« Comme une image » de Magali COLLET

 

sonia boulimique des livres

Titre : Comme une image

Auteur : Magali Collet

Éditeur : Taurnada

Nombre de pages : 256 pages

Formats et prix : poche 9.90 € / numérique 5.99 €

Date de publication : 6 octobre 2022

Genre : thriller psychologique

 

blog littéraire

Lalie a 9 ans, un teint de pêche et des joues roses. Elle a aussi deux frères et des chatons, une belle-mère et deux maisons.
C’est une enfant intelligente et vive, une grande sœur attentionnée et une amie fidèle.
C’est la petite fille que chacun aimerait avoir.
D’ailleurs, tout le monde aime Lalie.
Tout le monde doit aimer Lalie.
C’est une évidence.
Il le faut.

chroniques littéraires

Glaçant. Voilà le mot qui me vient à l’esprit lorsque je referme ce thriller. Avec « Comme une image », Magali met la barre extrêmement haut. Elle nous propose de découvrir ce qu’il y a dans la tête d’une enfant psychopathe. Elle nous informe à juste titre qu’on ne peut pas parler de « sociopathie » ou de « psychopathie » avant 18 ans. Pourtant, elles existent bien dans l’enfance.

Lalie vient d’avoir dix ans. C’est une enfant absolument charmante, jolie, polie, intelligente, agréable à côtoyer. Très bonne élève, elle est appréciée de ses instituteurs et de ses camarades de classe. Tous, sauf Andy. Lalie s’occupe de lui, elle l’aide en classe. Andy n’est pas un idiot, mais il a de grosses difficultés scolaires. Ce n’est pas sa faute, il doit s’occuper de ses petits frères pendant que sa maman travaille. Pas facile dans ce cas d’étudier correctement. Andy n’est pas un idiot, puisqu’il est bien le seul à connaître le vrai visage de Lalie.

Lalie est bizarre, insaisissable, manipulatrice, sournoise. Le lecteur va vite s’en apercevoir. Elle a deux visages : d’un côté la petite fille modèle, sage « comme une image », et d’autre, la petite fille remplie de rancœurs et de souffrances.

« T’as rien compris, hein ? Aujourd’hui, je compte jusqu’à quinze.

Elle s’approche du lit à barreau, pose une main sur sa bouche, lui pince le nez de l’autre et commence à compter lentement. »

Magali a choisi une construction originale pour nous raconter cette histoire : elle alterne les chapitres ou nous sommes dans la tête de Lalie, avec l’emploi du « Je ». L’occasion d’être proche d’elle, de mieux cerner le personnage. Et les chapitres à la troisième personne du singulier, plus neutre, mais permettant de voir comment l’entourage perçoit Lalie, comment elle réussit à manipuler son petit monde.

Qu’est-ce qui a fait vriller Lalie ? Au départ, il y avait une petite graine en elle : Lalie est probablement une enfant à Haut Potentiel. Là où tout a basculé, c’est lorsque son père quitte le domicile conjugal pour s’installer avec Ségolène, sa maîtresse qui attend un enfant de lui. Le schéma familial de Lalie est bouleversé, ses repères sautent les uns après les autres, et le discours de sa mère ne l’aide pas. Elle dénigre Ségolène devant Lalie, lui montant la tête. Lalie, un brin trop possessive, va disjoncter.

On ne peut pas ressentir la moindre compassion pour Lalie. Sachant ce qu’elle pense et comment elle fonctionne, on la déteste un peu plus à chaque page. Quelle peste !  Et encore, le mot est faible. On a envie de prendre le père de Lalie en aparté et lui dire la vérité. Lalie est dérangée, c’est une bombe à retardement.

La difficulté pour chacun de trouver sa place au sein d’une famille recomposée, le challenge pour une maman solo d’élever correctement ses enfants, la garde alternée, ces sujets qui sont de plus en plus d’actualité démontrent combien il est important de protéger les enfants.

« Comme souvent, ses pensées la ramènent à la douleur des belles-mères. Ces femmes qui accueillent des enfants qui ne sont pas les leurs, qui les élèvent en partie, qui les aiment, souvent, mais qui n’ont ni le droit de le montrer ni celui de se mêler de leur éducation. Ces femmes qui ne peuvent que subir le manque si d’aventure, le couple se sépare. Pas de droit de garde ou de visites pour elles, non. Absolument rien. On leur refuse le droit de trop les aimer, tout comme on lui refuse celui d’exprimer sa douleur… »

La théorie de Magali fait froid dans le dos. Je ne sais pas qui est la plus diabolique : Lalie ou l’auteure ? Avec sa plume vive et maîtrisée, Magali trucide tout simplement le lecteur. Le malaise grandit au fil des pages, on sent bien que le pire reste à venir. Et il arrive, inéluctablement. Avec cette fin inévitable, programmée, laissant deviner l’atrocité.

Méfiez-vous, une fois commencé, vous ne pourrez plus lâcher « Comme une image ». C’est un réel page turner de dingue. Encore qu’à certains moments, vous serez obligés de poser le bouquin pour vous remettre du passage lu. Car certaines scènes sont terribles, psychologiquement parlant. Il va me falloir un moment pour oublier Lalie. Une lecture qui ne laisse pas indifférent et dont on ne ressort pas indemne, c’est certain. Je me demande quelle sera sa vie d’adulte, les crimes qu’elle commettra, et pourquoi….

Si le thriller psychologique est votre tasse de thé, n’hésitez pas une seconde. Découvrez l’enfance de Lalie….et imaginez sa vie d’adulte….

« Je n’aime pas le changement, je ne l’ai jamais aimé. Alors, je cache ce que je suis vraiment. Je m’arrange pour glisser quelques erreurs de temps en temps dans mon travail, j’essaye de poser des questions dont je connais la réponse, parce que j’ai vite compris qu’il ne fallait pas être à l ‘écart d’un groupe. La classe, c’est une meute, comme les loups. Quand un enfant est à l’écart du groupe, il ne peut plus y revenir. »

Je remercie les Éditions Taurnada pour cette lecture.

#Commeuneimage     #MagaliCollet    #Taurnada

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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteure, tout simplement. J’étais sûre que j’allais passer un excellent moment de lecture, et je ne me suis pas trompée.

Auteur connu : j’aime beaucoup les romans de Magali, vous pouvez d’ailleurs lire mes chroniques de  « La cave aux poupées »  et  « Les yeux d’Iris » .

Émotions ressenties lors de la lecture : un énorme malaise, une oppression qui ne m’a pas quittée. Inquiétude, peur, angoisse, incrédulité, j’ai été dérangée et choquée par ce récit.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : la construction, la plume, le personnage de Lalie, la fin. La couverture et le titre, annonçant parfaitement la couleur. 

Si je suis une âme sensible : tout est dans la suggestion, il n’y a pas de scènes violentes. La violence est psychologique.

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