« Ceux qui restent » de Jean MICHELIN

 

sonia boulimique des livres

Titre : Ceux qui restent

Auteur : Jean Michelin

Éditeur : Héloïse d’Ormesson

Nombre de pages : 240 pages

Formats et prix : broché 19 € / numérique 13.99 €

Date de publication : 18 août 2022

Genre : littérature générale

 

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Le caporal Lucien Guyader, dit Lulu, quarante ans, a toujours démontré une fiabilité rassurante pour ses hommes comme pour ses chefs. Aussi, quand ce père de famille disparaît à dix jours d’un départ en opération, le sergent Marouane s’inquiète et alerte Stéphane, leur ex-adjudant. Secoué par la nouvelle, Stéphane se laisse embarquer par Marouane, aux côtés du caporal et du lieutenant de la section. Frères d’armes aux trajectoires contrastées, transformés en détectives de fortune, ces quatre chiens de guerre partent sur les traces de Lulu, leur pilier, celui qui n’a pas craqué lorsque l’un des leurs est tombé au cours d’une embuscade. Au fil de leur enquête, ressurgissent les traumatismes des combats, ces réminiscences qui leur collent à la peau, mélange d’odeurs, de peur et de fraternité. Remontent aussi des souvenirs d’étreintes et de désir. Qui sont ces hommes qui côtoient l’indicible ? Comment tiennent-ils à distance le feu, lors de leur retour à la vie civile ? Et que fuit donc Lulu pour s’être soudain évaporé ?

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📚 RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022📚 

Bienvenue dans les coulisses du monde militaire. Stéphane, ancien adjudant, a démissionné. Il souffre d’un stress post traumatique et tente de se reconnecter à la vie quotidienne. Le processus est long, la reprise de la vie familiale compliquée. Le retour de mission fait basculer chacun dans un univers difficile, que ce soit pour le soldat ou pour sa famille. En proie à des insomnies, il épuise son corps et sa tête avec des footings le menant au bord du malaise. Mathilde, sa femme, le soutient comme elle peut. Pas facile d’être la compagne d’un militaire. L’état de stress post-traumatique constitue un réel frein à la réintégration à la vie civile des militaires.

« A court d’idées, elle l’avait même emmené chez une rebouteuse locale complètement allumée. En sortant du cabinet de la sorcière, une pièce sombre qui empestait l’encens bon marché et la poussière accumulée sur des coussins râpés, il lui avait demandé d’arrêter de l’aider, avec une douceur qu’elle ne lui connaissait pas. Elle s’était résignée. Et lui s’était retrouvé face à ses nuits blanches. »

Un soir, le caporal Lucien Guyader, Lulu pour les intimes, disparaît sans aucune explication, laissant femme et enfants. Stéphane et ses anciens compagnons sous les drapeaux, Romain et Marouane, vont partir à sa recherche.

« J’aurais pas cru ça venant de Lulu. C’est pas tellement son genre, si ? »

– C’est bien ce qui m’inquiète. »

Les chapitres défilent, entre « Ici », « Là-bas » ou encore « Ailleurs », embarquant le lecteur dans une terrifiante histoire d’amitié en plein cœur des combats et de la guerre. Car, pour découvrir où est passé Lulu, il va falloir remonter le temps et se souvenir d’une mission particulière. Ce roman est écrit à la manière d’une enquête policière. La réflexion lente, douloureuse, et pourtant nécessaire, va replonger nos hommes dans une expérience douloureuse.

On est dans une fiction, mais on ne peut s’empêcher de penser que ce quotidien décrit doit être bien semblable à ce que vivent les soldats dans le monde. C’est bouleversant. Dans un no man’s land, au milieu d’une pluie de balles, de bombes, de pièces de mortier, d’obus, entre les hommes, les liens se resserrent pour devenir une franche amitié.

La guerre constitue une expérience à la fois collective et individuelle. Sur le terrain, sauver la peau de ses hommes, et, accessoirement, la sienne, est la priorité. On ne maîtrise rien, malheureusement, et bien souvent, les pertes sont bien réelles. La culpabilité, le remord, la colère, ceux qui restent doivent vivre (survivre) avec ces sentiments.

« Il était chez lui sur le terrain, peut-être davantage qu’entre les murs de sa maison. Il savait déceler dans le regard de chacun de ses quarante soldats la moindre inquiétude, le moindre agacement, parce qu’il les avait éprouvés avant eux. Bien sûr, les gars avaient changé, les missions aussi, mais pas l’atmosphère. C’était réconfortant. »

Peu à peu, les pièces du puzzle sont regroupées et le lecteur peut tenter de les assembler. Le rythme est infernal, la plume acerbe et vive. La construction ne laisse aucun répit au lecteur. Je serais tentée de dire que ce roman est plus dirigé vers un lectorat masculin, c’est vrai, qu’est-ce qu’une femme pourrait bien comprendre à tout cela ? J’avoue que c’était ma crainte lorsque j’ai commencé la lecture de « Ceux qui restent ». Et puis non. Ça se lit comme du petit lait.

C’est hyper intéressant, j’ai appris une foule de choses, les interrogations posées par Jean sont approfondies et lourdes de sens.

Quant à la fin, j’ai eu du mal à m’en remettre. Ce n’était pas du tout ce à quoi je pensais !! Jean m’a manipulée, et comme à la fin d’un bon policier, j’ai refermé le roman en me disant : »Wouah, quelle fin ». J’aime ces romans qui me trucident à la dernière page, avec juste une phrase. L’air de rien. Et qui laissent une trace indélébile.

Un roman vers lequel je ne me serais probablement pas tournée, que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire, une belle découverte de cette rentrée littéraire. Je vous le conseille !

« Il finissait toujours par reprendre le contrôle. Il avait de l’espoir pour la suite : le printemps arrivait, les enfants avaient grandi, on irait à la mer cet été. On ne pouvait tout de même pas passer sa vie à se lamenter en se regardant le nombril. C’est lorsqu’il avait fallu reprendre le travail, remettre le treillis, retrouver sa section, en morceaux elle aussi, que la machine s’était peu à peu déréglée. »

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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’avis de Gérard Collard ! Et le résumé m’a interpellée.

Auteur connu : Jean Michelin est un militaire, « Ceux qui restent » est son premier roman. Il a écrit « Jonquille », un récit de guerre autobiographique, édité en 2017 chez Gallimard.

Émotions ressenties lors de la lecture : je suis passée par toutes les couleurs ! Admiration, peur, angoisse, fierté, dégoût, tristesse.

Ce que j’ai moins aimé : question suivante !

Les plus : la plume, la construction du récit, le thème, la fin.

Si je suis une âme sensible : RAS

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