« L’été où tout a fondu » de Tiffany McDANIEL

 

sonia boulimique des livres

Titre : L’été où tout a fondu

Auteur : Tiffany McDaniel

Éditeur : Gallmeister

Nombre de pages : 480 pages

Formats et prix : broché 25.60 € / numérique 17.99 €

Date de publication : 18 août 2022

Genre : littérature américaine

 

blog littéraire

Été 1984 à Breathed, Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local : il invite le diable à venir lui rendre visite. Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d’un vert intense, planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l’âme meurtrie, heureux d’être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l’incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d’une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors des événements étranges qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu’une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.
Porté par une écriture incandescente, « L’été où tout a fondu » raconte la quête d’une innocence perdue et vient confirmer le talent exceptionnel d’une romancière à l’imaginaire flamboyant.

chroniques littéraires

❤️ALERTE COUP DE CŒUR❤️

📚 RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022📚 

Poussez la clim’ à fond, un grand verre de limonade bien fraîche à portée de main, c’est parti pour affronter la canicule…et le Diable.

Juin 1984. Breathed, petite bourgade de l’Ohio, nichée dans les contreforts des Appalaches.

Fielding, notre narrateur, est un jeune garçon insouciant de 13 ans. Son père, Autopsy Bliss (le prénom ne s’invente pas…), procureur, à invité le Diable en postant une petite annonce :

« Cher Monsieur le Diable, Messire Satan, Seigneur Lucifer, et toutes les autres croix que vous portez, je vous invite cordialement à Breathed, Ohio. Pays de collines et de meules de foin, de pêcheurs et de rédempteurs.
Puissiez-vous venir en paix.
Avec une grande foi.

Autopsy Bliss »

Et c’est Fielding qui tombe dessus par hasard. Sauf que ce Diable là ressemble à tout sauf au Malin : c’est un gamin noir, aux étranges yeux verts, chétif, gringalet, et vêtu d’une salopette crasseuse. Ce garçon répond au doux nom de Sal (« le début de Satan et l’entrée dans Lucifer. Sa-L »).

Fielding le ramène chez lui, permettant à Sal et au lecteur de faire connaissance avec sa famille : Autopsy, le père, très attaché aux valeurs et à sa famille, Stella, la mère, phobique de la pluie qui ne sort jamais de chez elle, Grand, le frère aîné, en passe de devenir champion de base-ball, tante Fedelia, et Granny, le chien. Sal sera accueilli dans cette famille, mais à mesure que des événements désastreux commencent à se produire, les tensions entre les habitants de la ville augmentent, en même temps que la chaleur. 

Aujourd’hui, Fielding est vieux, bougon, seul et aigri. Il se souvient de cet été où tout a changé. La construction du roman, même si elle donne la part belle à l’été 1984, nous transporte quelquefois au présent.

La société américaine des années 80 est très bien brossée. La découverte du VIH questionne, plaçant la communauté gay sous les projecteurs, la stigmatisant dans les communes rurales comme à Breathed, sous le joug de la religion ultra conformiste. Le mélange de préjugés historiques et de religion dans le Sud des États-Unis donne vie, dimension et profondeur à ce récit. 

La plume de Tiffany est fantastique. Certaines phrases ont résonné dans mon cœur, je les ai trouvées si belles que je les prononçais à haute voix juste pour les savourer à l’oreille. Tiffany transcende la beauté pour trouver des mots qui communiquent l’honnêteté et les sentiments cachés au plus profond des cœurs. Lorsque je lis, j’ai toujours un papier pour noter les passages qui m’interpellent. Eh bien, dans « L’été où tout a fondu », j’ai failli remplir un cahier entier !! L’auteure utilise beaucoup les métaphores, le symbolisme est partout.

Tiffany peint des portraits de personnages incroyables. Ce ne sont pas de simples personnages de papier, renversés par le vent, ils sont complexes et étonnamment humains. Dans cette gamme de personnages, il y a ceux qu’on ne peut s’empêcher d’aimer, ceux qu’on ne supporte pas, et ceux qui nous rappellent une part de nous-même, bien qu’on ne veuille pas l’admettre.

