« Fièvre jaune » de Christophe MASSON

Informations :

Titre : fièvre jaune

Auteur : Christophe Masson

Éditeur : Revoir

Nombre de pages : 234 pages

Format  et prix : broché 17 €

Date de publication : 6 juillet 2021

Genre : roman de voyage

Résumé :

Indochine, 1953. La colonie française brille de ses derniers feux. Fort de ses vingt ans, Pierre-Auguste débarque à Saigon en quête d’aventures et d’horizons nouveaux.

Mon avis :

Allez, venez, je vous emmène en Asie, à Saigon, plus précisément. Nous sommes au début des années 50, dans l’Indochine coloniale. Notre narrateur, Pierre-Auguste Châtelain, vingt ans tout juste, débarque de sa Creuse natale pour prendre son poste dans l’Administration coloniale. Dépité par des études ne menant à rien et attristé par un chagrin d’amour, il accepte ce travail obtenu par piston. Il est affecté au service de la lutte contre la spéculation sur le riz. Il sera logé chez Léona, une couturière qui ne jure que par Chanel. Pierre-Auguste se liera d’amitié avec Lawrence Dale et sa femme, tous deux écrivains britanniques excentriques, et avec Norman Holland, journaliste pour le Times.

En général, Christophe se rend dans le pays récepteur de son intrigue afin d’être au plus proche de la réalité. Confinement oblige, il n’a pas pu le faire pour « Fièvre jaune ». Il campe donc son intrigue dans le passé, en pleine guerre d’Indochine. La guérilla sévit dans le sud du pays, les combats ravagent le nord. Le roman est découpé en deux parties, la première se déroulant au sud, axée sur la vie des expatriés, qu’ils soient français, anglais ou américains, et la seconde emmène Pierre-Auguste dans le nord, où il va réellement rencontrer l’Indochine authentique, ses habitants, et surtout Linh, jeune fille qui va changer sa vie.

Ce roman est un régal pour les yeux. Un voyage dans l’Indochine française et dans le temps. La plume de Christophe est fluide, détaillée et précise, je l’ai trouvée très photographique. Il arrive à retranscrire parfaitement à la fois les émotions des personnages et l’environnement dans lequel ils évoluent. Il permet au lecteur une évasion totale. Moi qui apprécie être ailleurs, j’ai été comblée ! Je visualisais les jonques et les sampans sur le fleuve, j’admirais les teintes colorées des bougainvillées, je choisissais des fruits juteux dans les paniers de mangues. La seconde partie s’est révélée être plus brutale par rapport au contexte historique, mais l’auteur nous a protégé le plus possible en apportant douceur et espoir grâce notamment au personnage de Linh.

Tous les protagonistes sont touchants, agaçants (je pense à Lawrence), forts (Léona) ou fragiles (Linh). J’ai aimé ces heures de lecture passées avec eux, à découvrir leur vie et leurs aspirations. Cette expérience à l’autre bout du monde fera mûrir Pierre-Auguste. Son évolution est flagrante au fil des chapitres. D’un choix de vie quelque peu douteux et qui aurait pu s’avérer dramatique, vu le contexte, il va découvrir ce que donner un sens à sa vie veut dire.

Un roman riche et émouvant, permettant de revenir sur des faits historiques qui ont marqués la France et le futur Viet Nam, et nous livrant des instants de vie qui ne peuvent laisser le lecteur indifférent.

« Au début, Grandet m’accompagna inspecter des rizières. Là, je regardais des femmes à chapeaux coniques, pantalons retroussés sur les cuisses, repiquer des jeunes plants trop à l’étroit dans leur premier enclos ; les buffles tiraient la charrue puis, avec la moisson venait le temps des touffes de riz liées en gerbes, des grains battus et vannés avec des mouvements lents et aériens de danseuses khmères. A l’ombre sous un appentis, devant une citronnade, Grandet me racontait des histoires de la colonie. »

Je remercie Christophe pour cette lecture.

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En bref :

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’aime beaucoup l’Asie et cette période historique mettant en scène l’Indochine me rappelle de bons souvenirs. Cette appétence pour le sujet et la couverture superbe ont fait pencher la balance !

Auteur connu : je ne connaissais pas du tout Christophe. Pourtant, il a écrit plus d’une dizaine de romans. Sa venue aux Boënnales cette année aura été l’occasion de le découvrir.

Émotions ressenties lors de la lecture : des émotions enivrantes et joyeuses ont accompagné cette lecture. Un vrai bonheur.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : le contexte, la plume, les personnage, la construction.

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