Titre : Les vertueux
Auteur : Yasmina Khadra
Éditeur : Mialet Barrault
Nombre de pages : 544 pages
Formats et prix : broché 21 € / numérique 14.99 € / audio : 23.90 €
Date de publication : 24 août 2022
Genre : littérature générale
Algérie, 1914. Yacine Chéraga n’avait jamais quitté son douar lorsqu’il est envoyé en France se battre contre les » Boches « . De retour au pays après la guerre, d’autres aventures incroyables l’attendent. Traqué, malmené par le sort, il n’aura, pour faire face à l’adversité, que la pureté de son amour et son indéfectible humanité.
Un roman majeur dans l’œuvre de Yasmina Khadra et une plongée surprenante dans l’Algérie de l’entre-deux-guerres.
Lu par : Slimane Yefsah
Durée d’écoute : 13 Heures, 46 Minutes
Je dois bien avouer que Slimane possède la voix parfaite et le style narratif qui colle admirablement au récit de Yasmina. J’ai été immergée dans l’histoire dès les premières minutes. Slimane joue des intonations, amplifiant le plaisir de l’écoute et de la lecture, lui donnant du relief.
Les chapitres sont bien différenciés, permettant de ne pas perdre le fil.
Juste un petit bémol concernant le rythme, que j’ai trouvé un peu trop linéaire, malgré les intonations. Certains passages auraient mérité d’être encore plus « punchy ».
RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022
Algérie. 1914. Yacine a tout juste vingt ans, lorsque sa vie bascule. Convoqué par le caïd du coin, il se voit proposer un étrange marché : il va partir combattre en France contre les Allemands, sous l’identité du fils du caïd. En échange, le caïd lui promet fortune et protection pour sa famille. Un marché qu’il n’est pas possible de refuser, Yacine est contraint d’intégrer le régiment des tirailleurs algérien, le 7è RTA. En France, il découvre les tranchées, le froid, la peur. Il est notre narrateur, on se sent proche de lui, le rendant encore plus empathique qu’il ne l’est. Car Yacine, c’est la « bonne pâte », le bon gars prêt à aider tout le monde. Un personnage riche, formidablement étoffé par la plume splendide de Yasmina Khadra.
L’auteur développe sous nos yeux une fresque à la fois historique et humaine. Les descriptions de la vie dans les tranchées sont terrifiantes, bouleversantes et cruelles de vérité. On tremble de froid avec Yacine, on sent la mort rôder au détour de chaque phrase.
« Nous étions des centaines de troufions crottés de le tête aux pieds à crapahuter à flic de colline, sous la pluie. Le tintement de nos quincailleries battait la mesure de nos pas mais nous avancions avec peine, pareils à des somnambules lâchés dans la nature. »
Lorsqu’enfin Yacine rentre au pays après la guerre, le lecteur pense souffler. Du tout ! Pas de fortune, la famille de Yacine a disparu et il manque se faire tuer. En fuite, Yacine ne perdra jamais de vue son objectif : retrouver les siens. Cet espoir le fera avancer et tenir. Car Yacine n’est pas au bout de ses peines. Il a quitté l’enfer des tranchées françaises pour retrouver d’autres souffrances, bien pires.
L’occasion pour l’auteur de nous faire découvrir l’Algérie de la fin de la première guerre mondiale aux années 50, période assez méconnue finalement. A travers ces gens invisibles, ces anonymes, Yasmina dépeint la pauvreté, la dureté de la vie, mais aussi l’amour et la solidarité. Car sur la route de Yacine, des personnes riches et fortes se succèdent. Tous ces personnages secondaires sont parfaitement décrits et apportent leur lot d’émotions lors de la lecture : Sid Tami, qui s’est comporté comme un grand frère pour Yacine, Zorgane Zorg, le rouquin rencontré sur le front, sur qui la guerre a laissé des séquelles inguérissables. Abla, la cousine de Zorg, femme forte n’ayant pas froid aux yeux, et Mariem, le petit rayon de soleil dans la vie de Yacine.
« Nulle part je ne me suis senti plus humain et pleinement en paix avec moi-même qu’à Kenadsa, auprès de ce petit bonheur aux yeux immenses qui me consolait de mes absents. «
La construction du roman est linéaire et classique, le rythme reste assez intense tout le long, avec des passages qui résonnent plus ou moins sur le lecteur en fonction de ses attentes et affinités. Les moments d’accalmie se comptent sur les doigts d’une main. Yasmina réussit le tour de force de nous tenir en haleine pendant les 544 pages, l’air de rien. L’émotion reste présente à chaque page. Je suis restée accrochée à mes écouteurs comme à une bouée de sauvetage, je n’ai pas vu le temps passer aux côtés de Yacine, j’étais incapable de lâcher le récit. La plume de Yasmina est splendide, poétique, intense.
La fin est à la hauteur du reste : éclatante, apportant son lot d’émotions. J’avoue avoir eu un petit pincement au cœur de quitter Yacine. J’avais envie de faire durer le plaisir et de passer encore de bons moments avec lui.
Un roman magnifique, fort, puissant, qui frise la perfection, ne passez pas à côté !
« Si tu as compris que ce ne sont pas les chaînes qui t’empêchent d’être libre, mais ta peur ; si tu as compris que ton seul bourreau, ton seul geôlier, c’est toi, et que c’est à toi que revient le choix d’être ce que tu veux, aucun érudit ne t’arriverait à la cheville. »
Je remercie NetGalley et les Éditions Lizzie pour cette lecture.
#LesVertueux #NetGalleyFrance #YasminaKhadra #Lizzie
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteur, tout simplement. Je n’ai même pas lu le résumé.
Auteur connu : Yasmina Khadra est un auteur que j’apprécie beaucoup. Retrouvez mes chroniques de : « Les hirondelles de Kaboul », « Khalil », « Le sel de tous les oublis ».
Émotions ressenties lors de la lecture : beaucoup d’émotions relatives à la colère et à l’injustice, mais aussi une belle palette de joie, admiration et éblouissement.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : la plume, la fresque historique et humaine, le sujet, passionnant et méconnu pour moi, le personnage de Yacine, la narration.
Si je suis une âme sensible : des moments forts mais rien de violent. Enfin, je n’ai pas ressenti ces passages comme violents, après, je sais que je place la barre haut et que ce n’est pas le cas de tout le monde. En tous cas, il n’y a pas de violence gratuite.
J’apprécie beaucoup cet auteur. La période historique choisit est originale. De 1914 jusqu’aux années 1950. Leila Slimani parle elle du Maroc de l’après seconde guerre mondiale. Une période et un lieu l’Algérie d’où est originaire ma famille paternelle. Mon père est né en Algérie. Mon grand père de 92 ans nous décrit souvent ce qu’était l’Algérie avant la guerre. Je note ce roman. La présentation du roman est très aérée ce qui rend la lecture agréable. Merci Sonia, bon weekend 🙂
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C’est une période historique qui n’est pas beaucoup traitée dans les romans, c’est vrai. Ce roman va résonner en toi, vu tes origines. Je serai curieuse d’avoir ton retour !
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Oui totalement, un roman qui a tout pour me plaire. Bon weekend Sonia !
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