« Puis sont venus les jours sombres » d’Alain LEONARD

Informations 

Titre : Puis sont venus les jours sombres

Auteur : Alain Léonard

Éditeur : De Borée

Nombre de pages : 244 pages

Formats et prix : broché 20,40 € / numérique 9,99 €

Date de publication : 11 avril 2024

Genre : roman historique régional

Résumé

François et Julien, des jumeaux que tout oppose et cependant très complices, vivent insouciants et heureux, encore épargnés par la menace ennemie. Loin des préoccupations de la guerre, ils profitent de leurs vingt ans, ressentant même les premiers frissons amoureux.
Bientôt, pourtant, ils doivent se rendre aux Chantiers de la jeunesse, auxquels ils prennent part sans rechigner. Mais quand le maréchal Pétain décrète le STO en Allemagne, ils décident cette fois de s’y soustraire.
Les deux frères, que l’on pensait inséparables, vont alors prendre des directions bien opposées…
 

Mon avis

Un roman touchant sur les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale sur la vie dans la campagne auvergnate.

Billom, petit village d’Auvergne.

Julien et François sont deux jumeaux fusionnels. Leur vie d’adulte commence avec la guerre. En 1941, ils sont incorporés pour une durée de huit mois aux chantiers de la jeunesse, créés à la place du service militaire. A la fin de cette période, les deux jeunes gens doivent intégrer les STO (Service du Travail Obligatoire) et partir travailler en Allemagne. Mais ils vont décider de prendre une autre voie : François intègre la milice française, et Julien prend le maquis. Deux destinées totalement opposées. 

« –  Les collabos ne vont pas être à la fête, avait-elle entendu. Les miliciens seront les premiers à y passer. C’est certain. De beaux salauds, ceux-là. Il y a un paquet de gars qui veulent leur faire la peau. »

L’Auvergne, bien que loin des zones de combat direct, a joué un rôle important dans la résistance. C’est cette vision de la guerre depuis les campagnes en zone libre que nous découvrons.  Avec Julien, on en apprend plus sur le rôle des villages ayant servis de refuges pour les résistants et les fugitifs. En suivant François, c’est l’autre volet de la guerre qui se dévoile sous nos yeux : celui de ces français favorables à l’occupation allemande et chargés de traquer les résistants tout en collaborant avec les forces d’occupation nazies. Nos deux personnages si complices ont donc pris deux voies différentes.

J’ai beaucoup aimé le contraste intéressant entre François et Julien, et leur opposition d’opinion. Vont-ils réussir à maintenir toutefois une relation fraternelle ? Alain compose avec la dynamique complexe de la fraternité. Il souligne comment la Guerre a pu éloigner des membres d’une même famille, ajoutant de la profondeur et une certaine tension au récit.

« Elle tremblait pour François. Elle tremblait pour Julien. Quel que soit le vainqueur, un des ses fils avait choisi le mauvais camp. »

Madeleine tremble chaque jour pour ses fils, espérant les revoir en vie à la fin du conflit. Marie, la fiancée de Julien, attend son retour. La propagande fait rage, attisant la haine du juif, les présentant comme responsables de tous les maux. L’atmosphère est toxique, anxiogène pour les habitants. De nombreuses interrogations restent sans réponses. La famille Cohen, de confession juive, est emmenée et personne ne les reverra. 

François va vite s’apercevoir qu’il a fait le mauvais choix. Réceptif à toute cette propagande, il a développé une véritable aversion pour les juifs, mais il ne cautionne pas du tout toute la violence et la barbarie auxquelles il est confronté au sein de la milice.

La plume d’Alain est fluide, descriptive, agréable à lire. Le rythme est tranquille, le lecteur se laisse porter et découvre une région, une atmosphère riche et immersive. Alain nous transporte directement en Auvergne dans cette période tourmentée. J’ai aimé la petite virée clermontoise à « La boule d’or » et le clin d’œil à son précédent roman.

J’ai beaucoup apprécié les détails historiques, cette immersion dans le quotidien des personnages. J’ai mieux compris cette époque, j’ai appris des choses, l’air de rien, tout en passant un très bon moment de lecture. J’ai approfondi certains éléments en allant fouiner sur le net. Ce roman résonne avec le présent et notre actualité, malheureusement, on se rend compte que les leçons du passé n’ont pas été tirées. Cette réflexion suscite l’intérêt du lecteur.

« Puis sont venus les jours sombres » est un roman que je vous conseille pour l’authenticité du récit, l’immersion à la fois historique mais aussi dans le quotidien de personnages riches et attachants.

« Avec les anciens, c’était toujours la même rengaine, aussi bien lors de parties de cartes que pendant les banquets de vétérans. Si tu n’avais pas pourri quatre ans dans les tranchées, si tu n’y avais pas laissé une partie de ta chair ou de ton esprit, tu n’étais qu’un incapable ou, encore pire, un planqué. Et la nouvelle génération, en général, se composait de bons à rien. »

Je remercie Alain et les Éditions De Borée pour cette lecture.

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Puis sont venus les jours sombres

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : Alain est un auteur que j’apprécie beaucoup. J’aime passer du temps dans ses univers avec se personnages.

Auteur connu : retrouvez mes chroniques de « La maison des âmes perdues »« La prophéties des marguerites »« Comme un souffle de vengeance »

Émotions ressenties lors de la lecture : énormément de curiosité, inquiétude, angoisse, révolte, espoir.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : le contexte historique, le quotidien de ces habitants de la campagne, la plume, les personnages, l’opposition entre les deux frères.

Si je suis une âme sensible : quelques scènes qui peuvent être difficiles, mais rien d’insurmontable.

2 réflexions sur “« Puis sont venus les jours sombres » d’Alain LEONARD

  1. Un immense merci,Sonia, pour cette magnifique chronique qui m’a beaucoup touché. Un roman qui me trottait dans la tête depuis un moment. Et que j ai écrit avec beaucoup de plaisir. Bien amicalement

    Alain

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  2. Hello Sonia 🌞 Merci pour cette découverte ✨ Et c’est toujours une victoire de savoir que la Seconde Guerre mondiale (la der des der) continue d’inspirer des œuvres de fiction ou non – fiction. Comme tu le dis si bien, pour tirer des leçons du passé et ne pas refaire les erreurs de notre histoire. En tout cas, le thème de frères jumeaux « ennemis » est intrigant et me tente bien 👍

    Aimé par 1 personne

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