Titre : L’inconduite
Auteur : Emma Becker
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 368 pages
Formats et prix : broché 21,90 € / numérique 14,99 €
Date de publication : 17 août 2022
Genre : littérature générale
« Cette grande joie sombre du désir qui rapproche les hommes et les femmes, ça me passionne, ça me réjouit, ça m’émeut au plus profond de moi-même.
C’est ce désir pulsion de vie que j’aime et que j’ai envie de raconter dans mes livres ».
RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022
Emma Becker est une auteure qui ne mâche pas ses mots ! Avec « L’inconduite », que l’on peut qualifier d’autofiction romancée (mais romancée jusqu’à quel point ?), la narratrice est mariée, maman d’un petit bébé, Isidore. Les sentiments envers son mari, Lenny, s’étiolent peu à peu, la routine plombe le couple.
« L’inconduite » est un roman pour les femmes. Histoire de s’affranchir de cette image de la mère imposée par notre société. La narratrice se retrouve oppressée et prisonnière par ce nouveau rôle. La maternité transforme complètement une femme. Mais elle n’a pas changée totalement notre héroïne : elle refuse d’abandonner la partie la plus colorée de sa vie, celle qui la fait pétiller : les hommes, le regard des hommes sur elle, le désir qu’elle éprouve pour eux et son besoin d’être désirée. Elle considère le sexe comme un jeu, extrêmement ludique. Elle n’hésite pas à échafauder des plans érotiques avec ses amants, histoire de pimenter tout cela. Quelquefois, cela ne se passe pas comme elle le souhaiterait (les hommes ne sont pas des machines, lol), et l’humour prend alors le dessus.
« J’aimerais bien être la Jane Birkin de quelqu’un, pour une fois. C’est trop demander, putain, un type qui me regarde comme s’il n’avait jamais rien vu de plus beau ? »
Sans filtre, sans tabou, Emma nous propose un roman qui mêle maternité, sexe, désir et amour. Une réflexion très juste sur ce qu’il advient du couple après la naissance d’un enfant, sur ce que l’on en fait. Une fois que l’on est devenue mère, que nous reste-t-il, à part les biberons, les couches à changer, l’éducation à donner ? Comment ne pas se perdre dans tout cela ? Comment rester femme ?
« Mais ces plages d’intimité ont toujours une fin, et nos entrevues dehors, dans la nuit qui se rafraîchit d’heure en heure, pourraient se passer entre deux portes – au fond, c’est vrai : rien n’a changé.
Victor et moi baisons au pied de notre chêne, ma robe nouée dans le dos, sa main sur ma hanche. Ce matin il me semblait que c’était le but ultime, au-delà ce serait le néant de l’existence normale qui reprendrait, comme à chaque fois que je quittais Victor. »
Emma a trouvé la solution : vivre pour soi, ne pas tout donner pour son enfant, après tout, trouver son bonheur ailleurs n’est pas interdit. Être une mère à 100% de son temps n’est pas une obligation gravée dans le marbre. L’occasion de nous en dire plus sur les hommes et la sexualité. Comment le statut social peut nuire à une relation, par exemple.
Alors, je dois bien avouer, quand même, que les scènes de sexe m’ont un peu gavée à la longue. Le roman démarre sur les chapeaux de roue et ne faiblit pas, au risque de choquer. Emma est une auteure hors du commun. Avec son écriture franche, suggestive et flamboyante, lire l’un de ses romans est une expérience hors norme.
Avec une pointe d’humour, Emma décrit la condition féminine à travers le prisme de la sexualité. Si nous, en tant que mère, nous mettions ce statut de côté pour reprendre notre condition de femme, ne réagirions-nous pas comme la narratrice ? On peut parfaitement s’identifier à elle, on la comprend, même si on n’irait pas forcément jusqu’à faire ce qu’elle fait (quoique…)….Quelle mère n’a jamais rêvé d’avoir une journée à soi, pour redevenir femme ?
La seule chose qui m’a dérangée étant le fait qu’à la fin du livre, j’étais bien incapable de définir où exactement Emma voulait en venir. OK, on a saisi l’objectif premier de l’auteure. Mais la narratrice, elle, qu’a-t-elle trouvé dans toute cette ébauche de sexe ? Mieux se connaître ? J’ai trouvé qu’Emma n’avait pas été au bout de sa démarche, et c’est dommage. Quant à la fin, elle m’a laissée assez dubitative…Trop banale.
Un roman court, qui se lit vite, qui permet de se poser pas mal de questions, un voyage étonnant, mais à ne pas mettre sous tous les yeux ! Un roman qui bouscule les conventions, qui va déranger et faire débat, c’est sûr ! Les hommes se sont emparés de ce thème, cela ne pose aucun problème. Que dire d’une femme écrivant sur ce sujet ? Absolument scandaleux lol ! Je dis bravo à Emma d’avoir su rester audacieuse !
« On ne dit jamais je t’aime à son enfant comme après l’avoir un peu oublié. »
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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteure tout simplement ! Je suis partie dans cette lecture à l’aveugle, sans lire le résumé, et encore moins le texte sur la couverture (on ne parle pas du scandale de la faute d’orthographe…) !
Auteur connu : j’avais adoré « La maison » et j’avais eu la chance de rencontrer Emma à la Fête du Livre de Saint Étienne en 2019.
Émotions ressenties lors de la lecture : légèreté, amusement, les émotions positives étaient au rendez-vous, et ça, c’est top !
Ce que j’ai moins aimé : un peu trop de sexe à mon goût. Et certaines réflexions n’ont pas été suffisamment explorées. La fin, trop convenue.
Les plus : le sujet, la plume d’Emma.
Si je suis une âme sensible : les scènes de sexe sont nombreuses, crues et sans aucun filtre. Emma appelle un chat un chat, les âmes prudes ou coincées seront choquées !
3 réflexions sur “« L’inconduite » d’Emma BECKER”