« L’île des souvenirs » de Chrystel DUCHAMP

 

Titre : L’île des souvenirs

Auteur :  Chrystel Duchamp

Éditeur :  L’Archipel

Nombre de pages : 300 pages

Formats et prix : broché  20 € / numérique 14.99 €

Date de publication :  9 mars 2023

Genre :  thriller psychologique

 

Delphine, 22 ans, est étudiante à Lyon. Issue d’une famille bourgeoise, elle tente de s’affranchir de son éducation stricte en écumant bars et boîtes de nuit.
Au cours d’une soirée, elle suit une mystérieuse brune jusqu’à sa voiture…
Quand Delphine se réveille dans un lieu inconnu, elle est menottée à un radiateur. Bientôt rejointe par une autre prisonnière, qu’elle connaît. L’une des deux ne survivra pas à l’horreur.
L’enquête confiée à la Crim n’avance pas assez vite aux yeux de l’opinion. Sous pression, le capitaine Romain Mandier accepte l’aide d’un profiler et d’une psychotraumatologue.
Choquée, la rescapée se souvient d’un homme en noir, mais sa mémoire est un champ de ruines. Peut-on seulement se fier à ses souvenirs ? Exhumer d’eux le détail qui mènera au coupable ?
Une fois de plus, Chrystel Duchamp surprend par une intrigue des plus originales et un épilogue aussi glaçant que retors !

❤️ Alerte au coup de cœur !❤️

Lire un roman de Chrystel est l’assurance de passer un moment de lecture de pur bonheur. Et son dernier bébé est un coup de cœur (un de plus avec Chrystel !). Maîtrise, manipulation et machiavélisme sont les maîtres mots de ce roman.

A chaque nouveau roman, Chrystel se renouvelle, elle prend des risques, elle rebat les cartes, nous propose quelque chose de nouveau et j’adore ! Ici, elle s’essaye au thriller psychologique et ma foi, la réussite est au bout du clavier !

Le prologue nous permet de faire connaissance avec notre narratrice, psychotraumatologue spécialisée dans l’amnésie. Nous n’en saurons guère plus pour le moment, puisque nous enchaînons ensuite avec la première partie mettant en scène Delphine.

Delphine a 22 ans, est étudiante à Lyon, ce qui lui aura permis de fuir sa famille toxique. Son indépendance toute relative lui permet de s’adonner à tous les excès jusque là interdits par ses parents : les fêtes, les bars, l’alcool, la drogue, le sexe. Avis aux parents : lâchez du lest lorsque vous élevez vos enfants, sinon, votre chérubin risque bien d’avoir le même comportement que Delphine une fois le nid quitté…Chrystel commence fort, puisque les premières minutes que le lecteur passe avec Delphine sont celles où la jeune femme se réveille enchaînée à un radiateur, après une nuit de fête dont elle ne se rappelle plus grand chose…

« L’île des souvenirs » se défini comme un roman choral où chaque partie donne la parole a un personnage : Delphine ; puis Maelys la seconde victime ; Romain, l’enquêteur qui se voit confier l’affaire n’apparaît que troisième sur ce podium contenant cinq marches (je tairai les deux dernières, il faut ménager le suspense !). Cette construction pourrait s’avérer rébarbative, mais non. Chrystel arrive à maintenir l’attention du lecteur grâce à des révélations et des indices permettant de relier toutes les pièces du puzzle. Grâce à ce travail narratif, l’histoire se révèle bien plus vivante et étoffée, apportant au lecteur toute la richesse des différents points de vue ainsi qu’une dimension humaine plus profonde.

Chaque personnage est approfondi, construit et développé soigneusement. Leur enfance, leur vie actuelle, leurs aspirations, leurs blessures à l’âme, j’ai aimé ces précisions et cette façon d’entrer dans le détail. J’avais l’impression de connaître chaque protagoniste. L’accent est mis sur la psychologie de chacun.

Outre les personnages principaux, j’ai tout simplement adoré Gabriel Saurel, le légiste à l’humour décalé. Autopsier une victime sur un air de Boney M, pourquoi pas ?

« A la voix d’Abba ou des Bee Gees se mêlaient le crissement de la scie à os, le craquement des côtes dans une cage thoracique, les sifflements et les éclats de rire du légiste. »

La plume de Chrystel est fluide, riche, agréable. Elle distille de l’Art dans ce roman, ce qu’elle sait si bien faire. Je suis allée fouiner sur internet, cela m’a permis d’enrichir ma culture artistique, lol. Une citation de Freud (qui est autrichien, et pas allemand…) ouvre chaque partie, posant les bases de la réflexion. Car Chrystel fouine dans le subconscient, les traumatismes refoulés, la mémoire. J’ai trouvé tous ces passages très intéressants et instructifs. Elle se penche également sur des thématiques fortes, comme le harcèlement et l’homosexualité.

Les techniques utilisées par la police ne sont pas en reste non plus : le travail du légiste, des techniciens sur la scène de crime, le profilage, le travail de recherches effectué par Chrystel est conséquent, j’ai adoré tous ces détails, pour moi, c’était du petit lait !

Côté rythme, « L’île des souvenirs » s’avère plus calme que les précédents romans de Chrystel, et cela n’a pas été pour me déplaire.

Arrivée aux trois-quart du roman, je pensais avoir trouvé le coupable, je riais d’avance de mes soi-disant déductions….Non, mais franchement, Sonia, tu crois vraiment que tu aurais pu déjouer Chrystel comme ça ? Non, mais réfléchis cinq secondes….Je me suis fait rouler dans la farine comme une bleue, ne voyant rien venir, et je peux vous dire que ma mâchoire s’est décrochée lorsque j’ai tourné la dernière page…Une fin pareille, non mais ça devrait être interdit lol. Je ne peux rien vous dire, mais si vous saviez !

Un mot de la couverture, toujours réalisée, par Eric Barge, qui reprend la colorimétrie des précédents romans de Chrystel, en faisant une superbe collection !! L’objet livre devient, à son tour, une œuvre d’art. Bravo !

« L’être humain est nombriliste. Il nichera ses problèmes dans les moindres recoins de la discussion. Face à ses velléités de domination verbale, vous le laisserez monologuer et déposerez vos armes à ses pieds. Inutile de vous battre : quelle que soit la gravité de votre affliction, son cas sera plus critique que le vôtre. »

Je remercie les Éditions L’Archipel pour cette excellente lecture.

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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteur bien évidemment ! Chrystel fait partie de mes auteurs préférés.

Auteur connu : je connais Chrystel depuis de nombreuses années. Je pense que j’ai tout lu d’elle, bien avant le début du blog. Voici le lien pour retrouver toutes les chroniques la concernant.

Émotions ressenties lors de la lecture : peur, angoisse, panique, dégoût, nervosité, mais aussi passion, envie, satisfaction. Ah, et de la frustration lorsque je me suis fourvoyée lors de la fin lol.

Ce que j’ai moins aimé : notre ami Freud qui devient allemand lol. J’aime particulièrement ce philosophe, je l’ai beaucoup étudié pendant mes études. J’ai été ravie de le retrouver ici.

Les plus : la plume, les personnages, l’évolution du récit, la construction, les sujets abordés, et la fin !!

Si je suis une âme sensible : il y a une scène particulièrement difficile, mais sinon rien de particulier. Au pire, vous pouvez passer le passage délicat.