« Moorland » de Gérard COQUET

Informations 

Titre : Moorland

Auteur : Gérard Coquet

Éditeur : M+ Editions

Nombre de pages : 411 pages

Formats et prix : broché 21.90 € / numérique 13.99 €

Date de publication : 25 avril 2024

Genre : polar

Résumé

1981, Albanie.

Connais-tu ce pays qui s’effondre ? Celui de l’aigle à deux têtes. Celui d’un monde cerné de murs dressés par l’arrogance des hommes. Celui des pierres lustrées du sang des révoltés.

Le Kanun, indifférent, regarde le rapace s’éteindre, persuadé que la folie ne meurt jamais.

Personne ne sait comment arracher le cœur du mal.

2015, Irlande.

Connais-tu ce pays de tourbe et de cailloux ? Des morceaux d’âme si lourds que tes bras ne pourront jamais les porter. C’est ici, sur cette terre brûlée de Moorland, que l’aigle fou est revenu se poser, assoiffé de vengeance.

Ciara McMurphy ne le connaissait pas, pourtant elle dansera avec lui la valse des morts.

Mon avis

Une bouffée d’air en Irlande, cela vous tente ?

« Moorland » est la suite de « Aughrus point » mais il peut se lire indépendamment. C’est ce que j’ai fait et ça passe crème. Pas de soucis à avoir, les enquêtes sont autonomes.

Bon, avant l’Irlande, il va falloir d’abord passer par l’Albanie. Nous sommes en 1981, le régime communiste autoritaire d’Enver Hoxha isole le pays du reste du monde. On ne connaît peut-être pas forcément ce pan de l’Histoire, j’ai apprécié la découverte. Même si j’ai eu un peu de mal à entrer dans le récit. Il faut dire que, connaissant la passion sans bornes de Gérard pour l’Irlande, je ne m’attendais donc pas à une première partie si longue hors de sa contrée fétiche. 

« Dans ce monde dénué de compassion, une erreur de jugement ou une parole de travers entraînent soit un acte de soumission au parti, soit une condamnation à mort. »

Susan, journaliste irlandaise installée en Albanie depuis plusieurs années va devoir fuir, accusée de trahison. Lors d’un périple risqué, elle et son fils vont tenter de rejoindre l’Irlande.  

Bond dans le temps, 2015, nous voilà enfin en Irlande. « Mooreland », la terre de landes, son sol acide, ses tourbières, ses bruyères. On ferme les yeux et on y est !

J’ai pu retrouver le lieutenant Ciara McMurphy, l’enquêtrice que vous avez pu croiser dans « Aughrus point ». Avec son collègue, Bryan Doyle, je dois dire que le duo est à la fois totalement improbable et pourtant totalement connecté. Les piques humoristiques assez corrosives qu’ils se lancent sans cesse m’ont bien fait sourire. Le caractère de Ciara est bien trempé, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, et encore moins par la gente masculine. 

« Depuis une semaine, elle traîne son caractère de cochon comme un bagnard son boulet. »

La plume de Gérard Coquet est visuelle, immersive et fluide. J’aime beaucoup son style, sa façon de mêler l’humour à la noirceur, les paysages magnifiques d’Irlande face à des situations terrifiantes.  Le rythme est intense, les répits sont peu présents, l’atmosphère du roman se révèle anxiogène. Au milieu du brouillard irlandais, le Mal rôde.

Les règles du Kanun, ce code de droit médiéval régissant encore certains clans des territoires albanais, nous colle de près. L’enquête de Ciara va la mener loin, entre l’Albanie et l’Irlande, mais également humainement parlant. En voulant découvrir les secrets de Culann Sparfel, elle risque de trouver tout autre chose. On constate assez vite que le lien avec l’Albanie et les années 80 s’appelle Bobby, le fils de Susan. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Bobby a mal tourné…Je ne vous en dis pas plus.

Avec « Moorland », on découvre les coutumes albanaises, mais pas les plus louables. Par exemple, le serment des vierges, désignant une communauté de femmes ayant choisi de vivre comme les hommes, provenant du fameux Kanun. On plonge aussi dans le désespoir et l’obstination d’un père à la recherche de sa fille. La géopolitique, avec la proximité du Kosovo et de l’Albanie, et l’UÇK, l’Armée de Libération du Kosovo, apporte une vision complète et détaillée du conflit serbe. Le sujet du trafic d’organe fait froid dans le dos. Gérard ne fait dans la dentelle. Et cela lui permet de nous offrir un polar riche, maîtrisé et haletant.

Un mot de la fin, que j’ai trouvé inattendue et à l’image de l’ensemble du roman : à la fois terrifiante et pleine d’espoir.

« Le Connemara s’enroule d’un châle de brouillard. Dans les lacs et les rivières, les farios s’amusent à gober les dernières éclosions sans craindre la piqûre d’un hameçon. Les saumons se reproduisent dans les gravières. Les brochets errent dans les profondeurs du Corrib, vers Inchagoill. »

« Moorland » est à déguster accompagné d’un Irish Staw et d’un bon verre de Whisky…irlandais of course ! Je vous conseille cette lecture pour le dépaysement qu’il procure, les touches d’humour succulentes et son intrigue complexe et bien menée.

Je remercie les Éditions M+ et Nelly pour cette lecture.

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Moorland

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé et l’envie de partir me promener en Irlande.

Auteur connu : retrouvez mes chroniques de « May Fly » et « Souviens-toi de Sarah » sous le pseudo Page Comann, écrit avec son binôme d’écriture, Ian Manook.

Émotions ressenties lors de la lecture : étonnement, envie, passion, crainte, peur, angoisse, 

Ce que j’ai moins aimé : le début, en Albanie, perturbant. 

Les plus : l’atmosphère, les sujets évoqués, les personnages (surtout Ciara !), la fin.

Si je suis une âme sensible : beaucoup de noirceur, méfiez-vous.

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