Informations :
Titre : May Fly
Auteur : Gérard Coquet
Éditeur : Jigal
Nombre de pages : 256 pages
Format et prix : broché 18,50 € / numérique 9,99 €
Date de publication : 20 mai 2021
Genre : thriller
Résumé :
Salvatore Bonato est un homme prudent et matois qui a toujours géré sa vie en bon père de famille. Mais est-il possible d’en être un quand on est le comptable du terrorisme et que l’on vient d’en détourner les fonds ? Devant le monstre qu’il a réveillé, il choisit de se placer sous la protection de la police, accepte de livrer ses secrets, mais pose une condition : que Ciara McMurphy recueille sa confession. C’est aussi lui qui impose l’endroit de la rencontre : Inishbofin, une île au large des côtes du Connemara. Inishbofin, c’est l’île de la vieille femme et de sa vache blanche. Dans la légende celtique, quand elles émergent du brouillard et errent sur les plages de galets, c’est pour annoncer un désastre. Et pour Ciara, c’est un mauvais souvenir. Quand elle avait quatre ans, c’est sur ce caillou perdu en face de la pointe d’Aughrus que sa mère s’est noyée. Pourquoi l’Italien a-t-il décidé de se mettre en scène là-bas ? Quelle idée a-t-il en tête ? Comment se comporte une truite vorace devant les ailes diaphanes d’une May Fly ?
Mon avis :
Un petit tour en Irlande, cela vous tente ? Gérard Coquet nous y emmène, en compagnie de son personnage déjà présent dans « Connemara black » et « L’aigle des tourbières », Ciara McMurphy, ex-flic. Mais pas de panique, si comme moi, vous débarquez en terre inconnue. Nul besoin d’avoir lu les deux premiers pour suivre le troisième. Bon, il nous manque le passif de Ciara, mais cela n’est, en soi, pas gênant pour notre intrigue.
Salvatore Bonato, comptable véreux, témoin assisté et repenti, veut bien passer à table et dire tout ce qu’il sait, mais à une seule condition : il souhaite parler à Ciara et à personne d’autre. Ciara, qui n’aspire qu’à de calmes parties de pêche, va devoir prendre sur elle pour cette nouvelle mission.
J’avoue avoir eu un peu de mal à entrer dans l’histoire. Il m’a fallu un temps d’adaptation. Car la plume de Gérard se mérite. Déjà, chaque titre du chapitre révèle la dernière phrase dudit chapitre (ce qui m’a déstabilisée). Ensuite, le décor met un peu de temps pour se planter, et j’ai vraiment craint la tournure « espionnage » que prenait le récit (ce qui n’est pas ma tasse de thé). Enfin, je me suis sentie noyée par les personnages, nombreux, qui déboulent dès le départ, tels un bus de chinois. Vite, prenons des notes !!!
J’en ai tremblé d’avoir fait un mauvais choix de lecture.
Et puis non, tout se met en place, progressivement, grâce à la richesse de plume de l’auteur. Il a un style nettement détaillé, percutant, acide et surtout, il use des dialogues. Là où un auteur lambda pourrait s’y noyer, Gérard maîtrise cet exercice de style parfaitement. Cela rend le récit vivant, permettant une immersion totale, et une fusion lecteur/personnage parfaite. Les touches d’humour allègent l’ambiance un peu lourde, car on est loin de la promenade touristique. Les cadavres pleuvent, la tension grimpe. Les chapitres courts définissent un rythme soutenu, les révélations et les rebondissements parsèment le récit, faisant de « May Fly » une lecture addictive. L’ambiance anxiogène est relevée par le cadre, l’île de Inishbofin, en plein cœur du Conemara, ses légendes, ses paysages, son climat hivernal rude. On sent bien que l’auteur est un grand passionné de cette Irlande sauvage et authentique.
