« Quand tu écouteras cette chanson » de Lola LAFON

 

sonia boulimique des livres

Titre : Quand tu écouteras cette chanson

Auteur : Lola Lafon

Éditeur : Stock

Nombre de pages : 180 pages

Formats et prix : broché 19.50  € / numérique 13.99 €

Date de publication : 17 août 2022

Genre : témoignage

 

blog littéraire

Le 18 août 2021, j’ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose. Comment l’appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment? Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre?
Celle d’une jeune fille, qui n’aura pour tout voyage qu’un escalier à monter et à descendre, moins d’une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l’imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J’imaginais la nuit propice à accueillir l’absence d’Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s’est habitée, éclairée de reflets; au cœur de l’Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver.

chroniques littéraires

📚RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022📚 

Tout le monde (ou presque) a lu le « Journal » d’Anne Franck. Lecture bouleversante de mes années collèges, mon exemplaire ne m’a jamais quitté et trône en bonne place dans ma bibliothèque. Lola Lafon nous propose de re-découvrir le parcours d’Anne et de sa famille. Grâce à la collection « Une nuit au musée » des Éditions Stock, Lola Lafon a été invitée à passer une nuit seule dans un musée. Elle a choisi de se laisser enfermer dans l’Annexe d’Anne Frank à Amsterdam, sur le lieu même où durant la guerre, l’adolescente a vécu cachée avec sa famille.

On croit connaître Anne, sa vie, sa famille, sa mort, mais en fait, « Quand tu écouteras cette chanson » nous permet de s’apercevoir qu’on ne connait pas tant de détails que ça. Anne est devenue une icône, mais finalement, que sait-on d’elle ? Lola nous ouvre les yeux, grâce à son voyage au milieu de l’Annexe, dans ces 45 m2 de vie, de survie. Lola nous oblige à lire autrement le Journal d’Anne. Anne est une auteure, dans l’Annexe, un virage se fait, Anne décide de publier son journal à la fin de la guerre, et pour ce faire, elle entame tout un travail de ré-écriture de son texte.

Le travail de recherches de Lola est conséquent, elle a été au devant des personnes qui ont connu Anne et sa famille, a fouillé dans les archives, dans les témoignages, elle décortique certains passages du Journal, faisant ressortir des choses que l’on a pas forcément soupçonné lors de la lecture du Journal. C’est assez sidérant, je trouve, que l’adaptation du Journal en pièce de théâtre,  a été « enjolivée », pour faire moins triste, moins « juif ». Il y a eu tout un déni sur ce Journal. Lola pose la réflexion sur ce que le public a retenu des écrits d’Anne. Et sur le fait  que la Anne Frank que l’on vénère est une construction hollywoodienne des années soixante. Lola ouvre les yeux du lecteur à ce sujet.

« Ce soir-là, elle me conseille de m’intéresser aux quatrièmes de couverture des différentes éditions du Journal. Elles sont extrêmement révélatrices. Ce que les éditeurs ont choisi de mettre en avant et, aussi, les mots qu’ils ont évité d’employer. »

Lola nous raconte bien évidement cette nuit passée à l’Annexe, sa difficulté à franchir le seuil de la chambre d’Anne, les cartes postales affichées au mur, le nombre de pas effectués entre chaque pièce, et le vide, le silence, le rien. Poignant et dérangeant.

« Comment imaginer vingt-cinq mois de vie cachés à huit dans ces pièces exiguës ? Alors, toute la nuit, j’irai d’une pièce à l’autre. J’irai de la chambre de ses parents à la salle de bains, du grenier à la petite salle commune, je compterai les pas dont Anne Frank disposait, si peu de pas. »

Le reflet avec la vie de Lola, son passé, se calque sur celui d’Anne. La seconde partie de « Quand tu écouteras cette chanson » est l’occasion pour Lola de se confier à son lecteur. Sa grand-mère, survivante de la Shoah, sa mère, obligée de se cacher elle-aussi, durant la guerre. Elle nous parle également de Charles Chea, un adolescent croisé par hasard dans son enfance, victime quelque temps plus tard du génocide perpétré par les Khmers rouges, au Cambodge. Un génocide, un autre…Et le lecteur prend toute la mesure du choix de Lola de passer la nuit à l’Annexe.

La plume de Lola s’est avérée très juste, très sensible. Elle a écrit sur Anne et son journal de manière respectueuse et lumineuse. Malgré la noirceur du destin d’Anne, Lola a réussi a en ressortir toute la part de lumière qui l’habitait.

Deux destins, victimes de la barbarie des hommes. Ne pas oublier. Jamais. Faire vivre Anne et son Journal. En ayant une pensée pour tous ceux qui ont disparus sans laisser de traces derrière eux.

A la fin de cette lecture, j’ai eu envie d’aller visiter l’Annexe. J’y suis allée virtuellement sur le net (la magie du net permet se genre de choses). J’avais besoin d’approfondir encore plus, de creuser le sujet, de continuer ce que Lola avait commencé.

Le gros bémol de cette lecture aura été la couverture et le titre. Ils ne mettent pas du tout en valeur le contenu du livre. Le choix du titre s’explique, on en découvre le pourquoi dans le dernier tiers du roman. J’écouterai cette chanson de manière différente, à présent, c’est clair.

Si je n’avais pas assisté à cette conférence à la Fête du Livre de Saint-Étienne, je pense que je ne me serais jamais arrêtée devant ce livre. Et je serai passée à côté de quelque chose.

Un roman vers lequel je ne me serai pas tournée spontanément, mais que je ne regrette absolument pas. Ce récit va ma hanter encore longtemps.

« Anne Frank désirait être lue, pas vénérée. »

#Quandtuécouterascettechanson     #LolaLafon    #Stock  #RentréeLittéraire2022   @annefrankhouse_official

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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : la conférence proposée par la fête du livre de Saint-Étienne m’a tellement remuée que j’ai eu envie de lire le roman de Lola et celui de Sonia Devillers « Les exportés ».

Auteur connu : j’ai un roman de Lola qui traîne dans ma PAL mais « Quand tu écouteras cette chanson » est le premier que je lis.

Émotions ressenties lors de la lecture : je suis passée par toute une palette d’émotions, allant de la colère à l’admiration, à la honte aussi, mais aussi en ressentant de la joie, paradoxalement. Ce roman se révèle lumineux malgré son sujet.

Ce que j’ai moins aimé : la couverture et le titre.

Les plus : le sujet, la façon de Lola de s’en approprier, l’émotion qui ressort des pages.

Si je suis une âme sensible : rien de particulier, pas de scènes gore.

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3 réflexions sur “« Quand tu écouteras cette chanson » de Lola LAFON

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