Informations :
Titre : un tesson d’éternité
Auteur : Valérie Tong Cuong
Éditeur : J.C. Lattès
Nombre de pages : 300 pages
Format et prix : broché 20 € / numérique 14.99 €
Date de publication : 18 août 2021
Genre : littérature générale
Résumé :
Anna Gauthier mène une existence à l’abri des tourments entre sa pharmacie, sa villa surplombant la mer et sa famille soudée.
Dans un climat social inflammable, un incident survient et son fils Léo, lycéen sans histoire, se retrouve aux prises avec la justice. Anna assiste impuissante à l’écroulement de son monde, bâti brique après brique, après avoir mesuré chacun de ses actes pour en garder le contrôle.
Qu’advient-il lorsqu’un grain de sable vient enrayer la machine et fait voler en éclats les apparences le temps d’un été ?
À travers un portrait de femme foudroyant d’intensité et d’émotion, Un tesson d’éternité remonte le fil de la vie d’Anna et interroge en un souffle la part emmurée d’une enfance sacrifiée qui ne devait jamais rejaillir.
Mon avis :
Anna Gauthier symbolise la réussite : d’origine modeste, elle a réussi à gravir l’échelle sociale. Pharmacienne, elle est mariée à Hugues, qui occupe un poste important à la mairie de leur commune. Leur fils unique, Léo, passe le bac dans quelques semaines et s’apprête à intégrer une prépa. Cette famille vit dans l’opulence, une belle villa, de belles relations.
« Elle aime que tout soit sous contrôle, son contrôle. C’est le prix à payer pour garantir l’essentiel, c’est-à-dire cette vie choisie, construite, sa belle villa sur les hauteurs, sa famille solide, cette réputation, ce respect qu’on lui témoigne. »
Tout bascule le jour où Léo est arrêté. Il a frappé un policier lors d’une manifestation qui a mal tournée. Anna tombe des nues, ce doit être une erreur, son fils parfait de peut pas avoir fait cela. Les vidéos diffusées et tournant en boucle sur les réseaux sociaux lui confirme pourtant l’acte. Ce n’est pas possible, c’est un malentendu, son fils parfait s’est retrouvé au milieu de cette manifestation par hasard. Il va rentrer à la maison le soir même, il ne peut pas en être autrement…
Et pourtant, garde à vue, détention provisoire pour l’exemple, Léo se retrouve en prison, et toute la vie d’Anna s’écroule. Elle va mettre toute son énergie à aider et soutenir son fils, bec et ongles. Peu à peu, elle se rendra compte que son fils parfait ne l’est pas tant que ça, que son couple parfait se craquelle chaque jour un peu plus, que ses amis parfaits la lâchent impitoyablement. Cette descente aux enfers fera resurgir le passé d’Anna, après des années consacrées à le refouler au plus profond de sa mémoire. Le lecteur navigue entre présent, les visites d’Anna au parloir, les disputes avec Hugues et ses amis, et le passé, où l’on découvre en Anna une adolescente complexée, pauvre et apeurée. Son fardeau deviendra un peu plus lourd de jour en jour.
Anna, femme forte, qui aime tout contrôler, va perdre ce fameux contrôle. Non seulement elle n’aura plus aucune emprise sur sa vie présente, mais en plus, elle va se prendre en plein figure la réminiscence de son passé. J’ai adoré ce personnage. Derrière ce rôle qu’elle joue, elle se révèle si fragile. Cette faiblesse que personne n’a pourtant jamais soupçonné. Cette blessure profonde, qu’elle croyait cicatrisée, et qui s’ouvre à nouveau pour mieux la déchirer.
Valérie nous démontre par A+B comment un événement peut venir détruire le travail de toute une vie. La plume est juste, limpide, bouleversante. Elle embarque son lecteur dans un roman tout simplement inlâchable. Je suis une mère, j’ai ressenti la douleur d’Anna face à l’incarcération de son fils. La détention de Léo va changer profondément chaque membre de la famille. Hugues aura une sorte de rejet vis-à-vis de son fils, persuadé qu’il doit payer pour sa faute. Léo sortira bien trop vite de l’insouciance, basculant en une seconde dans un monde impitoyable où la loi du plus fort règne. Quant à Anna, elle va s’embourber dans la toile de sa vie jusqu’à l’ultime explosion, le fracas final.
« Ce moment précis où les proches, les familles prennent conscience du point de bascule, ce moment où ils commencent à glisser, avalés par un monde inconnu. Cette seconde où ils comprennent qu’eux aussi entrent en détention, d’une certaine manière. Qu’ils ne pourront plus choisir mais devront obéir. »
Des thèmes graves sont creusés, tels le harcèlement scolaire, le viol, la drogue, l’amour, et bien sûr l’incarcération. Même si ce dernier point est enjolivé par rapport à la réalité (c’est la lectrice de thrillers qui parle ). Un portrait de femme touchant, foudroyant d’intensité, qui bouleverse profondément.
La fin libératrice pour Anna est brutale, mais finalement, complètement inéluctable. Elle m’a beaucoup affectée.
On ne peut s’empêcher de s’interroger sur les gens que l’on connait…Les connait-on si bien que cela, finalement ? Une lecture que je ne suis pas prête d’oublier. L’un des piliers de cette rentrée littéraire que je vous conseille absolument.
« Elle avait repéré, assises aux premiers rangs des amphis ou penchées sur les tables carrelées des laboratoires de chimie, les filles de bonne famille. Elle les avait observées durant presque six ans : leurs manières de se tenir et de marcher, de se vêtir, de parler et de rire, de tomber amoureuses, de se trahir, de s’embrasser, de se quereller avec détachement. »
#untessondéternité #ValérieTongCuong #JCLattès #RentréeLittéraire
En bref :
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’avais repéré « Un tesson d’éternité » à son résumé, alléchant.
Auteur connu : Valérie a plus d’une dizaine de romans à son actif, pourtant, je ne la connaissais pas. J’ai repéré ‘L’atelier des miracles », je me laisserai tenter !
Émotions ressenties lors de la lecture : peur, angoisse, révolte, admiration, colère, tristesse, la palette des émotions était bien fournie.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : la plume, le personnage d’Anna, les thèmes abordés, la fin.