« Sur la colline d’en face, cette fin d’après-midi se chargeait d’un soleil fade qui exagérait les reliefs de ces fameuses ruines de Cromwell. En contrebas, sur la lisière du sable, le vent flairait les touffes d’ajoncs, rampait sur la rondeur des dunes puis s’engouffrait dans les recoins des roches encastrées le long de la côte. »
En suivant Ciara, le lecteur se prend une bouffée d’air irlandais. On se servirait presque un verre de Tullamore, histoire d’être vraiment dans l’ambiance. Mais bon, au rythme d’une gorgée par chapitre, on perdrait rapidement le fil du récit !
Côté personnages, Ciara mérite à être connue. J’ai apprécié son caractère, son côté franc et déterminé. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Son passé va la rattraper dans cette enquête qui fera ressurgir ses vieux démons. Salvatore va jouer avec elle, distillant les informations au compte goutte, c’est lui qui mène la danse, les échanges sont toniques, et Ciara peine à garder son calme. Le jeu de manipulation est jouissif pour le lecteur, embarqué dans cet interrogatoire tel un témoin en retrait. Margaret Robinson, dite « La reine mère », dirige l’équipe d’enquêteurs d’une main ferme. Cela fait plaisir de voir confier des rôles clés avec des personnalités fortes à des femmes. C’est le petit plus qui fait plaisir !
La fin permet un dernier tour de piste, on y prendrait goût ! Vous reprendrez bien quelques péripéties de plus, vous vous chargerez bien de deux ou trois cadavres supplémentaires, il vous reste de la place dans votre valise émotionnelle, ça serait dommage de repartir d’Irlande presque à vide.
Quant au titre, je vous laisse le soin de découvrir à qui et à quoi il fait référence !
« -Vous et votre subalterne, vous avalez votre mixture et, sauf à me donner une bonne raison pour continuer cette discussion, vous pliez les cannes à mouche et vous sortez de mon espace vital. »
Un roman et un auteur que j’ai découvert avec beaucoup de plaisir, que je vous conseille, si vous appréciez les romans noirs d’ambiance à l’écriture atypique. Totalement dépaysant.
Je remercie Gérard, les Éditions Jigal et Nelly, ma bonne fée, pour cette lecture.
#MayFly #GérardCoquet #Jigal
En bref :
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé promettait une promenade irlandaise, je me suis laissée tenter.
Auteur connu : j’ai rencontré Gérard à plusieurs reprises sur des salons, mais je n’avais jamais pris le temps de me plonger dans son univers.
Émotions ressenties lors de la lecture : beaucoup d’émotions positives par rapport aux personnages, l’envie d’en savoir plus sur cette enquête, sur l’Irlande. Un peu d’angoisse et d’oppression collées aux meurtres et aux règlements de compte.
Ce que j’ai moins aimé : mon « pataugeage » du début, mais cela s’est vite résolu.
Les plus : la plume de Gérard, indéniablement !! La richesse du récit, l’atmosphère qui s’en dégage, l’évasion qui en découle, les personnages, le rythme, la fin.

Un immense merci, Sonia, pour cet exceptionnel retour de lecture ! Je suis ravie d’avoir déclenché ton voyage en Irlande 😉
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C est moi qui te remercie !!
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De Gérard Coquet, j’avais lu les deux livres de Malfront. J’avais vraiment adoré l’écriture, le ton, l’histoire, bref, tout. Du coup, je me note celui-ci. Merci pour la découverte.
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Merci beaucoup à vous, Caroline. Après les deux Malfront, Gérard Coquet a publié une série de trois polars qui se déroulent en grande partie en Irlande. Connemara black, puis L’Aigle des tourbières et enfin May fly, sorti en mai 2021. Ces trois tomes ont pour héroïne Ciara McMurphy, une fille du pays qui sait d’où elle vient et pourquoi elle a fui! Elle sait aussi qu’elle va devoir déterrer de vieilles histoires et pousser la porte de quelques cimetières…
Bonne lecture !
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Merci Nelly pour ces précisions !
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Avec plaisir Caroline !
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