan détaillé. Toute la structure est bâtie à l’avance. Pour une intrigue à suspense où l’on remonte le fil pour trouver la clé du mystère, il me paraît impossible de ne pas maîtriser le plan dès le départ, au risque de fabriquer une histoire trop linéaire et trop générique, sans connexions cachées. Le feeling se situe plutôt dans la façon de raconter : la couleur du texte, son relief, les à-côtés, le choix des mots, les techniques, les anecdotes, les dialogues… c’est-à-dire l’habillage du squelette. Je peux modifier à la marge le chapitrage prévu, mais la séquence globale ne change pas. On pourrait croire que cette méthode limite la créativité. C’est exactement l’inverse. En balisant correctement le terrain, on peut tout se permettre dans un cadre bien défini.

As-tu un rituel d’écriture ? Un lieu exclusif dans la maison ? A quoi ressemble ton espace d’écriture ? Te fixes-tu des objectifs journaliers ou hebdomadaires ?

Je n’ai pas vraiment de rituel d’écriture. Je dois juste avoir deux bonnes heures devant moi pour écrire, le temps de rentrer dans l’histoire. Le mieux, c’est quatre heures d’écriture, c’est ce que je préfère. Il me faut en moyenne deux heures par page, mais ce n’est pas un « premier jet » brouillon. La page est presque définitive et sortira quasiment comme ça. Il y a peu de corrections derrière, le texte est déjà très propre quand je l’envoie à l’éditeur. En période d’écriture, j’écris tous les jours. Pour « Matière Noire », j’ai écrit tout le texte en étant allongé sur mon canapé (rires). Avant, j’écrivais dans mon bureau, assis à ma table de travail. Maintenant, j’utilise un support de PC portable qui me permet de rester allongé comme quand je lis un bon livre. C’est plutôt confortable, je vais renouveler l’expérience (rires).

Dans « Matière Noire », tes personnages sont extrêmement développés. J’aimerai que tu nous raconte comment tu construis ces personnages. Sont-ils fictifs à 100 % ou pioches-tu dans le panel de gens de ton entourage ou que tu as croisé ?

Mes personnages sont construits en détail à l’avance sous tous leurs aspects et presque tous sont inspirés de mon entourage ou d’individus réels. Pour les personnages de flics, je m’inspire de policiers anonymes que je connais ou de figures policières plus médiatiques. Pour les personnages de délinquants et de criminels, c’est la même chose : je peux m’appuyer sur ce que je connais au quotidien, mais aussi sur des noms célèbres. Inès et Dounia, le duo de jeunes filles de cité qui sont au cœur de « Matière Noire », existent bien dans la réalité. Leurs noms, leur histoire personnelle et leur quartier sont modifiés, mais les profils sont authentiques. Si les lecteurs les voyaient pour de vrai, ils découvriraient exactement les personnages de « Matière Noire ».

Es-tu sur un nouveau projet ? Peux-tu nous en parler ?

Je travaille sur mon prochain roman. J’en suis à la phase de construction de l’intrigue et des personnages. Ce sera à nouveau un polar assez réaliste dont l’intrigue se déroulera en France. Je n’écrirai d’ailleurs plus de romans se déroulant aux USA. C’est la France que je connais le mieux et le rendu est bien meilleur. C’est plus intéressant pour les lecteurs et beaucoup plus agréable à écrire.

 

Quelques questions plus légères pour mieux te connaître :

Un auteur (mort ou vivant) que tu souhaiterais rencontrer ?

Michael Connelly ou Stephen King. Hors romanciers, Kurt Cobain ou Serge Gainsbourg. Ce sont des créateurs exceptionnels, dont j’adore lire, écouter et réécouter les interviews. Parler avec eux de certains points précis et leur poser des questions techniques ou artistiques dont je n’ai pas les réponses m’intéresserait beaucoup.

Le livre que tu offrirais à un parfait inconnu ?

Un Bescherelle. Vu la tendance générale, j’aurais des chances de tomber juste. Le niveau général se dégrade et ce constat est désolant. En 2015, le ministère de l’Éducation nationale avait organisé une dictée test pour des élèves de CM2. Résultat, ils avaient fait en moyenne 17,8 fautes. En 2007, c’était 14,3 et en 1987 seulement 10,6. Tout est dit.

Ton dernier coup de cœur littéraire ?

Je suis en train de lire « 22/11/63 » de Stephen King, c’est très bon. Les histoires de voyage à travers le temps ont un côté magique et celle-ci fonctionne superbement. Peut-être qu’un polar avec voyage dans le temps en prime pourrait être une bonne idée de roman.

Si tu devais te réincarner dans l’un de tes personnages, ça serait lequel et pourquoi ?

Peut-être un personnage de policier enquêteur à Los Angeles comme il en apparaît dans mes deuxième et troisième romans. Vivre sous le soleil californien ne doit pas être désagréable et cette ville me fascine par bien des aspects. Mais je ne crois pas en la réincarnation (rires).

Ta recette de cuisine pour écrire :

Réunir les ingrédients fondamentaux : passion, imagination, discipline et endurance.

Le mot de la fin est pour toi :

Merci Sonia pour cet échange. C’est toujours un plaisir de voir des lectrices passionnées comme toi qui lisent beaucoup et écrivent de belles chroniques de romans. Heureusement, il n’y a plus seulement la presse écrite qui compte, Internet a pris une importance majeure dans la promotion du livre et la transmission du goût de la lecture. Continue comme ça !

Je remercie de nouveau Ivan pour sa disponibilité et sa gentillesse.

Je vous propose de découvrir mes chroniques de « Matière noire » , « Etoile morte »  et « Jeu d’ombres »

Ivan Zinberg

Boënnales 2018

5 réflexions sur “Interview d’Ivan ZINBERG

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