« Krokodil » de Rozenn LALOY et Poli GYRONNASE

Informations :

Titre : Krokodil

Auteur : Rozenn Laloy et Poli Gyronnase

Éditeur : Librinova

Nombre de pages : 420 pages

Format  et prix : broché 19,90 € / numérique 2,99 €

Date de publication : 12 novembre 2021

Genre : thriller

Résumé :

Policier à Bouches-Ville, Poli Gyronnase s’efforce, jour après jour, d’accomplir sa difficile mission de flic. Mais ce qui était une vocation n’est pas loin de devenir un calvaire pour cet homme idéaliste, désabusé face aux absurdités et aux manquements répétés de ses deux hiérarchies : la police et la justice.
Pourtant, pas question de s’épancher dans ce milieu « dur… mais injuste » ni de confier ses tourments à son épouse Ornella, qu’il veut protéger à tout prix. Alors, plongé dans son « Ifaune », il se réfugie dans l’écriture, rêvant de rejoindre un jour les auteurs qu’il croise sur le Net. Sa rencontre virtuelle, aussi instantanée qu’addictive avec l’étrange et obsédante Yola Lorennz, va remettre en cause toute sa vie… De tragédies en révélations époustouflantes, sa descente aux enfers fera de lui un autre homme.

Rozenn Laloy, la plus espiègle des romancières bretonnes, Poli Gyronnase, le plus fantasque des policiers marseillais… Ils n’avaient rien en commun… rien, sauf l’écriture à contre-pied, au service d’un même regard lucide sur la comédie humaine. Leurs plumes entremêlées livrent ici un roman-témoignage poignant, dérangeant, déjanté qui laisse knock-out.

Quand la fiction se perd dans le réel, quand le réel se crée dans la fiction… le monde se transforme à l’infini. 

Mon avis :

« Krokodil » est le préquel de « Le monde des fous est infini », publié l’an passé par Poli. Vous pouvez d’ailleurs retrouver ma chronique ici. Les deux peuvent se lire indépendamment ou dans l’ordre que l’on souhaite, ce n’est pas gênant.

Voilà un roman complètement atypique qui emmène le lecteur sur une route encore vierge de présence littéraire. Chaussez vos Konserve rouges, rangez votre Ifaune dans votre poche et go ! Partez à la découverte des mondes de Poli et de Yola.

Poli est un flic au grand cœur, adepte des chemises asiatiques, il se maquille un œil d’un trait d’eye liner noir. Peu commun, pour un flic, il faut bien l’avouer. Il ne perd jamais l’occasion d’écrire des petites nouvelles sur son quotidien de flic à Bouches-Ville.

« C’est mon secret, un pacte que j’ai passé avec moi-même : écrire, écrire tout, tout ce qui me traverse l’âme, écrire pour ne pas mourir, écrire pour moins souffrir. »

Il fouine sur les réseaux, Facebouc notamment, à la recherche de conseils pour améliorer son écriture, et pourquoi pas, publier un jour ses écrits. Il découvre les textes d’une certaine Yola Lorennz. Ils vont faire connaissance et entamer des échanges virtuels, conversant sur des sujets sociétaux et partageant leurs écrits. Si ceux de Poli racontent son quotidien de flic sans filtres, ceux de Yola sont osés et plus romanesques. 

« Nom d’une chatte ébouriffée, ça commence bien ! »

Ce roman met le doigt sur tous les travers de notre société. Nos addictions sournoises qui finiront par nous tuer, la violence qui nous submerge un peu plus chaque jour, notre société perdant pied, le gris et le noir prenant le dessus sur l’espoir. Heureusement que l’humour décalé et les jeux de mots de Poli allègent l’ensemble ! 

« Tu n’appartiens à personne, toi seul dois décider de ton avenir. Cette société-là ne mérite pas le sacrifice de ta vie ! »

La construction elle aussi est atypique, puisque les textes de Poli et de Rozenn s’enchaînent, on les dissocie bien (ceux de Rozenn sont en général en italique). La trame de ce récit, alternant les anecdotes de Poli, les nouvelles écrites par Rozenn, leurs discussions via les réseaux, les ressentis de Poli, son quotidien de flic, sa vie privée avec Ornella, donne le rythme et éloigne définitivement l’ennui, tout en scotchant le lecteur au bouquin. Les deux plumes apportent un équilibre à l’ensemble, l’une vive et tranchante, l’autre douce et plus posée, le Yin et le Yang de la littérature. Mais les deux transpirent l’amertume, je trouve. 

Il faut savoir que les deux auteurs ne se sont pas rencontrés et qu’ils ont communiqués uniquement par messagerie instantanée (comme leurs personnages en fait !). On entre dans une autre dimension, celle du possible. Écrire, finalement, c’est simple non ? Un clavier, une connexion internet, et hop ! L’écriture comme exutoire. Pour ne pas sombrer. La frontière entre le réel et la fiction est très tenue, je me suis demandée à plusieurs reprises où se situait ce que je lisais. « Krokodil » fait froid dans le dos, indéniablement. Certaines histoires m’ont beaucoup touchée, ces tranches de vie malmenées par l’existence sont trop tristes et bouleversantes

Le titre, d’ailleurs, il vous parle ? Je me suis posée la question, rassurez-vous, on a l’explication, mais pour cela, il faudra attendre la toute fin !! Et c’est là que je me suis rendue compte que j’étais totalement à côté de la plaque. On est tous enfermés dans notre routine, notre quotidien. On ignore tout des drames qui se jouent à l’extérieur. « Krokodil » a pour vocation de nous ouvrir les yeux sur notre réalité. 

Quant à la fin, elle est surprenante, c’est le moins que l’on puisse dire, et enfonce le clou ! Les questions affluent dans l’esprit du lecteur, les connexions se font, tout s’emboîte, et le malaise grandit. Je ne m’attendais pas à un tel dénouement. Où est la frontière ? Car cela pourrait très bien arriver, et arrive peut-être déjà, qui sait ? Brrr, j’en ai des frissons…

« C’est un homicide, l’hippopotame s’est jeté dans le vide volontairement en prenant son fils dans ses bras, sous les yeux de sa femme. Cela faisait un moment que cela n’allait plus entre eux, et quand elle a appris sa garde à vue dans notre service, et surtout son motif, elle a décidé de demander le divorce, en lui jurant qu’il ne verrait plus son minot. »

#Krokodil  #RozennLaloy  #PoliGyronnase  #Librinova

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En bref :

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : J’avais beaucoup aimé « Le monde des fous est infini », j’avais hâte de me replonger dans cet univers si particulier !

Auteur connu : je connaissais Poli. Par contre, Rozenn est une découverte pour moi. 

Émotions ressenties lors de la lecture : le dégoût et la peur ne m’ont pas quittée tout le long de ma lecture, je dois bien l’avouer. L’homme est profondément mauvais, la société part en cacahuète…

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : l’originalité de la construction du récit, les plumes des deux auteurs, les personnages, la fin.

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