Titre : C’est moi qu’il veut !
Auteur : Daniel Martinange
Éditeur : Editions Lajouanie
Nombre de pages : 253 pages
Formats et prix : broché 19 € / numérique 9.99 €
Date de publication : 23 avril 2021
Genre : thriller psychologique
De jeunes garçons sont enlevés, puis réapparaissent indemnes, enveloppés d’une couverture de survie. Sylvie, infirmière un peu borderline, est persuadée que le monstre impuni qui l’a terrorisée durant son enfance est l’auteur de ces rapts. Elle pressent l’imminence d’autres drames, d’autres morts. Près du lac où fut retrouvée la première jeune victime, vingt ans auparavant, des cadavres très récents de salamandres et de vipères sacrifiés sont découverts sur un étrange autel, tandis qu’un autre gamin disparaît…
Un polar qui penche vers le thriller.
Des dialogues savoureux, des retournements de situations astucieux, une tension psychologique parfaitement maîtrisée.
Saint-Étienne et les monts du Forez. Un coin riche en histoires de sorcelleries et d’amours chaotiques.
Un enquêteur séduisant, très télévisuel, commandant de police parisien récemment arrivé dans le département, qui sort de l’ordinaire puisqu’éternellement vêtu d’improbables chemises à jabot. Un cousin de Balthazar (Tomer Sisley, TF1) pourrait-on dire.
Notre narratrice est Sylvie Chotant, infirmière dans un service d’oncologie pédiatrique, au look androgyne, ceinture noire de karaté. Sylvie est borderline, séquelle de son enfance terrifiante : enlevée, puis libérée par un psychopathe lorsqu’elle était enfant, elle a perdu ses deux frères qu’elle chérissait dans l’incendie accidentel de leur maison, dont Sylvie a réchappé miraculeusement. Par-delà la culpabilité d’avoir survécu et de ne pas avoir pu sauver ses frères, Sylvie a essayé de se construire. On peut comprendre que la jeune femme soit un brin perturbé psychologiquement après tout cela ! Elle est un personnage intéressant et riche. J’ai ressenti énormément d’empathie pour elle, admirant sa force, sa détermination et sa résilience.
« Je n’ai pas toujours eu horreur de la fête foraine. Longtemps je l’ai attendue avec impatience, lorsque j’étais une fillette hypersensible aimant rire et s’amuser. Avant l’abominable déchirure. Avant de perdre mes repères. »
Lorsque des enfants sont enlevés et relâchés, selon un mode opératoire sensiblement identique, Sylvie se persuade que le psychopathe est revenu, et pire, qu’il lui en veut, à elle. Elle se sent épiée, suivie.
PJ de Saint-Etienne. Bertrand Treboul, jeune commandant trentenaire, et Martinod, capitaine proche de la retraite, sont chargés de l’enquête. La touche féminine sera apportée par Chrystelle Mop. J’avoue que j’ai aimé cette présence, les deux autres flics faisant trop machos. Mop apporte l’humour qui fait la différence, rendant le récit plus léger et rafraichissant.
L’enquête piétine, et ce qui commence comme un polar va peu à peu prendre le virage « thriller ». Le suspense augmente au fil des chapitres, le lecteur commence à retenir son souffle.
« C’est moi qu’il veut ! » est un thriller psychologique qui dépote. Le rythme est assez soutenu, accentué par des chapitres hyper courts. La plume est ciselée, elle claque, allant droit au but. Les rebondissements, les fausses pistes sont positionnés de façon à nous rendre addict à ce récit. La construction est originale. Les chapitres alternent entre la narration en « Je » sous l’angle de Sylvie, et le récit plus impersonnel sous l’angle de notre équipe de flics. Cette alternance donne un excellent dynamisme au récit, permettant au lecteur de laisser vivre son imagination et de se retrouver plongé dans les pensées de Sylvie auquel il s’identifie et s’attache rapidement, dégageant une forte charge émotionnelle.
Deux histoires s’entremêlent, se fondent. D’une part, il y a ces enlèvements plus qu’étrange. Pas de demande de rançon, les victimes sont retrouvées enveloppées dans une couverture de survie, comme si l’on avait voulu les protéger afin qu’elles retrouvent leurs familles saines et sauves. Et d’autre part, Sylvie, avec ses doutes, ses idées, ses angoisses. Quel est le lien ?
Ce roman est une pépite, déjà pour l’ambiance et l’intensité de ses personnages, mais aussi pour le rythme, l’intrigue, et la fin. Même si j’avais quelques doutes, je n’avais pas rassemblé toutes les pièces du puzzle, et Daniel a réussi à me surprendre.
Seul bémol, l’intrigue se déroule à Saint-Etienne et dans le Forez, et, comme l’indique Daniel au début du roman, il a pris beaucoup de liberté avec les noms des lieux et la géographie. J’habite dans le Forez et je travaille à Saint-Etienne. J’ai eu beaucoup de mal avec les libertés prises par Daniel, justement. L’hôpital Nord ayant été remplacé par « Hôpital Sud », cela m’a beaucoup perturbée. Cela ne gênera pas un lecteur ne connaissant pas la région, rassurez-vous !
Un mot de la couverture, superbe. En lisant « C’est moi qu’il veut ! », vous découvrirez le lien avec ces deux magnifiques serpents…diaboliques…
Un roman que je vous conseille, une belle enquête policière qui vous tiendra en haleine. A noter que l’hémoglobine ne coule pas à flots, les âmes sensibles peuvent dévorer ce thriller en toute sécurité.
« L’homme est très attaché à ce qui est naturel et hanté par les forces mystérieuses plus puissantes que tout. Il vient souvent ici satisfaire ses instincts de prédateur et profiter des grands espaces où ils s’épanouissent. S’il maîtrise l’art de tuer, c’est dans la chasse qu’il excelle le plus. Aujourd’hui, il a rempli son sac de girolles et de morilles, mais il préfère les traques sanglantes. »
Je remercie les Editions Lajouanie et Daniel pour cette lecture.
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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé promettait une enquête originale et se déroulant dans ma région.
Auteur connu : pas du tout ! Une belle découverte !
Émotions ressenties lors de la lecture : empathie et admiration pour certains personnages, angoisse, méfiance, passion, curiosité.
Ce que j’ai moins aimé : les libertés prises par Daniel sur les lieux…
Les plus : l’intrigue, les personnages, la construction, la narration, les rebondissements, la fin.
Une réflexion sur “« C’est moi qu’il veut ! » de Daniel MARTINANGE”