Toutes ces âmes humaines sont tissées ensemble dans une histoire magistrale. Les chapitres débutent tous avec une citation du « Paradis perdu » de John Milton.

Chaque détail se recoupe et les parallèles entre les souvenirs passés de Fielding, ses expériences reflétant sa vie dans Breathed, dévoilent une histoire complexe. Ténèbres et dépravation, blâme et blasphème, Breathed tente de reprendre son souffle au milieu d’un été suffocant. Cela devient une ville consumée par la peur, aveuglée par ses propres démons, imaginant des monstres dans l’ombre.

Il y a plusieurs points de vue possibles pour appréhender cette lecture, et cela relève tout bonnement de la magie : 

  • pour ceux qui ne croient pas que Sal est le Diable, c’est une puissante allégorie des relations raciales en Amérique. Ce n’est pas un hasard si un jeune garçon afro-américain a décidé de s’appeler le diable. Il représente « l’étranger » auprès d’une communauté homogène.
  • pour ceux qui croient que Sal est bien le Diable, cela devient encore plus intéressant. Le choix d’incarner le Diable dans un gamin afro-américain de 13 ans devient une mise en accusation de la morale et de sa dynamique du bien contre le mal. Lorsqu’on considère quelque chose comme étant mal, c’est parce que l’on se considère comme intrinsèquement bon… Dans ce roman, peut-on juger objectivement la morale des personnages ? 
  • enfin, pour ceux qui ne se posent aucune question et qui iront là où les mots les porteront, le récit est poétique, et on ne peut que ressentir un plaisir viscéral à le lire.

La fin est déchirante, j’en suis ressortie essorée et vidée. C’est une lecture complètement sombre, dérangeante et fantastique. Une intrigue qui nous fait réfléchir : qu’aurais-je fait ? Aussi collant que la peau dans la chaleur de l’Ohio en 1984 (ou en France durant l’été 2022…), « L’été où tout a fondu  » est un roman que je ne suis pas près d’oublier. Qui est le vrai diable finalement ? 

Une histoire de famille, de communauté, de rédemption, de culpabilité et de préjugés que je vous conseille vivement. Une très belle découverte de cette rentrée littéraire !

#Létéoùtoutafondu    #TiffanyMcDaniel  #Gallmeister   #RentréeLittéraire

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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé m’a bien tentée. J’avoue que j’apprécie beaucoup la littérature américaine. Et puis, j’ai « Betty » qui croupit au fin fond de ma PAL et dont j’avais entendu beaucoup de bien. Je me suis donc dit que cette fois-ci, il fallait la jouer fine et le lire dès sa sortie !!

Auteur connu : Tiffany a publié deux romans.

Émotions ressenties lors de la lecture : je suis passée par toutes les émotions possibles. 

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : la plume, quelle plume !!!! Les personnages, le contexte, la complexité du récit, la construction. 

Si je suis une âme sensible : Faut y aller mollo quand même…Même si la fin ne dure pas sur des dizaines de pages, elle peut heurter.

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11 réflexions sur “« L’été où tout a fondu » de Tiffany McDANIEL

  1. Magnifique chronique qui donne envie surtout que j’ai beaucoup aimé Betty. Malgré tout je vais laisser passer un peu de temps car on retrouve des thèmes communs avec son précédent livre. 👏🙂

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  2. Vu ce que tu en dis et connaissant la sensibilité, je ne vais pas être tentée. Sinon cauchemars assurés. De plus il risque d’être ancré dans ma mémoire pendant trop longtemps. Donc je préfère lire ce qui est en attente dans ma bibliothèque et je te ferai des comptes rendus à mon retour de vacances. N’ayant pas ton écriture, je le ferai en privé. Bonne journée et gros bisous à toute ta famille. Bises

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